Alerte rouge en Amazonie

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Par Elodie Mercier

Posté le 28 août 2019

79 000, c’est le nombre de foyers incendiaires au Brésil, dont plus de la moitié en Amazonie depuis janvier 2019 selon l’Institut National de recherche spatiale brésilien INPE. C’est 83% de plus que l’année dernière. Le monde s’inquiète, regarde, et se sent impuissant face à ce désastre.


Du Brésil au Paraguay en passant par la Bolivie, l’Amazonie, cette réserve d’oxygène est en danger. Pire, la plupart de ces feux sont volontaires. Les « queimadas » sont des techniques de défrichement par brûlis fréquemment utilisées. Des pans de la forêt sont ainsi transformés en zone d’élevage, principalement de bovins, ou d’agriculture, pour le soja.

Un cercle vicieux de destruction des ressources

Bien que cette méthode permette la fertilisation des sols, elle pose plusieurs problèmes.

Cet été par exemple, le feu n’est pas maîtrisé et accélère fortement la déforestation. Les espèces végétales mais aussi animales qui y habitent sont alors menacées. L’Institut de Recherche pour le Développement estime que la moitié des espèces d’arbres pourrait être menacée en Amazonie.

Aussi, la destruction de la forêt génère des émissions de gaz à effet de serre importantes. Non seulement il y a moins d’arbres pour les absorber, mais en plus, les arbres morts libèrent tout le CO2 qu’ils stockaient.

La déforestation cause également l’assèchement du territoire : les pluies font la forêt et la forêt fait la pluie. C’est, en effet, l’humidité issue de la transpiration des végétaux par leurs feuilles qui s’évapore et génère la pluie tropicale. S’il y a moins de végétaux, il y a moins de pluie et donc encore moins de végétaux.

Ce cercle vicieux est encore plus grave : la forêt asséchée est d’autant plus en proie aux incendies que l’humidité ne les freine pas. Et le réchauffement climatique n’aide pas…

Faut-il aussi rappeler les dangers des gaz à effet de serre libérés lors de la déforestation ? La qualité de l’air pose déjà des problèmes de santé publique dans de nombreuses métropoles sud-américaines. Les épaisses fumées qui se dégagent des incendies ont plongé Sao Paulo dans le noir au beau milieu de l’après-midi du 19 août. Les images, aux allures apocalyptiques, révèlent la réalité du drame auquel nous faisons face.

Et les hommes ?

Même si l’oxygène produit par la forêt amazonienne ne se diffuse pas en dehors de son territoire, sa conservation est indispensable pour l’Homme.

Elle est, en effet, l’habitat d’approximativement 25 millions de personnes. Les populations les plus vulnérables sont les populations indigènes, dont les modes de vies sont très liés à la nature. Le chef amérindien Raoni Metuktire plaide leur cause auprès des dirigeants et des ONG du monde entier. Reconnaissable à son plateau labial traditionnel kayapo, il espère sensibiliser à la préservation de l’environnement et aux conditions indigènes.

À qui la faute ?

La fin de la saison sèche marque, chaque année, une période propice pour les incendies. Ils sont toutefois particulièrement plus nombreux cette année. Beaucoup montrent du doigt le président brésilien Jair Bolsonaro, dont l’entrée en fonction en janvier 2019 coïncide avec une forte hausse de la déforestation. Le dirigeant climatosceptique est, en effet, partisan de l’extension de l’agriculture et de l’élevage en Amazonie.

Emmanuel Macron a annoncé à l’issue du G7 une aide de 20 millions de dollars pour contrôler les incendies ainsi qu’une aide à moyen terme pour la reforestation que les autorités brésiliennes ont refusées, criant au non-respect de la souveraineté nationale et au « colonialisme » du président français. Même si Jair Bolsonaro semble revenir sur cette déclaration, il n’en reste pas moins un danger pour la forêt.

Malheureusement, il ne suffit pas de planter des arbres pour reconstituer l’un des écosystèmes les plus denses et diversifiés de la planète.

En réalité, la solution serait plutôt de stopper le mal à son origine : refuser les importations de viande bovine et de soja provenant d’Amazonie, pour arrêter sa déforestation.