"Beauté Congo", l'énergie électrique de l'art contemporain congolais

Culture

Par Laetitia Santos

Posté le 4 septembre 2015

La vigueur créative du Congo-Kinshasa concentrée dans le beau bâtiment de verre de la Fondation Cartier. Coloré, revendicateur et bourré d’énergie !


"J’ai cherché, par l’exposition d’une grande quantité d’oeuvres, à inviter au voyage, à nous mettre face à quelque chose que nous ne connaissons pas, à émerveiller, à provoquer cette connivence, par apprivoisement une fois la surprise passée, ou dans le choc de la surprise." André Magnin, le commissaire de l’exposition Beauté Congo - 1926 - 2015 - Congo Kitoko, est un passionné d’art africain dont il aime à révéler d’emblématiques figures. C’est à lui que l’on doit cette mise en lumière audacieuse de l’art contemporain du Congo aujourd’hui présentée à Paris, entre peinture, photographie, bande-dessinée, mais aussi parenthèses musicales.

Au travers de 90 années de création artistique, on se plonge dans l’histoire de ce pays d’Afrique Centrale, de son passé de colonie belge au régime de Mobutu, en passant par les chaudes nuits à Kinshasa ou encore l’éternel combat de boxe entre Ali et Foreman en 1974, gravé dans la mémoire collective.

L'art moderne Congolais

Les précurseurs de cette peinture moderne congolaise ? Antoinette et Albert Lubaki qui, dans les années 20, peignaient leurs cases de délicates décorations figuratives ou abstraites, témoignages précieux de leur rapport à la nature notamment. Viens ensuite Bela et ses toiles en bleu vert recouverte du bout des doigts de l’artiste comme un pointillisme bien à lui.

On découvre après cela l’existence de l’École d’Elisabethville et des peintres de l’Atelier du Hangar qui officièrent dans les années 50. Et ces clichés au noir et blanc puissant signés Jean Depara nous délivrant la torpeur des nuits kinoises. À cet étage inférieur de la fondation Cartier, on reste aussi les yeux écarquillés sur ces étranges constructions, maquettes imposantes de petits mondes entre futurisme et science-fiction.

On monte d’un étage et voilà la dernière génération d’artistes congolais en date, ceux qui n’ont pas peur des couleurs survitaminées, des dénonciations politiques, des revendications sociales. Le Congo actuel transparait dans chacune des oeuvres même si on aimerait davantage les comprendre - le médiateur qui guide une visite commentée, c’est surement une très bonne idée dans ce cas ci ! - fait de fêtes nocturnes, de rumba, de sensualité et de violence aussi. En tête de file, des artistes nommés Chéri Samba, JP Mika ou Moke, lesquels se disent "artistes populaires" et dont le travail parle à tout un peuple.

On repartira de là des pigments plein les yeux, en ayant découvert un courant artistique frénétique à nul autre pareil et en ayant voyagé jusqu’en RDC par transmission de sensations faites de mordant, d’effronterie, de volupté et de beaucoup de modernité. De quoi contribuer à un regard neuf et plus réaliste sur la République Démocratique du Congo de 2015.

La bonne idée en plus : offrez-vous quelques minutes dans le jardin qui entoure la Fondation Cartier. Protégé par des parois de verre qui viennent faire barrière contre la pollution sonore de la rue, ce jardin composé d’un théâtre de verdure où se rafraichir et boire un jus est une conclusion agréable à la visite de l’expo.