"Hanezu", chronique sentimentale au coeur du Japon rural

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 1 février 2012

Direction le Japon de province avec "Hanezu", un drame amoureux filmé tout en délicatesse par la Japonaise Naomi Kawase, en compétition au dernier Festival de Cannes.


« Le Mont Kagu rivalisait avec le Mont Miminashi pour l’amour du Mont Unebi. Il en est ainsi depuis le temps des dieux, et aujourd’hui aussi dans notre monde flottant, les hommes se battent pour des femmes. » Voilà l’ancienne légende qui, de part sa jolie parabole naturelle, illustre la tragédie amoureuse d’Hanezu.

L’histoire prend place de nos jours, dans un Japon de campagne où le temps semble s’écouler lentement mais non sans douleur pour autant. Takumi mène une double vie, celle d’une femme au foyer tranquille auprès d’un mari aimant, et une autre plus passionnelle auprès de son amant avec qui elle partage les plaisirs simples de la nature. Mais vient l’heure du choix, du renoncement et de la douleur associée lorsque Takumi apprend qu’elle attend un enfant...

La réalisatrice japonaise Naomi Kawase, connue pour son cinéma de contemplation, ne déroge pas à son style et promène sa caméra toute en sensibilité dans l’intimité douloureuse d’un triangle amoureux. Ce qui nous empoigne, c’est à la fois la banalité de ce drame et la grâce avec laquelle il est traité.

On imagine sans mal la souffrance engendrée par un tel schéma sentimental et pourtant, le film est d’une douceur perpétuelle et chaque sentiment semble se traduire avec un rapport à la nature : un couple d’oiseaux gazouillant installe son nid dans un recoin du plafond lorsque les amants vivent leur amour paisiblement puis une pluie battante vient étouffer le déchirant cri de douleur de l’homme apprenant que le fruit de sa chair a été arraché aux entrailles de celle qu’il aime. N’y voyez aucune facilité, juste de la poésie joliment déclamée.

Un voyage au coeur du Japon rural, baigné de fragilité d’un bout à l’autre.