"The Murderer" de Na Hong-jin : le malaise des Joseon-jok

Culture

Par Laure Croiset

Posté le 20 juillet 2011

Deux ans après "The Chaser", le Sud-Coréen Na Hong-jin revient avec "The Murderer", un thriller diablement efficace qui met en lumière un peuple méconnu du grand public : les "Joseon-jok".


A Yanji, une ville chinoise qui appartient à la Préfecture de Yanbian, coincée entre la Corée du Nord et la Russie, vivent quelques 800 000 Sino-coréens surnommés les "Joseon-jok". Parmi eux, Gu-nam, un chauffeur de taxi, vit une existence misérable. Délaissé par sa femme partie travailler en Corée du sud ("Elles ont toutes des amants là-bas !", entendra-t-on au détour d’un dialogue), sa dette de jeu s’élève à plus de 60 000 yuans.

Quand Myun, un parrain local qu’il croise au beau milieu d’un gigantesque marché aux chiens lui propose son aide pour passer en Corée du sud retrouver sa femme et même rembourser ses dettes de jeu, il accepte la mission qui lui est confiée : assassiner un illustre inconnu et lui ramener son pouce en guise de butin. Mais évidemment, rien ne se passera comme prévu...

Une course folle commence alors depuis les rues post-apocalyptiques de Yanji, jusqu’aux paysages arides de Corée du sud, en passant par les remous menaçants de la mer jaune. Empreint d’une mélancolie sèche, son récit s’insère dans un réalisme persistant. Pointant du doigt les dérives existentielles de ses "Joseon-jok", qui vivent à 50% d’activités illégales et ne trouvent leur place nulle part, Na Hong-jin s’est imprégné de la dureté des décors et du vacarme incessant qui régnaient sur place pour teinter son récit d’une cruauté à vif.

C’est donc 2h20 d’une course-poursuite chaotique qui vous attendent. Les chiens aboient, le sang coule et Gu-nam trace son chemin, poussé par la rage et guidé par son instinct de survie, bien décidé à s’offrir une nouvelle vie. Coûte que coûte.