Julien Peron, entrepreneur du bonheur

Interview voyage

Par Laetitia Santos

Posté le 10 mai 2018

Julien Peron, c’est un entrepreneur, un vrai, celui qui a mille idées à la seconde et conjugue passion au pluriel pour une seule vie bien remplie. Son dernier sujet en date, le bonheur, rien de moins, qu’il questionne le temps d’un film pour lequel il s’est fait réalisateur, « C’est quoi le bonheur pour vous ? »


La question, il l’a posée à plus de 1500 personnes à travers le monde. À notre tour de la lui soumettre tout en profitant du moment pour en découvrir un peu plus sur lui le temps d’une interview téléphonique

Pourriez-vous commencer, Julien, en nous résumant votre parcours et ce qui vous a amené à être "un entrepreneur du bonheur" ?

"J’ai créé mon entreprise à l’âge de 23 ans à Paris. J’étais dans une chambre de bonne de 10 m² au 6ème étage sans ascenseur et je n’avais pas un sou en poche. Par contre, j’étais extrêmement motivé et un de mes objectifs était de mettre en avant ma façon de voyager. Je voyage depuis l’âge de 10 ans, mon premier grand voyage ça a été aux États-Unis pendant un mois le temps d’un programme scolaire et c’est ce premier voyage à Milwaukee qui m’a transformé, ouvert les yeux sur beaucoup de choses, et donné envie de découvrir le monde. J’étais un enfant dyslexique et dysorthographique donc plutôt mis de côté car le système scolaire n’avait pas les outils pour m’accompagner. Au retour de ce voyage, j’ai voulu avoir mes propres réponses de la vie et j’ai pensé que ce serait les voyages qui allaient me former. Mes parents ont été souples et m’ont laissé partir seul sac au dos vers l’âge de 14-15 ans. Ça c’est pour mes débuts un peu atypiques... Et puis j’ai découvert le monde de l’entreprise et j’ai créé un réseau dans le tourisme à l’âge de 23 ans, Néorizons Travel*, qui avait la particularité à l’époque de mettre en connexion un voyageur avec une agence.*"

En plus du voyage, vous êtes un adepte du développement personnel...

"Je suis issu des arts énergétiques : j’ai fait 14 ans de kung-fu, et été champion de France et d’Ile-de-France en 99. Ma mère, elle, était passionnée d’astrologie et de cartomancie. Tout ça m’a ouvert le champ du développement personnel et des médecines alternatives. En 2007, j’ai créé l’agence de communication Néo-bienetre, un esprit sain dans un corps sain*****, dédiée aux médecines douces, au développement personnel et plus précisément aux thérapeutes. On accompagne les thérapeutes et professionnels du bien-être pour développer leurs activités. Ça va faire 15 ans maintenant. La particularité des dyslexiques, c’est que nous sommes obligés de créer des ponts, on utilise notre cerveau de manière un peu différente des autres pour arriver à une solution, et on est obligé de faire preuve de créativité, ce qui fait que je créé pas mal de ponts entre mes projets. Chemin faisant, il y a 4 ans, j’ai créé le premier Festival pour l’école de la vie, dédié au monde de l’éducation alternative où on attend 15 000 personnes à Montpellier pour la 4ème édition cette année. En parallèle, on a créé un congrès tous les mois de mars,* Innovations en éducation*, qui me tient à cœur car j’ai le sentiment que ça évolue assez lentement au sein de l’éducation dite traditionnelle.*"

Et comment avez-vous lié le bonheur à toutes ces activités ?

"Quand je suis en déplacement, je dors toujours chez l’habitant. Et c’est comme ça que le documentaire « C’est quoi le bonheur pour vous ? » est parti. Je me suis retrouvé une journée dans la ville de Québec, en plein mois de décembre par - 36 °, chez une jeune fille. On ne pouvait pas sortir à cause d’une tempête de neige et du coup on a refait le monde toute la journée. Jusqu’à ce que l’on en vienne à parler du bonheur. Spontanément, j’ai proposé de la filmer et en regardant la vidéo le soir, j’ai trouvé ça génial. Et je me suis laissé prendre au jeu : petit à petit j’ai demandé aux gens que je rencontrais de me donner leur définition du bonheur et je partageais les vidéos sur YouTube. Jusqu’à ce que j’organise un séjour de Nantes à Biarritz en vélo, en demandant à des internautes de venir avec moi à la condition de m’aider à interviewer des gens sur le parcours. On a vécu une aventure humaine magique, portée par le bonheur et on est revenu avec 350 interviews de la population. De là, j’ai eu besoin de passer à un autre palier, de rencontrer des écrivains qui se sont penchés sur la question du bonheur, des philosophes, des scientifiques, des maîtres spirituels… Ça a duré 4 ans. C’était dans la continuité de ce que je faisais, semer des graines, inspirer les gens… Ça m’a donné encore plus d’énergie pour continuer et j’ai l’impression que c’est sans fin, il y a des centaines de milliers de personnes qui sont plus intéressantes les unes que les autres alors ça ne s’arrête jamais ! "

Et avec les 300 heures de rush que vous avez obtenu, vous avez finalement choisi de faire un film et de rajouter la corde de la réalisation à votre arc !

"Je me suis dit qu’un nouveau challenge, ça tombait bien, j’aime sortir de ma zone de confort !"

Quel lien faîtes-vous entre voyage et bonheur ?

"Pour moi, à la condition de partir seul, le voyage est le meilleur outil de développement personnel. Parce que l’on est connecté avec soi et l’environnement. Se retrouver seul avec soi-même, c’est parfait pour faire le point, se comprendre, se découvrir. Ça m’arrive encore de voyager seul et très souvent je découvre encore des facettes de moi, soit que j’avais mis de côté, soit que je ne soupçonnais pas. Le voyage, c’est vraiment l’école de la vie. Et c’est aussi un excellent moyen pour rencontrer du monde. L’être humain est fait pour créer du lien avec son entourage et ne pas rester seul. Même si parfois ça peut être agréable d’être dans l’observation. Je pense au Japon par exemple où je suis parti un mois : quasiment 90% des Japonais ne parlent pas anglais. La découverte était donc différente..."

Pour vous, qu’est-ce que voyager de façon responsable et engagée ?

"C’est un voyage intuitif, au fil des rencontres, des découvertes… Je trouve que le mieux est de comprendre le pays dans lequel on se trouve et donc d’être dans l’adaptation. Ma façon de voyager, c’est souvent seul avec mon sac à dos, je ne réserve rien en amont et une fois sur place, je me laisse porter..."

Vous avez fait tant de rencontres au fil de votre parcours... Pouvez-vous nous parler de celles qui ont été les plus marquantes, les plus inspirantes ?

"Celui qui m’a vraiment marqué, c’est Alexandre Jollien, il est étonnant. Il est d’une intelligence redoutable, ses sprises de point de vue sont très développées. Il y a un contraste entre son aspect physique, sa façon de s’exprimer due à son handicap, et ses réflexions autour du bonheur et de la vie. Il est installé à Séoul avec ses enfants. Il fait partie de ces personnes qui nous font beaucoup relativiser. J’ai beaucoup aimé aussi les rencontres avec ces aventuriers qui n’ont plus de membres, qui ont eu des accidents, mais qui continuent à vivre des aventures au bout du monde. J’ai beaucoup de respect pour eux et à mes yeux ce sont des personnes ultra-inspirantes. Quand on voit toutes ces personnes qui se plaignent au quotidien pour des petites bêtises alors que Philippe Croizon, lui, n’a plus de bras et plus de jambes mais qu’il arrive à traverser l’Atlantique, le Pôle Nord, à relier tous les continents… Il prouve qu’on se fixe nos propres barrières. Il y a aussi Franck Bruno, qui s’est fait arracher la jambe sur un porte-avion à l’âge de 18 ans. Et lui aussi a relié le Pôle Nord seul en tractant son chariot qui faisait 30 ou 40 kilos. Il y a aussi Thierry Corbalon, l’homme-dauphin, il n’a plus de bras mais fait le tour de la Corse en nageant... Ce qui est très intéressant, c’est que tous ont dit que s’ils n’avaient pas eu d’accident, ils ne seraient pas les hommes qu’ils sont aujourd’hui. Est-ce que pour autant il faut attendre de perdre quelqu’un ou d’avoir un accident pour se dépasser et réaliser nos rêves ?..."

AGENDA : "C’est quoi le bonheur pour vous ?", de Julien Peron, à voir le samedi 16 juin 2018 à 14h30 au cinéma Utopia de Pontoise.