Gestion des déchets à Tortuguero : un modèle d’économie circulaire

Éthique, et toc !

Par Jules Bloseur

Posté le 2 janvier 2018

Le Parc National de Tortuguero, zone de tourisme responsable, possède une faune et une flore uniques au monde. Si cette richesse a pu être préservée, c’est en grande partie grâce à la Caribbean Conservation Corporation (CCC) et une forte mobilisation d’acteurs locaux. Née en 1959, la CCC fut créée pour protéger la zone de ponte des tortues vertes. De là, des actions, notamment en termes de gestion des déchets, ont été mises en place dans cette réserve de biodiversité exceptionnelle.


À l’heure où le Costa Rica voit 20% de ses 4 000 tonnes de déchets solides journaliers non traités - dont 11% de plastique -, les initiatives telles que celles de la communauté de Tortuguero prennent toute leur importance.

Actions locales, intérêt général

Comme expliqué dans cet article, Tortuguero n’a ni rues, ni voitures, la population se déplace uniquement par bateau. Une manière positive de limiter l’impact de l’Homme sur l’environnement local mais un inconvénient quand vient le devoir de gestion des déchets de la communauté. Le ramassage, le traitement et l’expédition, ça devient tout de suite plus coton !

Très investie dans la protection de sa région, la communauté de Tortuguero a créé il y a quelques années l’Association de l’usine de traitement des ordures de Tortuguero, qui a permis l’arrivée de l’eau potable pour les 3 500 habitants, ainsi que le traitement des déchets. Chaque maison paye une taxe pour financer le ramassage et le traitement des ordures, variant de 12 € pour un foyer à 1 200 € pour un hôtel.

Depuis deux ans, sous l’impulsion du responsable de l’association, Enrique Obando, l’usine a même mis en place un programme de recyclage très ambitieux visant à fermer le cycle de l’économie circulaire. Ainsi, sur les 40 tonnes de déchets traités chaque mois, 65% permettent à l’association de générer des revenus à travers la vente de matériaux d’une part (aluminium, fer exporté à une usine chinoise) et la production et vente de bloc de construction. L’objectif est d’en finir avec l’enfouissement des poubelles et de permettre à la communauté locale de se développer et de se construire grâce aux matériaux produits sur place. Le local de l’association est par ailleurs lui-même construit grâce à des blocs recyclés. Ce capital permet à la communauté d’employer sept personnes à temps plein et de financer de nouveaux projets. Le prochain défi : la création d’une station d’épuration des eaux usées.

… et ambitieux programme national !

Tortuguero n’est pas la seule ville concernée par la difficile gestion de ses déchets. Plus au Sud, aussi magnifiques qu’elles soient, la côte de Cahuita et celle de Puerto Viejo sont victimes d’un manque d’infrastructures en matière de traitement des poubelles. Preuve en est les quelques tas d’ordures croisés de-çi de-là sur les abords des routes ou encore quelques bouteilles en plastique abandonnées sur les plages.

Mais tout ceci pourrait bientôt disparaître puisque le Costa Rica ambitionne de devenir en 3 ans le 1er pays au monde à éradiquer l’usage unique du plastique. Un nouvel engagement fort et ambitieux de la part du pays qui s’est également engagé dans une politique visant la neutralité carbone d’ici 2021. Selon Le Monde, plus de 98% de l’énergie utilisée au Costa Rica en 2016 était issue d’une production verte.

Alors que les plastiques utilisés aujourd’hui mettent jusqu’à cent ans pour se dégrader, le gouvernement costaricien veut employer des matériaux sans pétrole, biodégradables, qui pourront ainsi disparaître dans la nature en six mois seulement.

Pour arriver à cet objectif, la création de lois ne suffit pas et le gouvernement compte s’appuyer sur les programmes de traitement locaux tel que celui mené par Enrique Obando et la communauté de Tortuguero.