Le tourisme, une aubaine ?

Éthique, et toc !

Par William Gosselin

Posté le 5 février 2018

Le Népal, depuis son ouverture au monde dans les années 1950, est l’une des destinations favorites des backpackers et des trekkeurs. Du monde entier, aussi bien des pays occidentaux, que du Japon, de la Chine ou de l’Inde, les gens affluent pour randonner dans l’Himalaya népalaise, faire de l’alpinisme ou d’autres activités. Avec près de 800 000 visiteurs en 2013, le tourisme est la plus grande industrie népalaise, et le Népal sait en profiter. Plusieurs régions ont un accès limité. Néanmoins, les flux touristiques ne sont pas du tout répartis sur l’ensemble du territoire mais se concentrent sur quelques régions : les parcs nationaux des Annapurnas, de Sagarmartha (Everest), et du Langtang attiraient 91% des trekkeurs en 2008. Les Guides Tao questionnent ici ce développement touristique.


Le tourisme a des effets à la fois positifs et négatifs. Négatifs d’abord, car l’arrivée d’étrangers dans une région peut entraîner des dégradations environnementales et une surexploitation des ressources. Les différences culturelles et de mentalités qui existent entre les visiteurs et les locaux peuvent être la source de tensions entre ceux-ci, mais risquent aussi de créer des déséquilibres au sein même des communautés indigènes. En revanche, le tourisme peut avoir aussi de nombreux avantages lorsqu’il est bien géré et encadré. Il peut offrir aux populations de nouvelles opportunités de diversifier leurs revenus et permettre ainsi de diminuer leur vulnérabilité.

Un point sur ces problématiques avec les Guides Tao.

Le tourisme comme levier de développement

Entre 2001 et 2007, le gouvernement a mis sur pied avec le concours de quelques agences d’aide au développement le Tourism for Rural PovertyAlleviation Programme. Le TRPAP a pour but de favoriser un tourisme durable dans les régions rurales ayant un potentiel touristique encore très peu – voire pas du tout – exploité. L’objectif final est de réduire la pauvreté.

Six régions ont été sélectionnées dans le cadre de ce programme où une infrastructure touristique de base a été établie. Les villageois motivés ont pu suivre des formations gratuites : gestion de lodge, cours de cuisine mais aussi guides de trekking. Le fleuron du programme est le TamangHeritage Trail qui est le site pilote le plus visité.

Depuis 2010, le nombre de visiteurs ne cesse de croître, les villages gagnent en salubrité et les locaux sont les seuls acteurs du tourisme. Une partie des villageois qui en tirent profit sont à même d’offrir une meilleure éducation à leurs enfants.

Le volontourisme

Chaque année des dizaines d’enfants sont arrachés à leur famille pour venir vivre dans des orphelinats. Ce phénomène est relativement nouveau, et a pris racine lors de la guerre civile qui s’est terminée en 2006. Il y a environ 15 000 enfants vivant dans des orphelinats, et on estime que les deux tiers ont toujours des parents vivants.

L’envoi des enfants dans ces instituts est une des solutions choisies par les familles pauvres des campagnes. Des trafiquants se font passer pour des représentants de pensionnats réputés, ventant aux parents le mérite d’une école moderne menant vers des futurs prometteurs. Les parents dépensent alors des sommes considérables pour permettre aux enfants de saisir cette « chance en or ». Les enfants sont entassés dans des orphelinats souvent insalubres après qu’on ait changé leur identité.

Mais alors, pourquoi ? A cause des dons généreux mais maladroits de nombreux touristes occidentaux. Pour attirer leur complaisance, les enfants sont gardés dans des conditions insalubres, et l’éducation promise leur est parfois uniquement offerte par les volontaires de passage. Les enfants deviennent alors des denrées très lucratives, et plus ils auront l’air pauvres, plus les dons seront importants. Relevons tout de même que ce n’est pas le cas de tous les orphelinats. Certains établissements ont de fortes préoccupations éthiques, d’autres travaillent à retrouver les familles des enfants victimes de ces trafics.

Volontourisme, comment éviter le pire ?

Pensez qu’un enfant sera de toute façon mieux avec sa famille et qu’il faut attaquer la raison de son placement à la racine. Les projets qui visent à améliorer le niveau de vie des communautés défavorisées, et qui travaillent à rendre les milieux ruraux prospères devraient avoir la priorité.

Renseignez-vous un maximum sur l’établissement où vous souhaitez servir. Regardez ce qu’il en est dit sur Internet. Posez un maximum de questions à vos interlocuteurs, surtout si vous passez par une agence de placement.

Évaluez vos compétences afin de savoir à quel niveau vous pourrez être réellement utile.

Évitez d’accepter des postes qui empêcheront une personne locale de faire le même travail.

Si vous ne trouvez aucun établissement ou aucune ONG qui corresponde à vos attentes et à vos compétences, laissez tomber ! Gardez en tête qu’être un touriste responsable et engagé peut avoir un impact bien plus positif qu’un volontouriste qui agit uniquement pour soigner sa conscience.