Le Grand Bivouac 2014 : retour sur 3 jours de voyage et de rencontres

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 19 octobre 2014

« Ailleurs commence ici ». Tel est l’adage du Grand Bivouac, maxime bien trouvée puisque dès vendredi, Albertville nous a transportés tout au bout du monde. L’Inde, l’Iran, New York, les terres polaires, Cuba… Retour sur trois jours d’un festival qui nous a inspirés et emplis de bonnes ondes.


Des films, beaucoup de films, mais aussi des expos, un salon du livre, des voyagistes exposants, des stands de cuisine bio et de spécialités montagnardes, une rencontre avec Florence Aubenas, la marraine cette année, voilà ce dont on s’est régalé pendant ce week-end prolongé.

Coup de projecteur

Parmi la programmation de films, des pépites mais des pellicules moins qualitatives aussi pour un constat final en demi-teinte : au Grand Bivouac, on peut tomber sur des productions superbes comme sur des films de vacances plus adaptés à une sphère privée. Parmi le meilleur :

- En quête de sens, de Marc de la Ménardière et Nathaël Coste : Le voyage de deux amis d’enfance partis reconsidérer notre rapport à la nature, au bonheur et au sens de la vie. Un film fort qui nous prend par la main et nous oblige à notre tour à devenir acteur d’un monde durable et solidaire en marche. Notre coup de coeur du week-end.

- Sâdhu, de Gaël Métroz : Le cheminement d’un sâdhu sur 18 mois de vie par la caméra esthétique et discrète d’un réalisateur qui filme ici les doutes d’un saint homme aux antipodes de notre culture et spiritualité. Un témoignage intense qui nous laisse à penser qu’il ne s’agit pas là du meilleur développement personnel qui soit pour l’être-humain…

- Safar, de Talheh Daryanavard : Un huis-clos qui se déroule dans un compartiment de train reliant le Nord au Sud de l’Iran en compagnie de trois jeunes femmes instruites échangeant sur les traditions et évolutions de la société iranienne. Un bon moyen de faire tomber les a priori sur un pays dont notre vision est sans arrêt noircie.

- Cumano, de Anne Étienne et Damien Sini : des portraits assemblés comme les pièces d’un patchwork qui nous révèlent une Cuba plus vraie que les sempiternelles images que l’on s’en fait à base de cigares, salsa, Che Guevara, Fidel Castro et autres vieilles bagnoles américaines. De la mère de famille et femme au foyer comblée qui ne voit pas une dictature dans la politique de son pays, au jeune rappeur en herbe pour qui la créativité est soutenue, en passant par celui que ne supporte pas que l’étranger donne des leçons de démocratie à son pays, les confidences sont recueillies sans langue de bois et tissent un portrait chaleureux et solidaire de Cuba. Une démarche fraîche portée par une jeune femme dont on a beaucoup aimé la sincérité et le discours réfléchi.

- Routes persanes, de Mélusine Mallender : Le récit courageux d’une jeune fille partie seule avec sa moto sur les routes orientales qui a notamment traversée l’Iran et les hauts plateaux du Turkmenistan pour réaliser un film témoin d’une réalité juste, sous forme d’un morceau de bravoure. On salue davantage le courage et le projet que le traitement et la technicité.

- Nous saluerons la lune, de Camille Chaumereuil : Vivre dans une famille en Azerbaïdjan, il fallait en avoir l’idée. Ca a pourtant semblé être tout naturel à Camille qui, en plus de s’en être allée sur ces routes en solo, a appris la langue des signes et l’azéri pour communiquer avec son amie Pokuza, malentendante, et le restant de sa famille. Là aussi, c’est le projet et la bravoure qui nous ont emballés.

Entre deux films et pour se remettre d’un coup de pompe, on a aimé déjeuner au soleil à La Cantine Bio, dressée par le restaurateur local Satoriz qui nous a régalés de produits frais, biologiques et aux saveurs du monde.

Week-end en famille

On a aussi flâné et papoté avec les invités, dont certains que l’on affectionne tout particulièrement : Stéphanie Ledoux, que l’on ne présente plus sur ce site, Philippe Bichon, que l’on suit de près sur les réseaux sociaux et qui nous régale lui aussi de ses carnets de voyage, Bouts du Monde et A/R Mag, Trek Mag et Grands Reportages, que l’on se plait à diffuser dès que l’occasion se présente.

On y a aussi retrouvé tous les partenaires engagés qui forment la jolie famille Babel Voyages : Allibert Trekking, Nomade Aventure, Un Monde Autrement, Amarok, l’esprit nature, Aventure Écotourisme Québec, le campement du Niombato, La Balaguère

Mais ce que l’on a aimé par dessus tout, c’est le lien social créé durant la manifestation : lien entre le public et les personnalités invitées grâce aux échanges organisés après chaque projection, lien entre spectateurs eux-mêmes qui échangent sur les émotions procurées par les films qu’ils viennent de voir, lien entre acteurs d’un monde en changement toujours en vadrouilles, et voyageurs en pensées qui ne font que rêver de contrées lointaines sans oser franchir le pas. Le Grand Bivouac, c’est une énergie belle et exemplaire qui trouve son essence dans cette dynamique humaine chaleureuse et positive.

On termine le week-end la tête dans le lointain en ayant la sensation que le monde n’est que beaux paysages et humanité pleine de bonnes intentions. Comme quoi, si les média nous véhiculaient autant de positivisme au quotidien à la place de sensationnel, notre vision du monde en serait peut-être bouleversée...