"Donne-moi des ailes", de Nicolas Vanier : Les contes de mon Père L'Oie

Interview voyage

Par Laetitia Santos

Posté le 25 octobre 2018

Vendredi 19 octobre dernier, Babel Voyages était présent une journée entière sur le tournage de "Donne-moi des Ailes", la toute dernière réalisation de Nicolas Vanier qui sortira sur les écrans d’ici un an, avec Mélanie Doutey et Jean-Paul Rouve dans les rôles-titres. En pleine campagne au fin fond de l’Oise, on a pu marcher au pas de l’oie avec Nicolas et son équipe, échanger quelques mots avec lui et Louis Vazquez, le jeune héros bientôt révélé. Récit d’une journée sous le signe de l’écologie.


Inspiré de la vie de Christian Moullec, ornithologue pionnier du vol en ULM avec des oiseaux qu’il a démarré en 1995 à bord d’un delta plane motorisé, l’homme mène des actions de sensibilisation en faveur des oiseaux migrateurs. Il se fait lui-même oiseau pour accompagner les migrateurs dans leur long voyage sous de clémentes latitudes. Si Christian Moullec a fait l’objet de nombreux reportages télé, c’est grâce à l’aventurier et réalisateur Nicolas Vanier que sa vie va être retranscrite sur grand écran dans un film qui sortira à l’automne 2019, "Donne-moi des Ailes".

Tourné entre Camargue, Norvège et Hauts-de-France, Babel Voyages a profité de plans filmés non loin de son territoire pour aller rencontrer Nicolas Vanier, Mélanie Doutey, Jean-Paul Rouve, et Louis Vazquez, la jeune révélation de ce long. On a même pu échanger quelques mots avec lui ainsi qu’avec l’aventurier mythique.

Papote au beau milieu des herbes, des oies, du vent...

Louis Vazquez, l’oie blanche révélée par Nicolas Vanier

Louis, peux-tu nous parler en quelques mots de ton personnage dans le film ?

"Mon personnage s’appelle Thomas. C’est un adolescent qui va vivre une aventure avec des oies en volant avec elles et un ULM."

Tourner sous la direction de Nicolas Vanier, c’est comment ?

"C’est très sympa, c’est un amusement ! Nicolas il est drôle, et vraiment gentil. C’est une grande chance pour moi. Avant, j’avais juste entendu parler de Belle & Sébastien mais je ne connaissais pas ses films, je n’ai 14 ans. Mais j’en ai vu quelques-uns avant le tournage."

Où as-tu voyagé pour les besoins du film et quel est l’endroit qui t’a particulièrement marqué ?

"Une bonne partie du tournage s’est faite en Camargue, une autre grosse partie en Norvège, où chaque semaine nous changions de lieu. Et là quelques semaines en Hauts de France et à Paris… J’ai adoré la Norvège. Nous y vivions tous ensemble, telle une famille, c’était vraiment exceptionnel. On y a tourné le plus gros de l’aventure du film, qui est le voyage à travers les fjords…"

Es-tu un enfant de la campagne ?

"Non pas du tout, je vis en ville. Alors avec le voyage en Norvège, ça me changeait complètement. On a dormi sous tente la troisième semaine, c’était très rustique ! Mais c’était cool de camper au milieu de nulle part dans la nature."

Quel est le message du film selon toi ?

"Protéger l’environnement. C’est quelque chose qui est très important pour Nicolas. À travers tous ces films, il y a ce message qui revient..."

Et du haut de ton jeune âge, que penses-tu du réchauffement climatique et de la nécessité de protéger l’environnement ? Te sens-tu concerné ?

"Lorsque l’on est en Norvège et que l’on voit qu’il peut faire 34° alors que l’on est au Nord, dans le cercle Arctique, c’est sur que ça fait réfléchir. Le réchauffement climatique me fait peur, je me demande comment sera l’avenir… Si chaque citoyen pouvait essayer de prendre le vélo au lieu de la voiture, ce genre de petits gestes, ça ne pourrait qu’être mieux. Et pour moi tourner dans ce film, c’est une forme d’engagement, c’est ma part à moi…"

Nicolas Vanier, ce drôle d’oiseau engagé

Nicolas, pourquoi un film sur Christian Moullec et ses oies ?

"Sauver des oies, leur apprendre à voler, c’est touchant. L’idée qu’un Homme, en 2018, accompagne des oies pour les sauver en quelque sorte, je trouve que c’est un message absolument magnifique à une époque où l’on dit que l’Homme détruit la nature. Là c’est l’Homme qui aide la nature à se reconstituer, il a un rôle de réparateur et je trouve ça très joli. Nous sommes arrivés à une époque où on ne changera plus la donne à moins d’enlever les humains de la planète, et les animaux, qu’on le veuille ou non, vont devoir s’adapter à l’Homme. Et soit ils disparaissent, soit ils s’adaptent. Que l’Homme les aide à s’adapter est quelque chose de magnifique. C’est donc un message assez optimiste que l’on peut envoyer par rapport à toutes ces espèces qui disparaissent et une histoire très inspirante. *Et je trouve aussi très jolie l’histoire de transmission entre un père et son fils qui sont aussi des choses qui ont tendance à se perdre**."*

Comment s’est passé le tournage ?

Ça a été le film le plus difficile comparativement à tous les films que j’ai pu faire ! Même le film Loups à -55 ° en Sibérie était plus simple que celui-là ! Parce que cette fois il y avait énormément de contraintes liées aux animaux, à la nature, à l’enfant, aux vents, aux différents paysages… Et au-delà de ça, des contraintes techniques qui s’ajoutaient et qui étaient énormes à savoir filmer en vol des oies, un ULM, un gamin… On s’est retrouvé parfois dans des entonnoirs de difficultés ! Mais on a traversé tout ça et on arrive au bout ! Et normalement le résultat ne devrait pas être trop mal ! (rires)"

Sur ce tournage, vous avez fait très attention à l’écologie, à ce que l’équipe consomme bio, local, à produire le moins de déchets possible...

"Il faut être cohérent, ce qui n’est pas toujours facile sur un film mais on a essayé de l’être en effet. Et au-delà de ça, on va construire quelque chose autour du film avec le Ministère de l’Education Nationale qui vise à partager au mieux ces valeurs que le film défend. Ainsi qu’avec la LPO, le Conservatoire du Littoral, le Museum d’Histoire Naturelle… On va se servir du film pour parler à cette génération qui se trouve à l’école. Il y a 350 millions d’oiseaux qui ont disparu du ciel européen en 20 ans. Donc on peut imaginer que dans 20 ans il n’y aura plus d’oiseaux qui vont gazouiller au printemps. Est-ce que c’est quelque chose dont on a envie ? Pas forcément ! Que faut-il faire alors pour éviter ça ? Il faut peut-être par exemple que sous nos pieds, il y ait un peu moins de glyphosate, et là au moment où je vous parle, il y en a ! Parce que ça, ça tue des insectes et quand on tue des insectes on tue des oiseaux..."