Voir Procida et mourir…

Babel Plans

Par Laetitia Santos

Posté le 3 juillet 2014

Elle est méconnue de tous et pourtant, elle est à n’en pas douter la plus gracieuse et la plus authentique des îles de la baie de Naples. Elle, c’est Procida, 3,75 km2 seulement et un nom doux comme le c qu’il ne vous faudra pas oublier de faire chuinter...


Des façades safran, framboise et vert d’eau, d’autres décrépies par le temps, des balconnets ouvragés et puis une odeur de jasmin frais qui nous chatouille le nez, des trattoria authentiques et pas un seul supermarché, des icônes de la Madone suspendues ça et là comme on suspend le linge aux fenêtres, quelques plages de sable noir, des orangers et des citronniers chargés de fruits ensoleillés, des scooters, des petites estafettes, et des Fiat encore plus petites, mais très peu.

En partant de la Marina Grande, une rue ondule à travers le centre historique et escalade les pentes de Procida. Au bout de 10 minutes de marche où le regard pénètre à gauche chez un coiffeur-barbier d’une autre époque, à droite dans un jardin secret que l’on aimerait percer à jour, la rue débouche sur une esplanade avec vue, terrasse superbe dominant la mer d’où l’on aperçoit un des bras de Procida. Ca caquète à droite, ça caquète à gauche, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. Une vieille a dressé une table de plastique habillée d’une nappe à carreaux sur laquelle elle a installé des aubergines marinées qu’elle propose aux passants à côté de quelques autres délices. À partir de là, on entame une descente de quelques minutes dans une rue imprégnée d’iode. Les maisons accrochées à la falaise y sont biscornues, comme les rues. On est monté pour mieux redescendre et aterrir près de l’eau, sur une autre face de l’île : bienvenue dans le petit port de la Corricella. Ici semble être le coeur battant et originel de Procida : quelques tables pour dîner au bord de l’eau, des petites embarcations de pêche dansantes qui témoignent d’une économie maritime, subsistance première de l’île, un amas de filets, de bouts, de bouées, un ancien buvant, le regard perdu dans l’eau et la clope au bec, des façades colorées fonçant sous le jour tombant, un clocher couleur paille à l’allure fière… On aimerait tant que le temps se suspende là, maintenant.

Mais on se motive pour repartir et grimper jusqu’à la citadelle de l’île, qui trône, protectrice, au plus haut point de Procida. Falaises à pic et murailles bien costauds forment un bouclier qui semble imprenable. En grimpant jusqu’à elle, on fait un crochet par l’abbaye Saint Michel Archange, saint patron protecteur de Procida, bâtie au XIe siècle. Avec toutes les violations barbares subies par l’île la plupart de son Histoire, pas étonnant que Procida se soit pourvue de protections architecturales et religieuses. Différents points de vue s’offrent au marcheur et révèlent les contours de l’île, une vision pétillante de la Corricella, une clarté de l’eau délicieuse.

Tant de charme n’a pas échappé au septième art : Procida a vu de nombreux tournages prendre plateau dans ses ruelles. Parmi les plus célèbres d’entre-eux, Le Postier de Michael Radford, qui retrace l’amitié entre un facteur et le poète Pablo Neruda, ou encore Le talentueux Mr Ripley signé Anthony Minghella.
Procida inspira aussi un roman fougueux à Alphonse de Lamartine, baptisé du nom de sa belle et jeune amoureuse, Graziella avec qui il vécut passionnément son histoire dans le décor romantique de l’île. "La poussière rose couvrait ses mains et volait quelquefois jusqu’à son visage, saupoudrait ses joues et ses lèvres d’un léger fard, qui faisait paraître ses yeux plus bleus et plus resplendissants. Puis elle s’essuya en riant et secoua ses cheveux noirs dont la poussière me couvrit à mon tour" écrit-il avec délicatesse. Avant que sa belle ne vienne brutalement à disparaitre : "Le docteur dit que je mourrai avant trois jours. Je veux te dire adieu avant de perdre mes forces..."

L’expression connue encense la beauté de Naples au travers de ces quelques mots forts, Voir Naples et mourir mais finalement, la capitale de région n’aurait-elle pu laisser ce privilège populaire à la moins célèbre de ses îles, et pourtant la plus captivante ?… Pour nous, c’est tout tranché et comme Graziella, notre dernier souffle sera pour Procida le temps d’un ultime message à vous délivrer : "Voir Procida et mourir… "

Infos Pratiques : Pour vous y rendre, prenez un vol jusqu’à Naples puis direction le port en bus. Là, des ferries font la navette entre Naples et les îles, Procida est la première à être desservie après une petite heure de traversée en mer.

Pour un séjour clef en main, adressez-vous à Nomade Aventure qui travaille aux côtés de Skippair pour vous offrir un voyage entre terre et mer à découvrir ici.

Procida

La plus gracieuse et la plus authentique des îles de la baie de Naples

Coordonnées

Procida, Campanie, IT