Musée de la fondation Zinsou : l'art africain dans ce qu'il a de plus contemporain

Babel Plans

Par Laetitia Santos

Posté le 11 avril 2015

Un petit musée joliment propret avec visite guidée gratuite à travers une exposition de qualité au cœur de la création africaine contemporaine.


C’est en novembre 2013 que la Fondation Zinsou - créée par Marie-Cécile Zinsou et l’aide de son businessman de père Lionel Zinsou ou de son grand-oncle, ancien président du Bénin, Émile-Derlin Zinsou - décide d’ouvrir un petit musée d’art contemporain dans la ville historique de Ouidah, après avoir fait sa renommée avec son musée de Cotonou.

Dans une jolie bâtisse afro-brésilienne de 1922 élégamment entretenue, la villa Ajavon, s’exposent des artistes contemporains de toute l’Afrique noire. Un tel lieu au Bénin, moderne, engagé, dans l’air du temps, surprend d’entrée de jeu.

Les découvertes que l’on va y faire, au fil des salles qui se succèdent, vont confirmer notre agréable première impression… Le travail du sud-africain Bruce Clarke nous frappe en plein visage : les toiles exposées ici traitent de boxe, sport victime de racisme encore au début du XXe siècle. Les couleurs pastels et la légèreté de l’aquarelle viennent contraster avec la brutalité du ressenti marqué par les contours noirs caractéristiques de la peinture de Clarke.

On découvre aussi le travail de l’artiste emblématique Romuald Hazoumé, dont un des sujets de prédilection est le trafic d’essence : l’homme travaille avec des jerricanes découpés pour en faire des sculptures messagères, il photographie avec intensité ces zems chargés de bidons, image forte d’un Bénin en plein trafic avec le Nigéria pour ce liquide frelaté générateur de revenus pour de nombreuses personnes dans le pays.

Puis vient George Lilanga, originaire de Tanzanie, Soly Cissé, le Sénégalais, Mickaël Bethe-Selassié, d’Éthiopie… La représentation de l’Afrique noire dans sa globalité n’a pas été négligée. On apprend même que lors du premier accrochage à l’ouverture du musée, Basquiat était exposé là.

On craque encore pour la série de dix masques signée Kifouli Dossou et datant de 2011, laquelle s’attache à présenter au nouveau président en fonction les différentes revendications du peuple béninois : la nécessité d’électrifier les quartiers sombres, l’insécurité, l’état laborieux des routes, la révision du salaire des fonctionnaires, l’accès à l’eau potable ou encore la création d’écoles et de centres de santé plus proches des villages et en plus grand nombre.

Autre oeuvre qui retient l’attention, Qui vivra verra de Tchif, une vision de 2059 au travers d’un zem grandeur nature et de son pilote, tous deux bâtis de tout un tas d’objets évoquant une vision assez terrible de l’avenir et notamment de l’état de l’environnement avec un conducteur le visage couvert d’un masque à gaz.

La visite, guidée par un sympathique béninois s’achève du côté du café, lieu délicieux et fringuant comme on n’en trouve peu dans ce coin de terre africaine. Décoré avec élégance, il propose quelques collations et rafraîchissements parfaits pour reprendre des forces après cette incontournable visite que l’on conseille absolument à tous les amateurs d’arts. Nota Bene : La librairie possède aussi quelques très beaux ouvrages d’art édités par la fondation Zinsou dont le trop rare Porto-Novo, cité rouge, esprit de lagune, de Jean-Dominique Burton.

Fondation Zinsou de Ouidah

Entrée gratuite Ouvert tous les jours de 9h à 19h, le mardi de 13h à 19h. Fermé le lundi.

Coordonnées

+ 229 21 34 11 54

http://www.fondationzinsou.org/FondationZinsou/Fondation_Zinsou_Ouidah.html

Villa Ajavon - Derrière la basilique et près du musée du soleil, Ouidah, BJ