SOS coraux en danger : vite, une crème solaire engagée !

Éthique, et toc !

Par Elodie Mercier

Posté le 13 août 2019

14 000, c’est le nombre de tonnes de crème solaire restant chaque année dans les océans(1) et 25% de la lotion étalée sur le corps se dilue dans l’eau au bout de vingt minutes de baignade(2). Le couac, c’est que la plupart de ces produits sont toxiques pour le milieu marin. Quel constat, quelles solutions ? Partez avec nous sur les traces de ce produit phare.


Les principales victimes de notre étalage toxique ? Les coraux, de l’Australie au Mexique, en passant par Israël. Mais ils ne sont pas les seuls : les planctons et les humains sont aussi touchés. Comment trouver un équilibre entre une peau saine et un environnement préservé ?

Une protection à risque

Du côté des composants chimiques, l’oxybenzone, contenu dans de nombreuses protections solaires, est absorbé par les coraux et perturbe leur reproduction et leur croissance. Ce phénomène s’observe dans le blanchissement des récifs. C’est alors toute l’économie liée au tourisme qui est fragilisée. Certains locaux en ont conscience, comme les mayas du sud du Mexique, qui se protègent du soleil par des vêtements longs.

Des chercheurs questionnent aussi l’impact de la crème solaire sur les autres espèces aquatiques. Les planctons seraient également sensibles à ses composants. Ces organismes microscopiques ne sont pas consommés directement par l’Homme, mais ils sont la base de la chaîne alimentaire du milieu marin. Il y a donc des risques d’impact sur toute cette chaîne alimentaire, jusqu’à l’Homme, par le biais des crevettes, crabes et autres poissons.

Par ailleurs, l’oxybenzone est un perturbateur endocrinien, à la fois pour l’Homme et pour toutes les espèces marines. Et il n’est pas la seule substance à risque des protections solaires : le blog « Explore le monde » en a recensé quelques-unes.

Malheureusement, ce composant chimique est présent dans la plupart des écrans solaires premier prix de supermarché. On en trouve également dans d’autres cosmétiques, comme les crèmes de jour, les shampoings, les gels douche ou les vernis à ongles.

La bonne nouvelle ? Les industriels l’excluent de plus en plus de leurs produits. Mieux : le laboratoire Haereticus Environmental Lab dresse tous les ans une liste des crèmes solaires sans danger pour l’environnement. Il existe donc des alternatives.

En quête d’alternatives efficaces…

Tout d’abord, évitons les crèmes qui contiennent des nanoparticules car ce sont les particules ingérées par les coraux. Ensuite, on trouve des protections solaires à base de minéraux, par exemple l’oxyde de zinc. Celles-ci sont moins risquées que les crèmes à base d’oxybenzone, mais aussi moins efficace.

Et le bio ? Les crèmes solaires bio contiennent moins de produits nocifs pour l’environnement. Il arrive toutefois qu’elles contiennent du dioxyde de titane, nuisible aux planctons.

Les scientifiques sont divisés sur l’existence, ou non, d’une crème 100% biodégradable. Mais certaines sont tout de même plus saines. Pour réduire la quantité de lotion déversée dans les océans et son impact, on peut choisir un écran solaire respectueux de l’environnement, se restreindre à une utilisation raisonnable et se protéger par des vêtements, chapeaux ou parasols.

Voici quelques exemples de gammes solaires garanties sans oxybenzone ni nanoparticules : celle des Laboratoires de Biarritz ; de Acorelle ou d’UV Bio.

Coraux en danger : solutions collectives

A long terme, certains Etats ont choisi des solutions radicales. L’archipel des Palaos, dans le Pacifique, est la première au monde à interdire tout type de crème solaire à partir de 2020. L’Etat américain de Hawaï va également prohiber les crèmes contenant de l’oxybenzone et de l’octinoxate (autre composant nocif).

Ces mesures ne sont pas les seules pour préserver le corail (et notre peau !). Certaines associations, comme Coral Restauration Fundation, permettent de restaurer le récif coralien pour une courte durée, idéale pour les voyageurs.

Les risques de cancers de la peau dus à l’exposition aux U.V. font de ce débat une équation complexe entre santé humaine et protection de l’environnement. D’autant que la protection de l’environnement a un impact à long terme sur la santé humaine.

La prise de conscience est déjà bien enclenchée au sein de la communauté scientifique, à nous de prendre le relai.

(1) Etude parue dans le magazine scientifique Environmental Contamination and Toxicology en 2016

(2) Recherche Sunscreens Cause Coral Bleaching by Promoting Viral Infections