Zoom sur les carnettistes de voyage du No Mad Festival 2019

Interview voyage

Par Laetitia Santos

Posté le 27 mai 2019

Les carnettistes de voyage croquent le monde à pleines dents ! Partout où ils vont, leurs crayons ne les quittent jamais. Les paysages les inspirent autant que les visages, les couleurs autant que les saveurs... Ils dessinent, peignent, découpent, collent, accumulent, collectionnent... Le tout pour composer un superbe carnet qui témoignera aussi bien de leur voyage que de leur personnalité. On vous propose cette année d’aller à la rencontre de cinq d’entre eux que le No Mad n’a encore jamais exposé...


Ils s’appellent Valérie Aboulker, Marielle Durand, Nicolas Roux, Laura Ruccolo ou encore Alix Thiébault. Tous sont artistes et créent plus particulièrement de fabuleux carnets de voyage.

Cinq carnettistes, sept amorces de questions pour entamer le dialogue avec eux et pénétrer un peu plus dans les univers de chacun...

Tout ça bien sur, avant de faire leur rencontre en chair et en os les 15 et 16 juin prochains durant la 5e édition du No Mad Festival 2019 !

LA PROGRAMMATION COMPLÈTE À CONSULTER EN LIGNE SUR WWW.NO-MAD-FESTIVAL.COM

Nicolas Roux, le carnettiste - architecte

Si Nicolas Roux est architecte à ses heures de bureau, il devient un véritable artiste dès son temps libre.

Dessin, photographie, arts graphiques, carnets de voyage, voilà un homme complet ! Ça s'en ressent forcément dans ses carnets où il mixe du crayon, des clichés, des souvenirs à coller… Tout comme de l'aquarelle, de la calligraphie, des bâtiments, des paysages, des navires à voiles… Shanghaï l'a marqué, l'Égypte aussi, mais ce n'est rien comparé à sa croisière au beau milieu d'un champs d'icebergs lorsqu'il s'est enfoncé jusqu'aux terres polaires du Groenland...

Quelle est votre particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui vous démarque des autres ?

« Ma particularité est de travailler en TECHNIQUE MIXTE, c'est-à-dire que je mélange toutes les techniques : aquarelle, encre, collages, peinture sur photos etc… J'utilise tout ce que je trouve sur place pendant mes voyages, journaux, billets, affiches, tickets, photos, ce qui me permet, d'une destination à l'autre, de faire sans cesse évoluer mes carnets de voyages. »

Le dessin en voyage, pour vous c'est…

« PRENDRE LE TEMPS de dessiner tout d'abord, donc prendre le temps de s'arrêter, s'installer sur un lieu, l'observer et pouvoir s'en imprégner. À la différence de la photographie, le dessin oblige à se poser pour mieux saisir le moment, le lieu… Et alors c'est le temps qui s'arrête ! »

La destination qui vous inspire tout particulièrement et pourquoi ?

« LES PAYS DU NORD sont devenus pour moi depuis plusieurs années une destination privilégiée. Loin des grandes métropoles, j'ai découvert la beauté des grands espaces de l'Islande, des îles Lofoten ou du Groenland. La magie des latitudes arctiques a opéré et mon plus beau voyage restera ma croisière au Groenland en baie de Disko, "sur la route des icebergs". »

Quelques mots sur votre façon de voyager...

« Je n'ai pas de règle, mais l'idéal pour moi est de voyager seul ou en petit groupe car le carnet de voyage demande du temps, le temps de se poser pour découvrir ce qu'on ne voit pas au premier abord. Et puis j'aime "L'ERRANCE" comme le décrit si bien Raymond Depardon dans son livre, le fait de partir au hasard dans une ville, un quartier, et de se laisser guider sans but pour y découvrir l'inattendu ! »

De quoi vous remplissent vos voyages en tant qu'être-humain ?

« Les voyages, c'est tout d'abord DÉCOUVRIR DE NOUVELLES CULTURES, d'autres modes de vie et bien sur d'autres paysages. La première chose que je fais dès mon arrivée dans un nouveau pays, c'est acheter le journal local. Même si je ne le comprends pas, j'adore m'y plonger pour découvrir cette nouvelle langue avec son écriture, sa calligraphie… c'est un vrai plaisir ! »

Pour vous, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décririez-vous et quel en est son intérêt à vos yeux ?

« C'est tout d'abord, en opposition au tourisme de masse, favoriser le voyage en petit groupe, voire seul, afin de LIMITER AU MAXIMUM L'IMPACT SUR LES POPULATIONS LOCALES. Loin des grands hôtels et circuits touristiques superficiels, le voyage responsable c'est se fondre dans la culture locale pour y découvrir ses vraies richesses et participer ainsi au développement de l'économie locale. Le drame de la démocratisation et de la mondialisation du tourisme, c'est d'avoir transformé des villes en musées à ciel ouvert rongés par les boutiques à souvenirs pour finalement y perdre leurs racines… Plus que l'impact environnemental, l'impact socio-culturel est souvent désastreux ! Je suis allé à Venise et à Santorin : quel drame pour ces sites exceptionnels qui ont tout perdu : leurs traditions, leur culture, leur identité et même leurs habitants… »

Champs libre...

« LE VOYAGE, CE N'EST PAS FORCÉMENT LES GRANDES DESTINATIONS. C'est aussi voyager dans son jardin, son village et sa région ! Et c'est aussi venir découvrir les berges de l'Oise que je ne connais pas ! »

Valérie Aboulker, la carnettiste des intérieurs

Elle a étudié aux Arts-Déco, travaillé dans la mode, puis s'est consacrée à la peinture. Ses voyages l'ont toujours beaucoup inspirée, tant et si bien qu'elle en a fait des carnets. Elle croque l'essentiel sur l'instant, collecte ce qui fera le sel de ses toiles qu'elle sublime au retour, dans son atelier parisien. La particularité de Valérie dans le monde des carnettistes ? En plus d'un rire contagieux, ce sont ses intérieurs de maisons que l'on adore et dont elle a fait un livre, Intramuros. Elle dessine et met en couleurs l'âme des lieux, qu'il s'agisse d'un atelier d'artiste, d'un loft sur la 5e avenue, d'une maison dans un kibboutz ou d'une cuisine vietnamienne dans une maison Hmong…

Quelle est ta particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui te démarque des autres ?

« Je travaille D'APRÈS UN THÈME qui m'emmène vers ma destination, et non l'inverse. Je voyage depuis 40 ans maintenant, alors je ne cherche plus la nouveauté à tout prix mais surtout la rencontre et approfondir les liens et les lieux. »

Le dessin en voyage, pour toi c'est…

« Mon carnet est un des moyens que j'utilise pour ramener DE QUOI TRAVAILLER EN REVENANT À L'ATELIER pour faire mes grands formats, huiles, broderies, qui me sont inspirés par les lieux que je visite. Je collecte aussi différentes choses, je prends des photos, je dessine. En revenant, je fais des collages qui sont la base de mon travail à l'huile. »

La destination qui t'inspire tout particulièrement et pourquoi ?

« LA PROCHAINE, celle qui va m'aider à construire mon prochain projet, celle qui va m'obliger à améliorer ma pratique, à progresser. »

Quelques mots sur ta façon de voyager...

« *Ça fait un moment que je voyage mais aujourd'hui, plus comme il y a 30 ans, bien sûr ! Le plus librement possible en tout cas, **AVEC LE PLUS DE TEMPS POSSIBLE ET LE MOINS DE CHOSES À VOIR.** J'aime me poser, observer, réfléchir, apprécier.** *»
### **De quoi te remplissent tes voyages en tant qu'être humain ?** « ***D'IDÉES**, de rencontres. Cela m'aide à connaitre les autres, à **M'OUVRIR AUX AUTRES**. Aussi à **RENCONTRER LA NATURE**, sa force. À Paris, c'est assez difficile… ! À assouvir ma curiosité naturelle.* »

Pour toi, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décrirais-tu et quel en est son intérêt à tes yeux ?

« Tout d'abord, PRENDRE MOINS L'AVION mais pour ça je ne suis pas une bonne élève ! Et ne pas chercher à violer le territoire des gens qui n'en n'ont pas envie, sous prétexte d'aller là où personne ne va. Respecter le territoire, les personnes que l'on rencontre. S'il y a un mot à retenir : RESPECT. Ne pas tout photographier, tout filmer, tout dessiner. Parfois, le souvenir d'un beau moment en voyage c'est bien aussi, on ne peut pas tout ramener avec soi. La joie d'une rencontre sans arrière pensée !

Champs libre...

Il y a la possibilité de rencontrer des personnes qui font des voyages différents des nôtres, et ceux là juste en bas de chez nous. Nous voyageons pour le plaisir, mais NE JAMAIS OUBLIER QUE POUR D'AUTRES, CE N'EST PAS TOUJOURS UN CHOIX ! Ce voyage là vaut le détour : aller à la rencontre des associations qui s'occupent de ces personnes, c'est une forme de voyage qui m'a beaucoup appris ces derniers mois. J'ai constaté qu'il y a des voyages qui forment la jeunesse et d'autres qui s'attellent à vous l'arracher... »

![](https://www.babel-voyages.com/data/photos/source/valerie_aboulker_la_carnettiste_des_interieurs_inv.jpg)

Marielle Durand, la carnettiste toute bleue !

Elle est graphiste, enseignante mais avant toute chose, artiste ! De Sarajevo à New York en passant par la Martinique, la Réunion, le Vietnam ou le désert algérien, la jeune femme, ambidextre après une blessure à la main droite, croque tout et tout le monde de son trait fin !

"Ce que j'aime dans le carnet de voyage, c'est le rapport avec les gens, l'immédiateté, l'instantanéité."

La couleur favorite de Dame Marielle ? Le bleu ! Comme son carnet bleu de Berlin, ou encore celui bleu d'Auvergne ! Il y avait le bleu Majorelle… voilà le bleu Marielle !

Quelle est votre particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui vous démarque des autres ?

« *J'ai démarré les carnets avec mes études de dessin à Penninghen, il y a 22 ans. Il s'agissait alors surtout de carnet d'exercice. Je n'ai cessé d'en faire depuis. Mais je n'ai commencé à les montrer qu'à partir de 2016. Et aujourd'hui, certaines pages sont de vraies œuvres au sens où je n'en reste pas qu'au stade de l'esquisse. Le temps et la précision que je peux accorder à un sujet ne dépend d'ailleurs pas de la taille du carnet. Elle sera la même dans un tout petit format comme sur un très grand.* *Je cherche à capter un moment, une lumière, ce qui m'amène à m'engager très fort physiquement et à dessiner beaucoup debout. Un dessin n'est jamais repris une fois partie de mon poste d'observation. Je change aussi de carnet et de technique au gré des voyages et des expérimentations graphiques. Cela n'est pas très reposant mais je me force à aller chercher ce que je ne connais pas, à remettre régulièrement en question ma zone de confort.* »
### **Le dessin en voyage, pour vous c'est…**
![](https://www.babel-voyages.com/data/photos/source/marielle_durand_la_carnettiste_toute_bleue_invitee-4.jpg)« *Une **RESPIRATION**, un compagnon de route, une **MÉMOIRE** pour les années à venir, une planche de salut même parfois : je m'y suis accrochée comme à un radeau lors d'un terrible voyage en train de 14 heures au Vietnam !* »
### **La destination qui vous inspire tout particulièrement et pourquoi ?**
« *Mon **ENVIRONNEMENT QUOTIDIEN** direct. Le **JAPON**. La quantité de signes et d'images dans des espaces réduits, la confrontation d'un raffinement passé et d'une modernité kitsch. **BERLIN**, la ville démolie et reconstruite sans réelle unité mais avec une dynamique très inspirante pour tous. L'**ISLANDE**, (à l'inverse du Japon) pour ses étendues vides et ses contrastes colorés.* »
### **Quelques mots sur votre façon de voyager…**
« *Je voyage le plus volontiers à l'**INTUITION** Si c'est possible, la préparation n'est là que quand elle est absolument nécessaire (horaires de transports par ex.). J'essaie de me prévoir des plages de « vide » pour laisser les hasards se prolonger. Plus mon sac est léger, mieux je me porte, malgré le matériel qui est souvent difficile à réduire.* »
### **De quoi vous remplissent vos voyages en tant qu'être-humain ?**
« *D'une **CONNAISSANCE DES AUTRES AUTANT QUE DE MOI-MÊME**. De la beauté de la nature et du rappel de la **FRAGILITÉ DES CHOSES**. De rencontres qui marquent, jalonnent et m'accompagnent tout la vie.* »
### **Pour vous, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décririez-vous et quel en est son intérêt à vos yeux ?**
« *Un voyage où l'on pense à l'impact qu'il a sur les autres et la planète. En minimisant les moyens de transport trop gourmands en énergie et en maximisant l'économie locale. Où l'**ON DONNE COMME ON REÇOIT**, où les échanges se font avec respect et dans un temps qui n'est pas celui d'un "consommateur". Je ne « fais » pas un pays, je tente seulement d'en appréhender quelques facettes. Dans l'idéal, celui qui voyage doit autant apporter à l'autre dont il vient fouler le lieu.* »
### **Champs libre…**
« *Dans mon travail comme dans ma vie personnelle, je cherche à comprendre le monde à travers le dessin. **DÉNICHER LA LUMIÈRE ET LA BEAUTÉ** là où l'on voudrait ne voir parfois que des choses banales, laides ou pas assez dans l'air du temps.* »
![](https://www.babel-voyages.com/data/photos/source/marielle_durand_la_carnettiste_toute_bleue_invitee-3.jpg)

Laura Ruccolo, la carnettiste-paysagiste

Française d'origine italienne, Laura Ruccolo n'est pas qu'une voyageuse… Elle est aussi une **paysagiste ultra-sensible** qui vit actuellement outre-Rhin. Elle mêle ainsi ses envies de liberté à des croquis dont la plupart sont emplis de **nature** et de **verdure** !
« *Le dessin permet d'analyser et d'interpréter un lieu puis d'exprimer ses idées. C'est aussi un mode de communication qui donne lieu à de beaux échanges au-delà des différences linguistiques et culturelles.* »
Après avoir traîné ses carnets en **Amérique du Sud**, en **Europe**, et fait un crochet en **Asie**, voilà qu'elle débarque à Pontoise !

Quelle est votre particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui vous démarque des autres ?

« En tant qu'architecte paysagiste, j'ai une approche à la fois ARTISTIQUE ET ANALYTIQUE. »

Le dessin en voyage, pour vous c'est…

« UNE MANIÈRE DE RENCONTRER des gens, d'échanger et de prendre le temps de regarder et de s'imprégner des lieux que l'on découvre. »

La destination qui vous inspire tout particulièrement et pourquoi ?

« J'aime les LIEUX COLORÉS et les contrastes entre architecture et nature. On peut en trouver partout ! »

Quelques mots sur votre façon de voyager...

« Se laisser surprendre, ne pas trop planifier pour RESTER OUVERT AUX IMPRÉVUS. Essayer aussi de CRÉER DES LIENS avec les habitants, le dessin aide beaucoup à ça : on est autant observateur qu'observé, ce qui équilibre les rapports. On peut aussi apporter quelque chose, comme faire voir un paysage différemment à des personnes qui le connaissent pourtant. »

De quoi vous remplissent vos voyages en tant qu'être humain ?

« D'HUMILITÉ, face à la force et à la générosité de personnes qui vivent le plus souvent dans des conditions moins aisées que moi. C'est aussi une grande source de SAVOIR, une manière de combler une quête de découverte et un apprentissage de la connaissance de soi et de l'autre. »

Pour vous, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décririez-vous et quel en est son intérêt à vos yeux ?

« Être conscient de notre impact sur notre environnent, se débarrasser du souci du confort matériel et RÉAPPRENDRE À VIVRE AVEC L'ESSENTIEL. L'intérêt est qu'on se rend compte qu'on n'a pas forcément besoin de beaucoup de choses, en voyage comme dans notre quotidien. »

Champs libre…

« On change assez facilement son mode de vie pendant un voyage. On peut voyager avec le minimum vital et se rendre compte de la valeur des plaisirs simples. Le plus difficile est de retrouver un équilibre au retour : comment ne pas se laisser dépasser par le rythme de vie effréné et les besoins artificiels. Voyager est aussi une de mes sources d'inspiration POUR CHANGER MA MANIÈRE DE VIVRE de manière générale, progressivement, de façon plus responsable. »

Alix Thiébault, la carnettiste - scientifique

Alix est originaire de Toulon, dans le Var. Passionnée par le dessin et les sciences, elle parvient à concilier les deux dans son parcours : après avoir obtenu le diplôme de l'école de dessin Emile Cohl, à Lyon, elle monte à Paris pour se spécialiser en illustration scientifique à l'école Estienne. Elle se forme au terrain en dessinant sur des fouilles paléontologiques et des expéditions scientifiques.

Son premier voyage à Madagascar sera un coup de cœur, et elle y retournera plusieurs fois. Sensible à la biodiversité de ce pays, elle s'investit dans l'éducation à l'environnement en concevant des outils pédagogiques.

Quelle est votre particularité en tant que carnettiste de voyage ? Qu'est-ce qui vous démarque des autres ?

« Je suis ILLUSTRATRICE SCIENTIFIQUE de formation. Cela concilie mes deux passions, le dessin et les sciences, et en particulier les sciences du vivant. Sur le terrain, c'est ma sensibilité à la nature qui oriente mon regard et mon crayon. J'essaie de lui rendre hommage en retranscrivant fidèlement ses couleurs et ses formes. Par la suite, j'utilise autant que possible le dessin pour sensibiliser à la protection de l'environnement, en concevant des outils pédagogiques. »

Le dessin en voyage, pour vous c'est...

« GRAVER UN INSTANT dans ma mémoire. Lorsque je dessine, je suis concentrée sur mon sujet, et tous mes sens sont en éveil : je m'imprègne des sons, des odeurs, de l'ambiance... Lorsque je revois le dessin, tout me revient en mémoire, beaucoup plus intensément qu'avec une photo. C'est ce que j'aimerais provoquer chez les gens avec mes dessins : les plonger dans une atmosphère, leur raconter une histoire, éveiller chez eux des émotions. »

La destination qui vous inspire tout particulièrement et pourquoi ?

« Je n'ai pas visité beaucoup de pays dans ma petite carrière, mais si il y en a bien un qui m'a marqué, c'est MADAGASCAR. Je ne me l'explique pas particulièrement, c'est un tout, un ensemble qui me correspond : la lumière, le climat, le rythme, l'état d'esprit des gens. C'est aussi un pays qui me coupe le souffle par la beauté de ses paysages et sa biodiversité exceptionnelle. Madagascar est source d'étonnement et d'émerveillement, mais également d'inquiétude, car les difficultés sociales et environnementales sont pressantes. »

Quelques mots sur votre façon de voyager...

« Je voyage avec des objectifs : METTRE MES COMPÉTENCES GRAPHIQUES AU SERVICE DE MISSIONS de sensibilisation, ou scientifiques, ou de cartographie... Ce qui ne m'empêche pas de dessiner à côté. Côté pratique, avec le temps, je deviens une voyageuse efficace ; je réduis mes bagages, je développe des astuces, j'apprends à me connaitre. Par exemple, je dors mieux par terre que sur un tapis de sol. En revanche, impossible de me passer de ma petite serviette pour me sécher les cheveux. Plutôt efficace en itinérance, je sais aussi occuper le terrain ; si l'on m'attribue un bout de chambre d'hôtel ou de 4x4, j'ai tendance à étaler mes affaires, au grand dam de certains... En revanche, mes carnets et mon matériel de dessin seront toujours bien protégés. »

De quoi vous remplissent vos voyages en tant qu'être-humain ?

« Lors de mes voyages, j'avance les yeux grands ouverts et chaque expérience est un apprentissage. Plus réceptive et plus tournée vers les autres, MA FAÇON DE VOIR ET DE PENSER CHANGE. Je me découvre moi-même, je m'étonne parfois. Mais ce que j'aime le plus, c'est l'action et l'aventure. C'est VIVRE LE MOMENT PRÉSENT intensément. C'est ce que propose Madagascar en permanence. Quand je rentre en France, je mets plusieurs semaines à me réhabituer à ma vie "normale". Le choc des cultures est là : différence de consommation, de priorités... c'est difficile. Et ça me donne envie de repartir. »

Pour vous, qu'est-ce que le voyage responsable ? Comment le décririez-vous et quel en est son intérêt à vos yeux ?

« Pour moi, le voyage responsable est un voyage qui veut avoir des RETOMBÉES SOCIALES POSITIVES tout en ayant UN IMPACT ÉCOLOGIQUE MINIMUM. Dans certains pays, le tourisme est un OUTIL IMPORTANT DE LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ, alors c'est une bonne chose qu'il soit mené avec des valeurs éthiques et écologiques responsables. Mais mes expériences m'ont appris à prendre du recul sur les discours idéalistes occidentaux. J'ai appris, en côtoyant des populations de culture différente, que les idées occidentales ne sont pas nécessairement des solutions durables aux problèmes locaux, surtout si elles sont imposées sans concertation préalable avec la population. Il faut être attentif à privilégier les échanges, à comprendre et mettre en avant la culture locale, afin de trouver des solutions à mettre en oeuvre avec et pour les populations locales. »