Exaltation et tourments de la vie mexicaine par Frida Kahlo et Diego Rivera

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 18 novembre 2013

"L’Art en fusion", c’est les salles du musée de l’Orangerie peintes de couleurs chatoyantes pour rehausser le destin d’un couple tourmenté et mieux se plonger dans leur univers fait de douleurs, d’art et de militantisme.


L’Art en fusion, tel est l’intitulé de cette exposition où sont accrochées côte à côte les toiles du couple mexicain passionnel : Frida Kahlo (1907 - 1954) et Diego Rivera (1886 - 1957), l’un se nourrissant de l’autre et inversement. Ces deux là ont tout partagé, tout affronté : deux mariages, un divorce, un combat politique, la maladie, les tromperies, la peinture évidemment. Leurs vies personnelles et professionnelles sont intimement mêlées, indissociables même malgré la vingtaine d’années qui les séparent.

Dès l’entrée de l’exposition, les couleurs explosent : un bleu dur, un jaune lumineux, un vert olive, un rouge sang… Chaque pan de salle est peinturluré de couleurs vives et nous transporte droit dans le Mexique de ce début de XXe siècle, droit dans le quotidien de ces coloristes chahutés par le destin. La fameuse Casa Azul n’est plus très loin… D’autant que de superbes photographies en noir et blanc nous offrent des morceaux de l’intimité de Frida et Diego, entourés de leurs chiens, de leurs pinceaux, de leurs amis et conquêtes respectives. Elle petite colombe aux pattes brisées, lui éléphant géant et ventripotent. Toute la modernité des deux sujets et de leurs préoccupations sociales ne nous happe alors que plus intensément.

Si les toiles ne sont pas bien nombreuses et que la part belle est faîte à Rivera, qu’on ne connait bien souvent qu’en tant que "mari de" de ce côté de l’Atlantique, L’Art en fusion provoque tout de même en nous un sentiment fort et enivrant.

Au fil des autoportraits de Frida, on parcoure son journal intime, on partage ses intenses souffrances physiques, de son accident de bus alors qu’elle n’avait que 18 ans à l’amputation de sa jambe gangrenée en 1953 en passant par ses nombreuses fausses couches et son coeur blessé par les trahisons à répétition de l’homme de sa vie.

Au fil des fresques murales de Diego, on bataille avec lui pour les droits des ouvriers et paysans de l’époque alors que la révolution est en marche.
En regard de leurs deux oeuvres, on milite aussi pour la reconnaissance de l’héritage précolombien du pays et l’attachement fort à la nature que pouvait avoir ces civilisations premières.

Avec L’Art en Fusion, se dessine le portrait du Mexique tumultueux d’après la révolution de 1910, un Mexique bouillonnant, passionné, dans la tourmente, à l’image de son couple star Frida Kahlo et Diego Rivera, dont elle semble être à l’origine d’une mode très contemporaine, le culte de la personne ou "peopleisation", réflexion jetée en fin d’exposition lorsque l’on constate que la Leelou de Luc Besson dans son Cinquième Élément rappelle l’autoportrait de La colonne brisée, qu’Amy Winehouse s’est déjà grimée en Frida ou encore que la peintre semble être le rôle qui colle aujourd’hui encore à la peau de l’actrice Salma Hayek...

Frida Kahlo / Diego Rivera - L’Art en Fusion
Du 09 octobre 2013 au 13 janvier 2014 au Musée de l’Orangerie
Tous les jours sauf le mardi de 9h00 à 18h00
Tarifs : 10 € / 7,50 € tarif réduit