À la conquête de La Ciudad Perdida

Vécu et approuvé

Par Rodrigo de Dream Voyager

Posté le 16 avril 2018

En voyage dans sa Colombie d’origine, Rodrigo, du web magazine Dream Voyager, nous fait découvrir la Ciudad Perdida dans un récit aussi poétique que magique, illustration d’une expérience hors du commun. Plongez avec lui dans des paysages merveilleux, au cœur de la Sierra Nevada de Santa Marta.


Nous sommes en Colombie, pays par excellence du "réalisme magique", inoculé par le célèbre écrivain Colombien au Prix Nobel de littérature 1982, Gabriel Garcia Marquez, avec ses fabuleux romans "Cent ans de solitude" ou bien encore "L’amour au temps du Choléra".
Réalisme magique dont j’ai pu sentir parcourir l’échine au fil des pas que je faisais en pénétrant dans cette biosphère, tous les éléments magiques voire surnaturels décrits par l’auteur Colombien dansaient dans cette forêt tropicale, mise en mélodie par les chants des oiseaux invisibles, se cachant sous l’épais feuillage de la Sierra Nevada de Santa Marta.

Je chemine donc avec légèreté comme transporté sur les ailes d’un Toucan vers la Ciudad Perdida.

Aucune description même écrite de la plus belle plume détachée des ailes de l’ange Gabo (qu’il me pardonne) ne pourrait vous faire voyager dans ce lieu remarquable, qu’est la Sierra Nevada de Santa Marta. Alors je citerai simplement quelques caractéristiques géologiques.

Notons tout d’abord, que c’est le plus haut massif montagneux du monde dominant une mer, celle des Caraïbes. Et avec ses 5775m, le Pic Cristobal Colon peut être fier et se targuer d’être le point culminant de Colombie. Je peux également te mettre en relief que l’UNESCO l’a désigné comme réserve biosphère modèle dû à son incroyable richesse en biodiversité, associée au développement écologique et durable. Enfin je peux aussi te conter que cette forêt adossée à flanc de montagne, abrite en son cœur les derniers témoins et gardiens des grandes cultures pré-colombiennes sur le territoire Sud Américain. Tout comme l’étaient les ethnies Incas, Mayas ou Aztèques, ces ultimes héritiers aux nombres de quatre tribus sont les Wiwa, Ahruacos, Kankuamos et Kogis, descendants direct de la civilisation Tayrona.

Tu l’as compris la Sierra Nevada de Santa Marta est unique au monde par sa géologie, sa biodiversité et l’histoire qu’elle conserve, avec ses communautés Indiennes. A moins que ce ne soit ces Indiens qui protègent son âme et fait d’elle un lieu unique au monde...

Me voilà parmi un petit groupe de six personnes, formé par, La Mochila Travel, agence de tourisme durable. Nous sommes donc partis à la conquête de l’âme de la Sierra Nevada, illustrée par une aventure de cinq jours dans cette biosphère hors du commun et nous serons accompagnés d’un guide indien répondant au prénom de Manuel.

Plus tard un de ses fils nous rejoindra sur le trajet et me marquera l’esprit par sa maturité, son dévouement et son silence. Je marche en région caribéenne où chaleur et humidité extrêmes se combinent pour accompagner mes premiers pas. J’avale difficilement les premiers dénivelés sur les sentiers de terres argileuses, dans cette forêt millénaire où les rayons du soleil peinent à traverser la canopée. Mais les cris des oiseaux mélangés aux chants des insectes se synchronisent parfaitement aux battements de mon cœur et me font oublier la difficulté du climat. Je peux donc contempler avec calme la beauté des éléments qui m’entourent.

Le groupe se sépare, chacun trouve son allure de croisière, je me retrouve seul sur le chemin et la solitude devient au fil des kilomètres la meilleure compagne de voyage dans cet univers floral où arbres centenaires veillent et effluves tropicales valorisées par des bruits inconnus rythment mes foulées.

Beaucoup disent que l’ascension de "Ciudad Perdida" se mérite. Je dirai que si vous gardez vos sens éveillés, la Sierra vous la facilite.

1972, guaqeros, des chasseurs de trésors archéologiques assoiffés d’or et d’objets de valeurs tombent sur les premières marches de cette cité au fin fond de cette forêt, qui serait plus ancienne et grande que le célèbre Machu Picchu Inca.

Découvert par "notre monde" peut être... Mais les tribus locales Indiennes connaissaient déjà son existence et gardaient leur silence sur cet incroyable site. Ce qui me parait normal à la vue du pillage qui a été commis après sa découverte par les guaqeros. De plus l’instabilité politique et économique gangrenée par les narcos-trafiquants du Pays et particulièrement dans la région Caribéenne, a fait de la Sierra Nevada de Santa Marta une zone de conflits entre différents groupements armés qui atteint son paroxysme en 2003 après l’enlèvement de touristes. Ce qui n’arrangeait pas la conservation, l’attractivité et l’accessibilité des lieux.

Ce ne fut qu’en 2005 que la sécurité a pu être rétablie par l’armée Colombienne. D’ailleurs, régulièrement au cours du Trek nous avons pu voir les troupes, lourdement armées, emprunter le chemin menant à la Ciudad Perdida.

Les étapes se succèdent dans cette beauté environnementale, les refuges de fortune s’avèrent être précieux pour récupérer des efforts successifs. Chaque soir nous nous retrouvons entre voyageurs autour de tables brinquebalantes, éclairées à la bougie, accompagnés d’une symphonie d’insectes rebondissant sur la canopée, tandis que les indiens s’affairent en "cuisine" pour nous offrir une hospitalité irréprochable. La nuit tombante, le calme s’empare du campement mais les sonorités inconnues sortant des bosquets continueront toute la nuit de nous bercer.

Blotti dans mon hamac, moustiquaire comme voile de mariage avec la Sierra, je me remémore les moments passés et je pense à la journée de demain. Puisque nous y voilà, nous sommes à ses pieds, je m’imagine gravir ses marches une par une en les comptant, le résultat ne fut pas plus efficace pour me faire tomber dans un sommeil léthargique.

Au petit matin, le campement se réveille et se prépare à la dernière ascension pour cette fameuse cité perdue où, outre la particularité que quelques groupes d’indiens Kogis dont un Chaman se sont réappropriés les lieux, le seul fait de monter ses 1200 marches vieilles de plus de 1000 ans me procure une joie et une émotion immenses, indescriptibles.

Majestueuse, "Teyuna" dans le dialecte Indien, se dresse devant toi de toute splendeur, ses terrasses, plus ou moins 170, ses chemins en pavés reliant les différents points de la cité mettant en harmonie l’organisation d’antan, ses cartes de la Sierra Nevada gravées sur des pierres il y a plus de 500 ans. En résumé un trésor archéologique inestimable.

D’ailleurs, nos guides indiens nous relatent l’histoire, leurs croyances et les événements passés avec grande émotion et pédagogie. Un immense respect domine le groupe de voyageurs, impressionnés, par ce lieu transpirant d’une culture ancestrale basée sur le respect de la "Terre Mère", que les communautés Indiennes essaient de préserver.

Découvrez d’autres récits de Rodrigo sur le Web Magazine Dream Voyager.