Raymond Depardon dans la jungle des "Villes"

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 29 mars 2013

Dernier week-end pour découvrir "Villes" de Raymond Depardon au Carreau, l’espace des arts visuels de la ville de Cergy (95). 12 mégalopoles en mouvement, de Tokyo à Addis-Abeba en passant par Moscou, Rio, Paris, ou encore Le Caire.


L’espace est lumineux, aéré, didactique. À l’entrée, on vous tend un document pour l’aide à la compréhension des clichés accrochés, on vous explique que les photographies sont regroupées par ville, que chaque ville est mise en valeur par une couleur peinte sur la plinthe du mur, et on vous conseille de lire le texte d’ouverture placardé au mur, Le voleur d’images, les seuls mots de Depardon qu’on lui connaisse sur ce travail à propos des villes du monde.

"J’ai aimé me perdre dans ces villes étrangères, je me suis efforcé de me dissimuler dans le flot des passants des rues animées de ces grandes cités. (…) J’ai toujours pris plaisir à ne pas me faire remarquer, à disparaitre aussitôt repéré, à me fondre d’une rue à l’autre… Mon secret, aller vite comme les piétons de ces villes, pour respecter l’itinéraire de leur vie quotidienne." Voilà les dessous du travail de Raymond Depardon, photojournaliste dont l’oeuvre n’est plus à présenter, et qui a débuté cette série sur quelques-unes des plus emblématiques métropoles de ce monde en 2004 à Rio de Janeiro, qui lui était inconnue, pour finir à Paris plus récemment, sa ville à lui.

Ne cherchez pas l’incroyable dans ces photos, l’exotisme ni même la beauté fantasmée. La valeur ajoutée de ce travail est ailleurs, dans l’ordinaire, le banal, le quotidien. En se calant sur le pas des habitants, Depardon tire des images mouvantes, des images archi-réelles aux coloris électriques, simples, des instants de vie disparus aussitôt le déclencheur actionné. Des flous par ci, des cadrages hasardeux par là, on se dit que n’importe quel lambda d’aujourd’hui étant armé de matériel photo pro aurait pu obtenir quasi le même résultat. À ceci près que l’on décèle la grande maitrise du photographe même dans le fait de saisir ce qu’il y a de plus simple. Il chronique là le quotidien du monde avec un naturel désarmant, un regard humaniste face à la folie grouillante de nos cités. Et curieusement, on tire de ce voyage photographique une grande sérénité. Coup de coeur tout particulier pour la série sur la capitale éthiopienne...

Villes, de Raymond Depardon
Le Carreau - Avenue des Trois Fontaines
Du 25 janvier au 3 avril 2013
Entrée gratuite - Visite guidée gratuite sur demande
Du Mardi au Vendredi de 11h à 18h et le week-end de 14h à 18h.