"Le soleil des Scorta", partager la destinée d'une traditionnelle famille des Pouilles

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 5 octobre 2012

Un roman générationnel et solaire qui nous fait nous frotter au caractère fier et travailleur d’une famille du sud de l’Italie sous le brûlant soleil des Pouilles.


Les Scorta sur près de cinq générations, c’est la famille au centre de ce roman dont le décor est un petit village du sud italien, Montepuccio.

Ce livre là, prix Goncourt 2004, on sent que Laurent Gaudé l’a écrit à coups de souvenirs de bonheur : il y loue avec pudeur et simplicité la saveur des jours d’été dans la région dont sa femme est originaire, les vieillards assis devant chez eux, les olives qui, à l’image des hommes sont éternelles, la poussière et la rocaille, les tomates qui sèchent sur les balcons, le catholicisme comme colonne vertébrale du quotidien, les liens du sang, les troccoli à l’encre de seiche (les fameuses pâtes spécialité de la région), la sécheresse du climat, la rudesse de la vie, l’authenticité d’une telle vie ...

Au fil des lignes, au fil de cette destinée familiale faite de dur labeur, d’un voyage manqué vers le Nouveau Monde, d’un amour inavoué, d’attaches fraternelles primant sur tout le reste, de disparitions douloureuses, on se retrouve à palper la vie de ce village comme si l’on y était, jusqu’aux odeurs, jusqu’au poids des traditions.

On retiendra de ce roman la quête du bonheur de chaque génération qui se résume à ces quelques phrases empreintes d’une profonde humanité et qui place le travail au centre de cette quête : "*Nous n’avons été ni meilleurs, ni pires que les autres. Nous avons essayé. C’est tout. De toutes nos forces, nous avons essayé. Chaque génération essaie. Construire quelque chose. Consolider ce que l’on possède. Ou l’agrandir. Prendre soin des siens. Chacun essaie de faire au mieux. Il n’y a rien d’autre à faire que d’essayer. Mais il ne faut rien attendre de la fin de la course. Tu sais ce qu’il y a à la fin de la course ? La vieillesse. Rien d’autre. (...) Alors il faut profiter de la sueur. Car ce sont les plus beaux moments de la vie. Quand tu te bats pour quelque chose, quand tu travailles jour et nuit comme un damné et que tu n’as plus le temps de voir ta femme et tes enfants, quand tu sues pour construire ce que tu désires, tu vis les plus beaux moments de ta vie*****."

Ces pages sentent la Méditerranée à plein nez, la bonne chère, la famille, le labeur, la chaleur. L’aridité palpable tout du long ne les fait jamais basculer dans les grands sentiments mais on s’enflamme pourtant comme paille au soleil pour ce concentré d’Italie du Sud.