C’est où le Vanuatu ?, par Stéphanie Ledoux

Vécu et approuvé

Par Stéphanie Ledoux

Posté le 6 avril 2013

Vanuatu ? Ça sonnait joliment exotique, mais Stéphanie Ledoux n’avait aucune idée où le placer sur une carte… On lui avait parlé d’un volcan en activité sur le cratère duquel les plus téméraires pouvaient venir se pencher, d’habitants vivant encore en harmonie avec la nature comme dans peu d’endroits au monde, de danses tribales, de plages désertes de sable blanc…


Vu de loin

C’est dans l’océan Pacifique Sud, pas bien loin de l’Australie. Au nord-est de la Nouvelle Calédonie, dont on vient. Il n’y a qu’1h35 d’ATR depuis Nouméa, mais si on cumulait les quatre avions pris depuis la France, pour arriver ici, on dépasserait la trentaine d’heures ! Pas grand monde ne se déplace de France pour aller découvrir l’archipel du Vanuatu. C’est bien car du coup, il n’y a pas trop de touristes ! On croise pas mal d’Australiens (proximité oblige) dans les grands hôtels d’Efate, l’île principale. L’avantage est qu’ils sortent peu de leur piscine. Les quelques Français qui échouent au Vanuatu sont soit des résidents calédoniens, soit des visiteurs de la Calédonie qui profitent d’être dans le coin pour vadrouiller un peu.

Vu d’un peu plus près

Le Vanuatu est un archipel composé de 80 îles et îlots qui dessinent un Y incliné vers le nord-ouest. Entre la plus nord et la plus sud, il y a 900 km. Nous, on a choisi de commencer par en visiter trois. Efate, parce que c’est l’île principale où se trouvent la capitale, Port Vila, et l’aéroport international ; donc impossible d’y couper. Tanna, parce qu’elle possède un volcan encore en activité, super accessible et pas dangereux ; on rêve d’aller voir les explosions de lave à la tombée de la nuit, tranquillement assis sur le rebord du volcan, comme au spectacle !

Et Espiritu Santo, dite Santo, pour le turquoise incroyable de ses trous bleus, pour ses plages de sable blanc, et avouons-le, pour plonger sur l’épave mondialement réputée du « President Coolidge ». Comme les îles sont finalement assez proches, et les vols inter-îles courts, et à basse altitude, c’est génial de regarder la forme des îles qui défilent sous l’aile, et de les comparer à la carte, pour savoir où on est !

Le marché de Port Vila

C’est un de mes coups de cœur du Vanuatu. Vivant et grouillant comme je les aime, et révélateur des coutumes gastronomiques locales. Quel bonheur de dénicher, au détour d’un étal, un légume ou un fruit totalement inconnu ! Ce qui m’a frappée au marché de Port Vila c’est que tout est vert ! Fruits et légumes de toutes sortes sont à dominante verte : même les oranges et les citrouilles.

Et j’adore la façon qu’ils ont encore d’emballer les marchandises dans des feuilles fraîches de bananiers ou des paniers verts tressés sur place, en feuilles de cocotiers. Tout est biodégradable, 0% plastique. Les tuluks : un casse-croûte typique et savoureux comme j’adore en essayer sur les marchés. On ne sait jamais sur quoi on va tomber, et on se régale pour une poignée de vatus.

Danses villageoises

Un des moments forts vécus à Tanna a été d’assister à des danses traditionnelles. Les villageois sonnent l’appel à la danse en tapant avec un gourdin sur le tronc d’un énorme hévéa creux. Une ronde de femmes et d’enfants se forme (les hommes dansent à part) et entament un chant a capella, rythmé par les mains qui tapent un drôle d’instrument en vacoa tressé. Chair de poule assurée au son de ces voix pures qui semblent tout droit venues des origines de l’humanité.

Les villageois avancent en tapant des pieds, se croisent, et miment dans leurs danses des scènes de la vie quotidienne. Les costumes sont faits avec des matériaux de l’île : pagnes en raphia, colliers de feuilles séchées, peintures rituelles sur le visage. On se sent transporté dans un autre monde, hors du temps, lorsque l’être humain avait une vie minimaliste, autarcique, et des préoccupations simples. Comment imaginer, quand on habite une grande ville et qu’on mène une vie coupée de la nature, trépidante et hyperconnectée, que simultanément des gens vivent encore comme cela ?

Digicel

Les commerciaux de la téléphonie mobile au Vanuatu, peuvent se vanter d’avoir fait du bon boulot. Les trois quarts du territoire ne sont pas couverts par le réseau, mais les Ni-van (habitants du Vanuatu) ont tous leur portable, pas pour téléphoner, non, mais pour regarder l’heure ou s’en servir de lampe de poche, la nuit tombée, ou simplement avoir l’air modernes. Et comme la plupart n’ont pas l’électricité, ils retournent au magasin pour le charger !

La vieille dame du marché de Lenakel

Au marché de Lenakel, je m’assieds pour dessiner une vieille femme dont le sourire semble m’encourager. Mais les Ni-van sont timides, et leur mode de vie tribal communautaire fait qu’un individu est très rarement l’objet d’attention en public. Elle a beaucoup de mal à me regarder dans les yeux, et quand les curieux s’attroupent, elle se met à être très mal à l’aise ! Je continuerai mon dessin plus tard…

Les banians

Des banians immenses aux troncs plus larges qu’une maison, tortueux et emmêlés, avec des forêts de lianes qui pendent et forment petit à petit des nouveaux troncs. Leur taille est sans commune mesure avec tout ce qui les entoure. C’est une échelle à part, en hauteur comme en largeur. Chacun d’entre eux est presque une forêt. Leurs branches, monstrueuses et tentaculaires, partent presque à l’horizontale comme de gros serpents. Elles ont la taille d’un arbre normal à elles seules. Pour les Ni-van, les banians peuvent abriter des esprits diaboliques. Marrant car dans toute l’Asie bouddhiste, c’est l’arbre sacré, toujours vénéré, sous lequel Bouddha méditait.

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