André Dussollier : Regard(s) sur Venise

Culture

Par Laure Croiset

Posté le 17 août 2011

Dans "Impardonnables", en salles aujourd’hui, André Dussollier évolue dans un décor vénitien devant la caméra d’André Téchiné. Pour nous, l’acteur s’est confié sur ces deux mois de tournage en dehors des sentiers battus.


Parlez-nous du regard que porte André Téchiné sur Venise dans Impardonnables, loin de tous clichés.

"Parce que les personnages y vivent comme des habitants de Venise. Elle, elle a une agence immobilière, lui, il vient ici pour écrire. Et donc ça les amène dans des lieux qui ne sont pas touristiques, qui ne sont pas fléchés, qui sont un peu inattendus, un peu comme Téchiné connaît Venise. Il y va pour travailler. C’est une île, ça s’appelle ’la sérénissime’ et à part ce côté touristique qu’on connaît, il y a des tas d’endroits à Venise qui sont des lieux de vie. Ça n’empêche pas la beauté, mais c’est pas ostentatoire, c’est pas carte postale."

Et ce tournage sur l’île de Sant’Erasmo ?

"Cette île de Sant’Erasmo est située juste à côté de Venise, mais n’est pas spécialement connue. C’est un endroit où on cultive des artichauts et d’autres légumes. Quant à Venise même, on a l’impression de découvrir la ville comme un personnage un peu différent. Même si on n’avait même pas le temps de s’attarder sur ville. Carole (Bouquet), si, peut-être un peu plus, elle avait plus la liberté de le faire ou elle se l’est accordée davantage. De temps en temps, on est allé voir des choses, mais c’était agréable d’y vivre pas en tant que touristes, mais y travailler, c’était vraiment bien."

Est-ce que vous avez besoin, comme votre personnage, de vous trimbaler avec votre appareil photo ?

"(Rires) Moi, je ne suis pas trop un adepte de la photographie. A tort, je le regrette. Mais lui se sert de la photo surtout pour les besoins de son livre. Et après, il s’en sert pour des besoins privés. Mais j’aurais envie d’y retourner à Venise, de retrouver cette ville, mais par le biais du tournage, c’est-à-dire de façon plus vraie, plus authentique et pas du tout touristique. Mais oui, à Venise, il y a l’eau, il y a cette atmosphère un peu hors du temps. L’eau force les gens à être dans un rythme plus calme, c’est un rythme insulaire, il n’y a pas d’énervement, pourtant dieu sait qu’il y a beaucoup de bateaux, beaucoup de circulation. N’empêche, les gens sont dans un élément plus humain, plus vrai, même si Venise a ce côté carte postale."

André Téchiné montre Venise comme un lieu de passage, de transition…

"Oui, c’est vrai et les personnages sont un peu dans un moment de transition dans leur vie aussi. Il y a le titre du livre de mon personnage aussi : Des gens de passage et l’une des répliques du film que je dis à ma fille. Parce que c’est aussi une ville en train de mourir. Il n’y a plus de vie sans le tourisme, c’est un peu comme un musée, c’est difficile de vivre à Venise, ça coûte très très cher. Il faut être très riche, il n’y a plus que les vieux aristocrates, comme c’est montré dans le film d’ailleurs. On a tourné dans des palais vénitiens tenus par des aristocrates, des duchesses qui vivent assez chichement mais qui ont leur propre palais. Alors, il nous montre un peu le Venise tel que c’est un peu aujourd’hui. Mais il faut dire que quand vous allez le matin sur le plateau en bateau, c’est pas mal. On faisait à peu près 30 minutes de bateau pour aller sur les îles en particulier. Je me disais : ’Savoure ça’. Et le soir, en revenant, c’était extraordinaire…"