"Au bout de la route", la banlieue en reportage à Madagascar

Culture

Par Frédéric Scarbonchi

Posté le 4 mai 2015

Comme chaque année, une classe de lycéens de la Seine-Saint-Denis part en voyage. L’an dernier, c’était Madagascar sous le thème du « vivre ensemble ». L’épopée fantastique de cette jeune génération a permis la naissance d’un documentaire, disponible ces jours-ci au visionnage.


Découvrir la banlieue autrement. Avec toujours un œil dans le rétroviseur sur les attentats de Charlie Hebdo, où le 93 n’a été, médiatiquement, qu’une terre pour traiter le fameux « je ne suis pas Charlie », d’autres initiatives, bien plus heureuses, existent.

Le « vivre ensemble » pour éduquer

C’est le cas au Lycée Paul Eluard, à Saint-Denis. Là-bas, à chaque rentrée, la même effervescence pour les nouveaux entrants en Première : quelle classe aura droit au voyage scolaire ? L’objectif de tous ceux qui ont choisi ES (pour économique et sociale) : figurer dans la classe de Jean-Pierre Aurières, ce professeur de Géographie qui organise chaque année un grand voyage.

Certaines fois, c’était l’Irlande, ou le Brésil. Pour l’année scolaire 2013-2014, ce sera Madagascar. Ici, pas question de compter sur un voyage policé. L’idée, selon le professeur, est de contribuer au « vivre ensemble ». Pour cela, quoi de mieux que de connaître les difficultés d’un pays qui ne fait pas l’actualité en France.

« Un impact extraordinaire »

L’aventure de ces lycéens à Madagascar, c’est l’occasion de connaître une réalité. C’est surtout l’ambition de faire des rencontres, de s’enrichir humainement. Sur un blog, ils racontent alors leurs journées. Au fil des découvertes, toujours la même richesse humaine face à la difficulté d’un peuple, comme quand ils font la connaissance d’une « famille [qui] vit avec seulement 35 € par mois pour nourrir quatre personnes » et concluent : « Les habitants d’Ambositra, malgré tout, restent généreux et gardent le sourire. »

Avec son accent chantant, qui tranche avec l’argot de la banlieue, Jean-Pierre Aurières racontait en octobre dernier, sur la radio Le Mouv’, l’organisation de ce périple de 15 jours. « Ce n’est pas un voyage touristique, c’est un voyage d’études où ils sont en situation de reportage (…) À la fin du premier [En Irlande du Nord], on s’est aperçu que l’impact sur les élèves était extraordinaire. » C’est donc ce qui a motivé ces escapades, toujours organisées autour d’un thème défini.

Le documentaire disponible gratuitement

Cette aventure a également permis la sortie d’un documentaire retraçant leur échappée belle. « Au bout de la route, Madagascar » réalisé par Marine Camille Rose, permet de suivre le quotidien de ces jeunes lycéens parfois troublés par l’autonomie et le sens de la débrouillardise que leur demande monsieur Aurières. On les voit, par exemple, un peu affolés à l’idée de partir, en petits groupes, en reportage, toute une après-midi durant. Ici, pas de voix-off pour combler les vides, et très peu de sons rajoutés. C’est l’investissement des lycéens qui prend toute la place sur la pellicule. Pour sortir, si besoin en était, des clichés.

Le documentaire est disponible sur le site de Télérama gratuitement jusqu’au 10 mai, en attendant qu’une chaine de télévision le diffuse, espérons-le. Cette année, la classe habituelle est partie en Nouvelle-Calédonie, et raconte une nouvelle fois ce voyage sur un blog, Un caillou dans l’engrenage.