Blue Zone : les centenaires battent des records en Sardaigne

Vécu et approuvé

Par Adèle Boudier

Posté le 6 juillet 2019

Lomo Linda aux Etats-Unis, Nicoya au Costa Rica, Icarie en Grèce, Okinawa au Japon et la Sardaigne. Voici cinq territoires bien différents qui ont pourtant la longévité de leurs habitants comme point commun. Ces régions, nommées « Blue Zones », ont été identifiées et mises en lumière par Gianni Pes et Michel Poulain, démographes, et Dan Buettner, auteur de l’article "The secrets of Long Life" paru chez National Geographic. De notre côté, on a posé nos valises en Sardaigne : focus sur les secrets de cette longue vie sarde !


Alors qu’un premier voyage m’avait amenée sur les pas de centenaires sardes dans la ville d’Alghero au nord de l’île au travers une exposition photos à même les murs… Me voilà en terre de longévité dans la province de Nuoro.

Mode de vie et gastronomie

Phénomène intriguant, cette longévité hors-norme interpelle de nombreux scientifiques. L’aspect génétique est questionné, les chercheurs se sont également penchés sur les caractéristiques environnementales, le mode de vie sain en altitude et la nourriture : les habitants des « zones bleues » sont actifs au-delà de 80 ans, socialement entourés, consacrent du temps à la détente et attachent de l’importance à leur alimentation.

Basta les heures immobiles devant l’ordi : on bouge quotidiennement et sans regarder les années passer ! On n’oublie pas de prendre du temps pour soi, entouré de ses proches et bien sur… On s’éloigne du stress citadin.

Dans son livre Blue Zones, Buettner donne ainsi une liste de neuf leçons : « une activité physique modérée et régulière, un but dans la vie, la réduction du stress, la restriction calorique, une alimentation à base d’aliments d’origine végétale, une consommation modérée d’alcool, un engagement spirituel ou religieux, un engagement dans la vie de famille, un engagement dans la vie sociale ».

Pour le rythme de vie non-sédentaire, on vous en parlait ici, alors qu’on essayait tant bien que mal de suivre le pas habile des chèvres et brebis lors de nos randonnées montagnardes. Terre d’élevage où les maisons de bergers perchées à flancs de collines sont les témoins d’un art de vivre encore bien présent, la Sardaigne et ses traditions permettent donc un mode de vie des plus actifs. Pas étonnants que des bergers et fermiers se retrouvent centenaires avec toute une vie d’activité au grand air !

En Sardaigne, vous vous apercevrez vite de l’importance de la cuisine, bien ancrée dans les traditions et la culture actuelle : produits frais et faits maison au rendez-vous. Le point commun entre les régimes alimentaires des Blue Zones des quatre coins du monde ? L’importance des aliments d’origine végétale, avec la viande, le poisson ou le fromage seulement en petite quantité.

Bon… vu les nombreux repas à base de charcuterie lors de notre voyage en Sardaigne… On se dit que redoubler de marche ne peut faire que le plus grand bien.

C’est avec le même étonnement qu’Angèle Ferreux-Maeght, cheffe - naturopathe spécialiste de recettes santé et Vincent Valinducq**, médecin généraliste** adepte du bio, dégustent les repas sardes aux côtés de leurs hôtes dans le documentaire "Zones Bleues, les secrets de la longévité" sur France 5 [en replay jusqu’au 15 août] : cochon de lait à la broche, ravioli à la graisse de porc, casu marzu (fromage sarde, connu pour être ensemencé par des larves vivantes) au menu de ce grand mystère.

Des repas de fête gargantuesques, de la cochonaille, du fromage et du vin en grande quantité... Un régime alimentaire contredisant toutes les études scientifiques. Et pourtant... Ces records de longévité sont bien réels.

L’alimentation sarde traditionnelle où la viande était autrefois moins présente , jouerait un rôle important dans la longévité des habitants de cette Blue Zone : légumes du jardin (fèves, tomates, aubergines), du pain de grains entiers, du fromage pecorino fait de lait entier de brebis nourries à l’herbe, du vin rouge local riche en polyphénols (selon L’Observatoire de la prévention - Institut cardiologique de Montréal).

« Une quantité modérée de glucides, du pain plat, du pain au levain et de l’orge**, s’accompagne, pour équilibrer, de beaucoup de fenouil, fèves, pois chiches, tomates, amandes, thé au chardon et d’un ou deux verres de vin par jour » détaille l’article de Slate « Dans les «zones bleues, les secrets de longévité des centenaires sont dans l’assiette ».

Selon la Cheffe Angèle Ferreux-Maeght : "Toute sa vie, [Zellinda, une centenaire du village de Seulo, NDLR] a consommé des produits du potager qu’elle a fait pousser elle-même : des aliments qui sont extrêmement riches en vitamines, acides aminés etc. Elle n’a jamais consommé de produits industriels qui ne sont plus du tout intéressants nutrionellement : il n’y a plus de vivant dedans ; il n’y a plus d’enzymes, plus de vitamines ; il n’y a presque plus de minéraux, et ça ne nourrit pas les cellules".

Mais la longévité passe également par le social : alors que l’individualisme prend de plus en plus de place dans nos société, les centenaires sardes semblent pouvoir compter sur une culture basée sur des valeurs familiales fortes. Faire partie d’une communauté, être entouré et créer du lien social serait donc un des secrets pour survoler les années avec insouciance. Et quand on goûte la tourte aux épinards cuisinée avec amour par la mama de notre guide rando… On ne peut que le croire ! On retiendra les mots sages de Zellinda : "C’est important l’harmonie familiale (...). Du désordre ne nait rien, l’union fait tout".

Selon cette fameuse émission de France 5, les pilliers de la longévité sarde seraient ainsi : l’ADN, le lien social fort et intergénérationnel, l’alimentation monotone et locale, puis la topographie permettant une activité physique et douce dans un environnement escarpé.

Escapade à Villa Grande

A la découverte de cette région de l’île, une escapade à Villa Grande s’impose. En empruntant une des fameuses routes de montagne de la Sardaigne, vous apercevrez les formes de ce village coloré à flanc de colline. Attiré par ce tableau, vous arriverez dans ses charmantes ruelles : ambiance village au rendez-vous, quelques regards curieux… Un simple “buongirono” accompagné d’un sourire et vous voilà bien reçu !

Fière de sa culture, Villagrande fait "hommage à ses vieux" au travers de fresques murales entre street-art et traditions. Laissez-vous emporter par cette balade artistique du village et partez à la rencontre de ces hommes et femmes cachés aux recoins des ruelles.

Côté papilles et apprentissages culinaires… Un petit coup de cœur pour les culurgiones typiques de Villagrande, cuisinés à l’hôtel Orlando. Ces savoureux ravioles farcis à la pomme de terre, à l’ail, au basilic et au fromage répondent à une impressionnante technique que nous avons tenté d’acquérir le temps d’un atelier cuisine… Pas de doute : il faut bien toute une vie pour la maîtriser.

Le grand plus : les produits frais et biologiques issus en grande partie de la production de l’hôtel. Un hébergement en accord parfait avec son territoire et faisant une place importante aux traditions, tant dans la décoration de l’hébergement que dans les plats proposés.