Les moines tibétains n'en finissent plus de s'immoler pour protester

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Par Coline Willinger

Posté le 18 février 2012

Nouvelle immolation hier d’un moine tibétain qui s’est donné la mort en signe de protestation contre le gouvernement chinois qui dirige le pays d’une main de fer.


Vendredi 17 février, Tamchoe Sangpo, un moine tibétain de la province de Qinghai en Chine, s’est immolé par le feu afin de protester contre la présence des forces de sécurité chinoises dans son monastère.

Tamchoe Sangpo n’est malheureusement que la dernière victime d’une longue série d’immolations qui a lieu depuis moins d’un an, tragique solution utilisée par les moines bouddhistes pour manifester leur opposition face à la politique de répression de leur culture et de leur religion menée par Pékin.

Avant lui, le dimanche 12 février, Lobsang Gyatso, jeune bonze de 19 ans du monastère de Kirti dans la province du Sichuan cette fois, s’était également transformé en torche humaine avant d’être violemment battu par des policiers tandis qu’ils tentaient d’éteindre les flammes. On ne sait si le jeune homme a survécu à ses brûlures. Internet et les lignes téléphoniques ont d’ailleurs été coupés à Aba afin d’éviter que la situation ne s’ébruite tandis que la presse a perdu tout droit de cité.

Chen Quanguo, numéro un du parti communiste de la région autonome de l’ouest de la Chine et plus haut responsable au Tibet, a appelé à un durcissement de la répression vis-à-vis de "la clique du Dalaï-Lama". On recense aujourd’hui plus d’une vingtaine d’immolations dans le pays à l’heure où Xi Jinping, vice-président et probable futur numéro un chinois, doit être reçu mardi à la Maison Blanche par Barack Obama.

Sous un régime où toute forme de contestation est sévèrement réprimée, l’immolation est apparue pour certains Tibétains comme le seul moyen de se faire entendre et de protester. Le Tibet, annexé par la Chine en 1950, subit depuis une véritable oppression. Malgré la création en 1965 d’une région autonome du Tibet, celle-ci ne comprend qu’une partie du territoire tibétain qui regroupe en réalité les provinces de Utsang, Kham et Amdo. Représentant à lui seul un quart de la Chine, le Tibet possède de grandes richesses minières et six des plus grands fleuves d’Asie y prennent leur source.

Si Pékin affirme avoir "libéré pacifiquement" le Tibet, le territoire est militarisé et les Hans, ethnie fortement majoritaire en Chine, y exercent une implacable domination.

La Chine ne veut envisager aucun mouvement de sédition et tente ainsi de combattre toute forme de séparatisme, les Tibétains apparaissant donc comme une menace qui doit être étouffée. Pour y parvenir, la Chine a trouvé un habile moyen d’y parvenir sans alerter la communauté internationale : la colonisation. En agissant ainsi, la culture et la langue tibétaine finiront par perdre leur peu de place en faveur de celles des colons.

Une nouvelle preuve accablante de la violence et de la politique de colonisation dans laquelle s’est engagé le gouvernement chinois au détriment de l’acceptation des différences et des libertés...