"I Wish I Knew" : Shanghai au fil de l'eau

Culture

Par Laure Croiset

Posté le 19 janvier 2011

Loin de tous clichés, le documentaire chinois "I Wish I Knew" nous ouvre les portes de Shanghai grâce au regard aiguisé de Jia Zhang Ke. De 1930 à aujourd’hui, c’est à travers 18 témoignages que le visage de la mégalopole portuaire va peu à peu prendre forme. Une promenade mélancolique et énigmatique à savourer pour tous les amoureux de l’Asie.


Littéralement, Shanghai signifie "sur la mer". Cette mégalopole portuaire, qui reste aujourd’hui la ville la plus peuplée de Chine, fait l’objet cette semaine d’un documentaire signé Jia Zhang Ke, l’un des cinéastes chinois les plus convoités du moment.

Vers l’avenir

Depuis ses premiers films, Jia Zhang Ke s’attache à enregistrer les transformations contemporaines de la Chine. Que ce soit par le biais du documentaire ou par celui de la fiction, le cinéaste fait se côtoyer le présent et le passé afin de mieux appréhender l’avenir. Avec I Wish I Knew, Jia Zhang Ke prolonge cette réflexion et confronte son regard à celui de Shanghai, ville qui porte en elle les problématiques contemporaines et historiques de la Chine.

Une ville contrastée

A travers les expériences et les regards de dix-huit personnages qui ont assisté aux changements de la ville de Shanghai, se dessine peu à peu le portrait d’une ville contrastée. Depuis les années 30 jusqu’à aujourd’hui, des révolutions politiques et culturelles à la transformation démographique et architecturale de la mégalopole, Jia Zhang Ke privilégie les anecdotes personnelles aux discours théoriques et recueille les paroles de ces témoins avec la rigueur d’un ethnologue et la sensibilité d’un cinéaste.

Ame errante

A cette réalité historique, s’ajoute une dimension onirique apportée par l’usage d’inserts d’extraits de films. Hou Hsiao-hsien, Wong Kar-wai, Michelangelo Antonioni viennent ainsi bousculer l’Histoire pour offrir une vision troublée et défragmentée de cette ville qu’on appelle Shanghai. Cette promenade ne serait pas complète, si elle n’était pas accompagnée par cette figure errante incarnée par Zhao Tao (égérie de Jia Zhang Ke), qui intervient ponctuellement dans le film, comme le miroir des âmes égarées de la ville de Shanghai. Troublant.

I Wish I Knew, Histoires de Shanghai, réalisé par Jia Zhang Ke
En salles le 19 janvier 2011