Retrait polémique du protocole de Kyoto

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Par Coline Willinger

Posté le 14 décembre 2011

Ce lundi, le Canada a fait savoir son retrait du protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre dans le monde, s’affichant ainsi comme le premier pays à faire marche arrière par rapport à un traité déjà très en danger.


Le Canada joue le premier les perturbateurs

La décision du gouvernement canadien de quitter le protocole de Kyoto, annoncée ce lundi 12 décembre lors de la conférence sur le climat qui s’est tenue à Durban, en Afrique du sud, a fait grand bruit à l’étranger tout autant qu’au Canada. Les raisons avancées par le Canada entrainent la colère et la déception à l’international mais également au sein du pays même.

Entré en vigueur en 2005, ce protocole vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre des plus grands pollueurs de la planète. Ainsi, de 2008 à 2012, les 37 pays industrialisés ayant ratifié la convention ont pour objectif de réduire leurs émissions de 5,2% par rapport à 1990, tandis que le Canada devait viser les 6%.

Arrivé au pouvoir en 2006, le gouvernement conservateur de Stephen Harper a toujours montré son désaccord face au protocole de Kyoto et à sa signature qu’il considère comme une erreur. La décision d’abandon de celui-ci n’a donc rien de véritablement étonnant : “Comme nous l’avons déjà dit, Kyoto, c’est du passé pour le Canada. Nous invoquons notre droit de nous retirer officiellement de Kyoto.”

Des arguments surtout financiers

Plusieurs raisons sont avancées par le gouvernement en place pour justifier ce retrait : des objectifs trop élevés puisque le Canada ne serait à même de respecter son engagement qu’à la condition de retirer tous les véhicules à moteur des routes canadiennes selon M. Kent, ministre de l’environnement ; et des pénalités trop lourdes. Stephen Harper affirme en effet que le Canada devrait régler des pénalités de l’ordre de 14 milliards de dollars (soit 10,3 milliards d’euros) pour ne pas avoir respecté ses engagements si jamais le pays envisageait de rester au sein du protocole.

Malgré ces arguments, la décision canadienne a soulevé l’indignation et l’étonnement de la communauté internationale, Christiana Figueres, secrétaire exécutive de la convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques ne manquant pas de rappeler que, signataire ou non, le pays “a une obligation légale conformément à la convention de réduire ses émissions, et une obligation morale face à soi-même et aux générations futures d’assumer un rôle de premier plan.”

Au Canada la division qu’entraine cette volonté de retrait du protocole de Kyoto est très vive. Megan Leslie, porte-parole du Nouveau Parti démocratique chargé de l’environnement, accuse ainsi le gouvernement de se soustraire à ses obligations internationales tandis qu’Elizabeth May, dirigeante du parti vert, dénonce les arguments financiers en affirmant que le chiffre des 14 milliards de dollars de pénalité est “un grand mensonge”.

Il est vrai que la volonté du gouvernement canadien de délaisser le protocole de Kyoto a de quoi faire grincer des dents bien qu’il soit favorable au compromis initié par la plateforme de Durban. Mais cette plateforme ne constitue à ce jour qu’une “feuille de route” en vue d’une future négociation de traité d’ici à 2015, et ne permettra aucune contrainte étatique avant 2020, selon Greenpeace.