"Nomade des mers" : Avec les moyens du bord

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 30 octobre 2015

Un ingénieur la tête pleine d’idées vertes, deux poules pondeuses, un citronnier et quelques plants de patates, le tout sur un voilier bricolé pour voguer en plein Golfe du Bengale, c’est le projet fou de Corentin de Chatelperron, 32 ans, parti expérimenter un monde plus doux et surtout moins gourmand en énergie en s’appuyant sur toutes sortes de Low Tech bien pensées. Résultat : un Nomade des Mers frais et révolutionnaire.


"La perfection est atteinte, non pas lorsqu’il n’y a plus rien à ajouter mais lorsqu’il n’y a plus rien à retirer" écrivait Antoine de Saint-Exupéry. Tel pourrait être le leitmotiv sur lequel s’appuie Corentin de Chatelperron pour avancer dans la vie. Jeune, plein de cran, l’esprit d’entreprise, l’humour grinçant et le moral toujours au beau fixe, le jeune homme a pris la mer pour 6 mois, juste le temps nécessaire à la pousse et à la récolte de pommes de terre pour tester la vie en autonomie au moyen des low technologies qui, par opposition au high-tech, font appel à la simplicité, à l’économie, à la récup et au recyclage.

Parti du Bengladesh où il vivait et travaillait après des études d’ingénieur dans l’Hexagone, Corentin s’est lancé en pleine mer avec un voilier de 6 m en composite renforcé de fibres de jute naturelles. Un mât en bambou, une voile gracieusement offerte suite à une rencontre avec le célèbre navigateur Roland Jourdain, des hublots de récup taillés pour l’aventure, un four solaire réalisé à partir d’une vieille chambre à air et d’une vitre, un réchaud à économie de bois, un désalinisateur manuel requérant 1h30 de pompage quotidien pour 5 litres d’eau douce à la journée, voilà l’équipement de fortune embarqué pour aller à la recherche de l’île parfaite sur laquelle tester un autre monde.

Cet autre monde, il le modélise sur Tambarat avec d’autres copains ingénieurs venus bâtir avec lui le monde de demain, plus responsable, moins gourmand, comme un retour à l’essentiel animé par la fougue de la jeunesse. « Pour développer des low tech, il faut beaucoup de compétences. Tout seul, on n’avance pas. » Là, en pleine jungle, se développe alors un véritable laboratoire éphémère où l’on teste l’hydroponie, l’aéroponie et autres techniques de cultures, de cuisson, d’habitat & co pour un monde nouveau. L’ambition de Corentin et de sa dreamteam ? "Devenir la NASA du Low Tech !" clâme-t-il un sourire malin aux lèvres.

La pellicule qui en ressort est non seulement d’une audace bluffante mais aussi d’un optimisme à toute épreuve, pleine de promesses pour un lendemain meilleur, emmené par des intentions louables, des inventions géniales, une humanité douce. Ce nomade de mer ne veut que du bien à la Terre. On en ressortira avec cette réplique gravée en tête : « Tout ça, tout ce goût, toute cette couleur verte, c’est sorti de ça, de cette boue qu’on ne respecte pas » lance Corentin ébloui devant ses premières récoltes de légumes en nous ramenant à la magie de mère Nature.

Pour aller plus loin : une plateforme en open source a été mise en ligne à l’adresse http://goldofbengal.com/lowtechlab/ pour que chacun puisse s’intéresser aux low technologies et mettre les mains dans le cambouis pour les appliquer chez soi au quotidien comme un Géo Trouvetou génial de notre monde en marche pour le changement. La plateforme est collaborative, des vidéos tutos sont à dispo et on adore l’idée de la biblilowtech ! :)