"Les Hommes libres" : Les dessous héroïques de la Grande Mosquée de Paris

Culture

Par Laure Croiset

Posté le 27 septembre 2011

Ismaël Ferroukhi. Son nom ne vous est peut-être pas familier, mais c’est à lui que l’on doit la pellicule "Le Grand Voyage". Une rencontre entre un père et son fils sur le chemin de la Mecque, un regard humaniste et poétique, que l’on retrouve dans son nouveau film épris de liberté, "Les hommes libres".


Le récit prend place dans le Paris occupé de 1942. Younes, un jeune émigré algérien vit du marché noir. Arrêté par la police française, il accepte de leur rendre service en échange de sa liberté : infiltrer la Mosquée de Paris pour observer les faits et gestes de son Recteur, Si Kaddour Ben Ghabrit, soupçonné de délivrer des faux-papiers à des juifs et des résistants.

Là-bas, il rencontrera un chanteur d’origine algérienne. Fasciné par sa voix et sa personnalité, Younes se lie d’amitié avec lui et découvrira rapidement que Salim est juif. Younes décide alors de mettre un terme à sa collaboration avec la police et c’est face à la barbarie, que le jeune homme va se révéler un héros de l’ombre, se métamorphosant en combattant de la liberté, malgré son manque d’éducation politique.

Prenant pour cadre l’architecture pittoresque de la Mosquée de Paris, c’est un pan bien méconnu de l’histoire qu’Ismaël Ferroukhi met en lumière dans ce récit captivant et étrangement lumineux : les résistants musulmans de la Seconde Guerre Mondiale. Mais c’est en s’attachant davantage à l’humain qu’à la reconstitution froide des faits que le film prend tout son sens. Basé sur un scénario solide, qui s’appuie sur le travail des célèbres historiens Benjamin Stora et Pascal Le Pautremat, le cinéaste apprivoise la personnalité complexe de cet ouvrier immigré, tour à tour lâche et héroïque, porté par le jeu délicat et sensible de Tahar Rahim.