Nus & Culottés : « Et si on partait avec notre bite et notre couteau ? » (1/2)

Interview voyage

Par Frédéric Scarbonchi

Posté le 4 juin 2015

Nans et Mouts, faut-il encore les présenter ? Les deux protagonistes de l’émission « Nus et Culottés » reviennent ce soir sur France 5 pour une saison 3 et s’en vont de nouveau sur les routes sans argent et sans vêtements pour un voyage d’aventures réduit à son essentiel. Aujourd’hui à notre micro, ils racontent comment ils s’organisent et ce qu’ils gardent de ces escapades insolites. 1ère partie d’un échange à leur image : sacrément culotté !


Est-ce qu’avant de commencer, vous pouvez vous présenter, raconter votre parcours avant France 5 ?

Mouts : On s’est rencontrés avec Nans en école d’ingénieurs. On était très proches sur des questions comme la préservation de l’environnement, ou l’écologie. En marge de ça, on avait aussi un intérêt pour le voyage. On est parti tous les deux en voyage **en 2008 et on s’est aperçu que ce n’était pas agréable d’être chargé, d’avoir un gros sac à dos. Ça nous alourdissait en poids, mais aussi dans nos têtes. Ca nous éloignait des gens. On voulait aller vers quelque chose de plus simple, de plus authentique.

Ce qu’on a vécu à l’autre bout du monde a fonctionné. Il est resté la question : "Qu’en est-il en France et en Europe ? Comment fait-on pour trouver l’aventure chez nous ? Comment faire pour être dans cet état d’émerveillement quotidien sans avoir besoin de partir au bout du monde pour se sentir libre et exister ?" Et là on s’est dit : "Et si on partait sans argent ?" Et l’autre d’enchainer : "Ok mon gars tu me chauffes ? Viens, on part sans sac à dos". Et ça jusqu’à ce qu’on en vienne à ce truc là : "Et si on partait avec notre bite et notre couteau ?" Et comme on aime tous les deux les challenges, on s’est lancé. C’était fou ! Et un premier voyage nous a permis de redécouvrir des sensations, une liberté intense, un émerveillement,… C’est ce qui a fait naitre l’envie d’autres voyages, sans argent, sans vêtements, et avec un rêve.

Vous partez sans Smartphone, sans ordinateur, vous oubliez même les nouvelles technologies ?

Mouts : On part avec un Smartphone, avec un ordinateur. On a la casquette du voyageur qui part avec un couteau et basta mais la réalité, c’est celle du réalisateur qui part complètement équipé pour pouvoir faire un film de qualité. Les batteries, les chargeurs, un téléphone en cas de pépins, un ordinateur pour pouvoir travailler la réalisation.

Qu’est-ce qui vous a poussés à partir sans équipe technique ?

Mouts : C’est nous qui avons insisté pour que ça se passe comme ça quand on était dans les discussions avec Bonne Pioche et France 5*. Faire du stop à 3, c’est complexe. C’est aussi une intimité pour nous de partir à poil ! Une intimité par rapport à notre corps mais aussi une intimité émotionnelle. Déjà qu’entre Nans et moi, il y avait une étape à franchir pour se sentir en confiance... Le vivre avec une tierce personne, ça aurait été autre chose. Donc le choix de partir juste tous les deux s’est fait* **assez naturellement.

Se présenter devant les gens avec une bâche, ou nu sous une serviette, comment on sent dans ces moments-là ?

Nans : C’est marrant parce que notre relation à la pudeur a évolué au fil des voyages. Au début, il y avait une forme d’excitation de rencontrer une personne d’une manière complètement insolite. Et en même temps, j’avais peur de lui faire peur. Mais l’excitation était plus grande que la peur et la honte. Du coup on se jetait à l’eau. Au début, on passait toujours une nuit dehors. Du coup, on était porté par nos besoins vitaux, on avait faim, on était fatigué. Puis plus ça va, plus je me sens détendu quand je viens habiller en bâche. Ce qui compte, ce n’est pas tant mon apparence physique, mais c’est surtout mon état intérieur. Si je suis tout nu, mais que je me sens vraiment bien, les gens vont se sentir confiant. Si je suis mal à l’aise, hésitant, apeuré, ça va mettre les gens dans le même état.

Mouts : Dans l’un des voyages de la saison 2, on était parti pour manger un chocolat avec le roi belge. Faute de rencontrer le roi, on avait eu le contact pour rencontrer son fils, le prince. En arrivant dans le quartier où habite **le prince*, il n’y avait que de très grosses maisons, avec de grosses berlines. On était impressionné, on ne se sentait pas légitimes d’être là. Au bout d’un moment, un chien hyper agressif est venu vers nous. Ce gros molosse a foncé sur nous et Nans a retourné le baluchon pour le mettre dans la gueule du chien qui s’apprêtait à lui croquer un membre ! On pense que le chien avait ressenti qu’on trainait, qu’on rodait, et que du coup, pour protéger sa maitresse, il est venu nous intimider. C’est cette même sensation qu’on peut avoir parfois quand on est tout nu : ne pas se sentir légitime. C’est rigolo parce que ce coup-là nous a permis de laisser tomber quelques appréhensions qu’on avait à l’idée de rencontrer le prince. Quand on s’est présenté à lui, on sentait qu’on n’avait plus rien à perdre. On pouvait le regarder dans les yeux et derrière son étiquette de Prince, on pouvait s’adresser à l’humain et parler de cœur à cœur. Est-ce que ça a joué ? Moi je pense que oui, après, rien ne le prouve. Ca nous a permis d’établir un lien de confiance avec lui.*

En Italie, vous avez fait le choix de « ne plus demander » de l’aide aux gens. Pourquoi ?

Nans : J’ai fait le constat avec Mouts que le fait d’être sans argent, sans vêtements, sans sac à dos, ça nous installait par moment dans une ambiance de manque. Ce manque fait qu’on va vers l’autre. Là, on voulait être dans un état où on accueille plutôt qu’être dans la recherche ou dans le manque. D’où l’idée de ne pas faire de demande.

Mouts : Ça venait d’une expérience qu’on avait eue durant ces mois sur le continent américain. À l’époque, on ne cherchait pas forcément de travail et néanmoins, on s’apercevait qu’on avait plein de propositions. En stop, on rencontrait des gens qui nous disaient "Ah mais tiens, si vous voulez vous pouvez bosser là". On avait alors cet adage : Contre le chômage, le voyage ! Et ça faisait un parallèle complètement déstabilisant et inattendu par rapport au monde qu’on connaissait. En voyage, tout venait à nous. On s’est dit : "Ok, voyons si on peut le faire aussi pour la nourriture, pour l’hébergement, pour des besoins primaires et des besoins urgents"*. Autant on peut passer 1 mois à chercher du travail, autant la nourriture et l’hébergement, l’échéance est juste là… Du coup, c’était riche de se mettre dans cette posture de confiance et de voir la réponse de la vie.*

On peut imaginer un « Nus et culottés » qui raconterait un voyage long, de deux mois, par exemple ?

Nans : On y pense…

Mouts : C’est une idée qui nous chatouille depuis un petit moment. Faire un voyage qui dure plus longtemps et qui nous permettrait de s’atteler à un rêve qui demande plus de temps dans sa préparation et dans sa réalisation. Mais il n’y a rien de concret aujourd’hui...

> Lire la 2eme partie de l’interview pour clore l’entretien avec Nans et Mouts...