“Apocalypses, la disparition des villes, de Dresde à Détroit, 1944 à 2010” au Pavillon Populaire de Montpellier

Culture

Par Coline Willinger

Posté le 12 décembre 2011

Une expo photos sur les villes dévastées par les guerres qui nous rappelle que nos cités, aussi modernes soient elles, sont avant toute chose mortelles.


Villes détruites lors de la Seconde Guerre Mondiale, cités fantômes, monuments centenaires réduits à l’état de poussière, l’apocalypse peut sévir dans n’importe laquelle de nos villes. Si l’homme est à l’origine des splendeurs de chaque grande ville, il est aussi la cause de bien des ruines. Bombes, flammes, affrontements, les villes blessées sont des témoins vivants de notre histoire et un sujet esthétique indiscutable pour la photographie.

“De la destruction comme élément de l’histoire naturelle”, W.G Sebald

Entrainé tout d’abord au cœur des décombres de la Seconde Guerre Mondiale, le visiteur découvre les vestiges de villes fastueuses, autrefois lieux de vie et de convivialité.

C’est l’Allemagne qui attire l’œil au début de la déambulation. Ses grandes villes constituent en effet des témoins de choix pour tous les “photographes des décombres”. Richard Peter nous fait ainsi découvrir Dresde, la Florence de l’Elbe, totalement détruite par les bombardements, tandis que Karl-Hugo Schmölz nous plonge dans la ville de Cologne bombardée 262 fois pendant la guerre. Le noir et blanc accentue la vision apocalyptique de ce pays dans lequel il fallait “terroriser la partie la plus sensible de la population” pour gagner la guerre, selon l’Air Marshall Arthur Hans.

Mais l’Allemagne n’est pas la seule à avoir souffert de la folie meurtrière des hommes et d’autres villes sont mises à l’honneur : Varsovie, Hiroshima et Beyrouth sont autant de villes dont le nom renvoie aujourd’hui encore à la violence et à la désolation.

Gabriele Basilico a ainsi pris le parti de montrer Beyrouth “atteinte d’une maladie de la peau” au travers de ses ruines, tandis que l’on retrouve dans les clichés pris de Varsovie la volonté nazie d’effacer toutes traces de la culture polonaise et de “raser la ville jusqu’au sol”. Quant à Hiromi Tsuchida, c’est au travers d’objets personnels ayant appartenu aux victimes qu’il a choisi de montrer Hiroshima.

La ville, “un univers inquiétant où l’homme a disparu et ou le temps est étrangement suspendu”, Simon et Lucie

Au fil de l’exposition, on délaisse peu à peu le passé pour entrer dans le présent et entrevoir l’avenir. On observe alors la ville dans toute sa splendeur : immense, impressionnante et imposante, mais bien souvent dénuée de toute humanité. Detroit, ancienne capitale de l’industrie automobile, devenue ville fantôme du fait de la décentralisation, est ainsi immortalisée désertée, par Yves Marchand et Romain Meffre, tandis que Mu Chen et Shao Yinong nous emmènent à la découverte d’un élégant faubourg de Canton, en Chine, lui aussi dépeuplé.

C’est enfin la solitude de l’individu qui est explorée au travers de la série Silent World de Lucie et Simon qui dévoile d’immenses avenues et boulevards où semblent s’être perdus des personnages solitaires.

Une exposition sombre qui regroupe une vingtaine d’exposants et 145 œuvres au total pour un regard aigu sur notre environnement quotidien qui ne peut laisser personne indifférent. Ca vaut le coup d’œil d’autant que l’exposition est gratuite et commence au grand air... dans la coquette ville de Montpellier.

Apocalypses, la disparition des villes, de Dresde à Detroit, 1944 à 201
Pavillon Populaire
Esplanade Charles-de-Gaulle
34000 Montpellier
Tél. 04 67 66 13 46
Ouvert du mardi au dimanche inclus, de 11h00 à 13h00 et de 14h00 à 19h00.