Rudolf Dérose

Rudy, quelle est votre définition du voyage engagé et responsable ? « Un voyage au cours duquel le voyageur a l'opportunité de se rendre utile par le choix qu'il a fait de l'espace où il va dépenser son argent. Un voyage dont les montants vont servir une cause dans des domaines variés tels l'écologie, l'éducation, l'agriculture, etc. En fait, avoir un impact positif sur les populations locales tout en ayant une incidence minime sur l'environnement. Ce qui veut donc dire voyager en groupe restreint de 15 personnes maximum, de façon plus humaine, penser à une meilleure intégration, consommer local et être plus respectueux de l'environnement. »

Pourquoi avoir décidé de développer ce domaine en Haïti ? « C'est ce champ là qui, à mes yeux, correspond aux valeurs dans lesquelles je me reconnais. J'ai pour objectif de rendre le tourisme accessible à un plus grand nombre et d'en faire un levier de développement durable puisque les acteurs seraient aussi bénéficiaires. Et puis, la géographie du pays elle-même nous indique la direction. Haïti fait 27750 km2 dont 70% sont des montagnes. Il faut une forme de tourisme qui puisse permettre à ceux qui n'habitent pas les côtes de participer. Aujourd'hui, je suis persuadé que c'est une opportunité pour Haïti de développer cette forme de tourisme alternatif pour avoir un produit original dans les Caraïbes... »

À vos yeux, quel pourrait être le visage d'une Haïti où un tourisme intelligent serait bien développé ? « Celui d'une Haïti qui a séché ses larmes et refait son maquillage... »

Quels sont vos projets pour continuer à développer votre activité ? « Dans le cadre de la Route du café, introduire de nouveaux autres attraits, notamment un mini-musée du café mettant en valeur les grands planteurs de la communauté et une promenade végétale par exemple. Mieux la faire connaître et trouver des investissements pour supporter la relance de la filière café. »

Pourriez-vous nous partager votre coin secret en Haïti, celui qui vous tient particulièrement à cœur et nous expliquer pourquoi ? « Moi j'aime beaucoup Fond Jean-Noël parce que les personnes y sont franches et sincères. En plus il y a une bonne couverture végétale et il y a du café, ajouté aux vues magnifiques qui s'offrent à nous dans certains endroits de la communauté. »

Que souhaitez-vous particulièrement mettre en lumière en Haïti ? « La culture, les arts et l'artisanat, l'Histoire, les sites naturels, la gastronomie... Il y a certaines recettes culinaires qu'on ne trouve qu'en Haïti, tout comme certains proverbes légendaires ! »

Et au contraire, qu'aimeriez-vous améliorer, quelle situation / habitude souhaitez-vous dénoncer qui selon vous dessert le pays ? « Les clivages sociaux déraisonnés, un certain sectarisme stérile... »

Quelle est votre philosophie de vie ? Qu'est-ce qui vous définit et vous anime en tant qu'être-humain ? « Ma vie est un perpétuel chantier, "vingt fois sur le métier, révisez votre ouvrage...". Je suis entrepreneur social et ce qui m'anime le plus c'est de participer à la création de bien-être autour de moi et plus largement aussi. »

Une lecture, une musique, un conseil à recommander au voyageur qui voudrait s'imprégner d'ambiance et de culture haïtienne ? « Bain de lune de Yanick Lahens et une musique Ayiti Se de Michael Benjamin. »

Quel code aimeriez-vous partager au voyageur qui veut se montrer le plus respectueux envers le pays en venant ? « Ce serait en tout premier lieu de traiter les gens avec respect et humanité. »

Le mot de la fin ? « Ce n'est jamais fini. On va continuer à travailler, Ayiti devra se remettre debout, tenir les opportunités qui se présentent à elle par le bon bout et ceci, en toute dignité. »