Impressionant Pressionnisme à la Pinacothèque de Paris

Culture

Par Frédéric Scarbonchi

Posté le 16 juin 2015

Jusqu’au 13 septembre 2015, il est possible de découvrir un art longtemps galvaudé, le Pressionnisme, plus connu sous le nom de Street Art, et qui regroupe des œuvres sur toile réalisées grâce à une bombe de peinture aérosol. Un seul lieu pour cela : la Pinacothèque de Paris, place de la Madeleine.


Plus besoin d’arpenter les stations de métro désaffectées pour se frotter à l’art urbain. Souvent méprisé dans le passé, ce dernier prend maintenant place dans les musées. C’est le cas à la Pinacothèque de Paris où une exposition sur le Pressionnisme - tiré de « Pressure Art » - est ouverte au public jusqu’au 13 septembre 2015.

Dès l’entrée, une grande pièce nous initie au street art. Difficile de se repérer dès le départ pour comprendre le sens de la visite. Un premier arrêt pour les profanes s’impose : Marc Restellini, directeur de la Pinacothèque de Paris, a laissé quelques mots pour mieux appréhender cet art insolent et novateur.

Sur un pan de mur, il évoque un « signe de ralliement pour les jeunes », illégal au départ, considéré à une époque comme du « saccage urbain » et qui a fini par se démocratiser, forcé par la mondialisation du Pressionnisme dans les années 80. Avant que ne soient livrées devant nos yeux plus de 100 œuvres à savoir apprécier.

Le tag et le graffiti à la naissance du Pressionnisme

On s’intéresse d’abord à l’écriture, très importante dans le Pressionnisme, faisant le distinguo entre tag et graffiti. Les œuvres sans titre, mettant les lettres en lumière, se succèdent au départ de ce « voyage ». Puis très vite, les figures s’imposent. Elles peuvent être signature de l’artiste, comme la pin-up de Quick, qui expose ici son œuvre « Le poteau des flagellations ». Plus rare, Lady Pink a son autoportrait dans l’exposition.

Après la grande première pièce, on peut s’enfoncer dans le labyrinthe de l’exposition. On continue de comprendre que le Street Art est un nouveau-né, sa première exposition dans un lieu officiel ayant eu lieu en 1974 au Musée des Sciences et de l’Industrie de Chicago.

Et c’est ainsi, en engrangeant le maximum d’informations, que l’on rentre dans le « passage à l’abstrait », cet instant où les artistes font disparaître la lettre et le nom, si importants. Tracy, Futura ou encore Phase 2, tous ces gens nous éblouissent par la force de leurs réalisations colorées. Jusqu’à Zephyr et « le venin », œuvre sur toile gigantesque où un serpent semble nous regarder avec appétit. À cette figure réaliste se mélangent des signatures abstraites, de l’écrit. Le résultat est bluffant.

Entre Pinacothèque et entrepôt

Dans une salle minuscule, un peu à l’écart, l’exposition laisse place aux esquisses, qui ont pu demander plusieurs semaines de réalisation. Avec un crayon noir à mine dure, des centaines de feuilles blanches seraient remplies jusqu’au résultat souhaité.

Par la suite, dans les escaliers menant au reste de l’exposition, un fauteuil roulant inutilisé et quelques débris. Au milieu de tout ça, une seule œuvre qui trône. Une fois en bas et comme si on venait de traverser un terrain vague, les choses reprennent de plus belle : un triptyque de Crash nous attend et fait office d’introduction à la « salle des Maîtres ». Ils sont tous là : Toxic, Coco, Ali, Basquiat

S’éloigner de la rue, se rapprocher des musées

Au milieu de ce capharnaüm d’œuvres trônent celles de Rammellzee, considéré comme le dieu du Street Art. Ce rappeur et artiste américain mort en 2010 a donné ses lettres de noblesse à cet art jeune, et ses congénères le considèrent comme le "Vinci du Pressionnisme". À lui seul, il mixe styles et matériaux.

Point fort de cette exposition, la place des Maîtres n’en est pourtant pas le bouquet final. Au fil de notre pèlerinage, on continue de s’instruire : on apprend que le terrain vague dit « De Stalingrad », à Paris, est un spot célèbre pour les fans de graffiti. Mais qu’en œuvrant sur toile, les princes du Street Art voulaient se faire une place dans les musées et ainsi s’éloigner de la rue, leur premier lieu d’expression.

La visite se conclut sur une salle aux murs verts, « Manhattan – Saint Germain des prés » où Bando est surreprésenté. Son œuvre « Les Nymphéas du graffiti » attire l’œil grâce à une mise en valeur réussie dans une pièce agréable et colorée. Parfait pour garder un bon souvenir d’une demi-journée chargée à comprendre 20 ans de l’histoire d’un art tout neuf !