Par Élise Chevillard
Posté le 25 mai 2023
Le mois dernier, nous avons passé 48h à Bordeaux, au fil d'un carnet de rendez-vous bien rempli ! C’est de manière responsable que nous avons fait connaissance avec la capitale girondine, sous un angle nature mais sans pour autant oublier ses incontournables. L’écosystème Darwin, la Cité du Vin, les Bassins des Lumières... Voici quelques moments choisis de notre escapade bordelaise.
Bordeaux : s’il y a une couleur qui lui sied bien au teint, c’est le vert. Entre terre et océan, la capitale girondine a d’ailleurs été désignée European capital of Smart Tourism 2022. Ce prix récompense les villes pour leur réalisation exemplaire en matière de tourisme responsable.
Bordeaux affiche sa carte nature entre ses parcs et ses jardins, ainsi que ses vignes aux portes de la ville. Rive droite comme rive gauche, les friches urbaines renaissent et redessinent les contours de la ville, comme le quartier Bacalan-Bassin à flots.
L’un des premiers lieux à voir insufflé un nouveau souffle à ce quartier, c’est La Cité des Vins, implantée sur les rives de la Garonne, et c’est justement notre première étape lors de cette escapade bordelaise.
Plus qu’un arrêt de tram et nous voici arrivés à destination. À l’approche de cette architecture signée par le cabinet XTU, La Cité du Vin offre plusieurs interprétations à ceux qui la regardent. Certains y verront le mouvement du vin tournoyant dans un verre, d’autres un décanteur, d’autres encore un cep de vigne noueux. Là où la Cité du Vin met tout le monde d’accord, c’est qu’elle ne laisse personne indifférent avec sa structure de verre et d'aluminium aux reflets dorés.
Inaugurée en 2016, La Cité du Vin propose un parcours ludique et sensoriel qui fait vibrer tous les sens à travers différents espaces répartis dans une nef de 3 000 m2. Loin d’être une ode aux vins de Bordeaux, celle qui aurait pu s’appeler La Cité des Vins met en lumière tous les vins du monde. Entièrement repensée, l’exposition permanente se parcourt librement, audioguide vissé à l’oreille pour ne pas perdre une miette de l’histoire du vin, de l’Antiquité à nos jours. Au programme : un survol des plus grands vignobles du monde grâce à des projections, un quizz pour tester ses connaissances en la matière, un jeu pour fouler du raisin virtuel avec les pieds...
Après la théorie, place à la pratique ! Au 8ème étage, surnommé Le Belvédère, on déguste ce nectar sous un plafond constitué de bouteilles vides tout en admirant la vue sur le chantier naval de Bordeaux.
Mieux vaut prendre sa journée pour tout faire ici car La Cité du Vin est aussi un lieu de vie. On peut se poser dans sa bibliothèque voûtée pour bouquiner ou bien se promener dans son jardin paysager en bord de Garonne. En plus de sa "collection permanente", le musée présente une exposition éphémère centrée sur la dégustation. Dans sa bibliothèque du vin de 14 000 bouteilles, les nectars s’alignent sur les murs comme des livres, aussi précieusement que s'il s'agissait d'ouvrages du Moyen-âge.
Un petit creux ? Ça tombe bien, La Cité du Vin abrite deux espaces de restauration : le snack café Latitude 20 et un restaurant panoramique et gastronomique : Le 7. Située comme son nom l’indique au 7ème étage, cette table propose une carte qui évolue au fil des saisons. N’oubliez pas de lever le nez de votre assiette pour profiter de la vue à 360 degrés sur le Port de la Lune.
Avant de partir, faites un tour dans le concept store dédié à l’art de vivre autour du vin. Ici, on trouve aussi bien des produits et accessoires de cuisine qu’une sélection de soins pour le corps et des baskets à base de... raisin ! La majorité des produits est fabriquée à quelques kilomètres de la cité girondine.
C’est le nouveau temple locavore de Bordeaux. Situé dans le quartier des Chartrons, le restaurant Casa Gaïa est déjà pris d’assaut à l’heure du déjeuner et du dîner.
On y mange une cuisine locale et du terroir, cuisinée au four à bois. À chaque saison, ses produits. Lesquels sont ici chouchoutés et sublimés dans des assiettes gourmandes et engagées. À la carte, on trouve aussi de la mozzarella bio Made in Bordeaux, en provenance de la laiterie Burdigala.
L’estomac bien rempli, on file vers le quartier des Bassins à flot pour une balade digestive.
Le quartier Bassin à flot est situé au bord de la Garonne, face au pont levant Chaban-Delmas, le plus grand pont levant d’Europe. Ouvert sur les horizons atlantiques, il a gardé le goût des voyages, accueillant en son temps tous les marins du monde. Au XIXe siècle, il accueillait les plus grands navires qui déchargeaient ici leurs cargaisons de fruits et de légumes. On y construisait aussi des bateaux.
Abandonné depuis 1984, cet ancien quartier de dockers a sombré dans l’oubli avant de renaître aujourd’hui. Depuis quelques années, les immeubles se sont mis à sortir de terre, accueillant logements, crèches, lycées, hôtels et commerces. Réaménagé depuis 2018, le port de plaisance permet d’amarrer plus de 300 bateaux.
Lieu de mémoire incontournable, témoin puissant de la Seconde Guerre mondiale, la base sous-marine, est l'une des cinq bases construites par les Allemands pour abriter des flottilles de sous-marins. C’est aujourd’hui le plus grand centre d’art digital au monde, appelé Bassins des Lumières. Ce dernier, organisé en plusieurs bassins, propose des expositions immersives à partir de projections visuelles et sonores. Jusqu’au 7 janvier 2024, ce sont les œuvres de Gaudí et de Dalí qui se refléteront dans les quatre immenses bassins. Dans un ballet de sons et de lumières, et dans un jeu de miroitement, les œuvres s’animent et nous plongent dans l’art des deux artistes espagnols.
Pour rejoindre le centre-ville, suivez les bords de la Garonne. Les quais du Bacalan ont été aménagés et accueillent bars, restaurants et boutiques dans les hangars, des anciens entrepôts portuaires. À l’heure du déjeuner, on y croise des coureurs mais aussi des étudiants qui prennent d’assaut les berges, pour un pique-nique improvisé au soleil.
Pour visiter la ville inscrite au Patrimoine Mondial de l'UNESCO depuis 2007, plusieurs solutions s’offrent à vous. En totale autonomie, laissez tomber les plans et perdez-vous dans ses rues, l’une des meilleures façons de découvrir la ville. Vos pérégrinations vous mèneront au Miroir d’Eau, où se reflètent les façades blanches de la ville pour un cliché souvenir, mais aussi de ruelles encore pavées en petites places, de la Porte Dijeaux à la Grosse Cloche, en passant par la Porte Cailhau.
À chaque quartier son atmosphère. Il y a les Chartrons et ses maisons basses, un quartier de brocanteurs et de petites tables. Le quartier des Grands Hommes et ses boutiques de luxe, le quartier Saint-Michel, ainsi que la très connue rue Sainte-Cath’ comme on dit à Bordeaux, la plus longue rue piétonne et commerçante d'Europe.
Vous pouvez aussi opter pour les visites thématiques proposées par l’Office de Tourisme ou encore parcourir la ville avec un éclaireur de l’association Alternatives urbaines. Cette dernière œuvre à la réinsertion sociale en proposant des visites qui sortent des sentiers battus.
Cette nouvelle adresse aux accents de drug-store parisien des années 70 a ouvert récemment dans le centre de Bordeaux, au n°7 de la Place Puy Paulin. Moquettes épaisses, touches végétales, grandes banquettes, œuvres d’art au mur... Ici, on se sent comme à la maison, un latte à la main en plus.
Le midi et en journée, le restaurant French House est devenu la cantine de beaucoup de Bordelais et visiteurs de passage, mais aussi le bureau de digital nomades. Le soir, quand les lumières baissent et que l’ambiance devient feutrée, on se love dans ses fauteuils rouges profonds en velours côtelé, tout en attendant le dîner.
Justement, le serveur vient nous chercher. À la carte : tartes flambées, aubergines rôties, ravioles de Royans, parmentier de canard, ceviche...
Saurez-vous trouver l’entrée de ce speakeasy ? On vous donne un indice : il est situé au sein de l’hôtel le FirstName, qui a ouvert début 2023, quartier Mériadeck. Dans ce paysage de bureaux et de tours, l’hôtel fait figure d’ovni. Une fois passé la porte du FirstName, oubliez tout ce que vous connaissez des hôtels traditionnels. Ici, on entre directement dans le bar-restaurant, Le Bada, là où tout se passe, du petit-déjeuner au dîner. Au fond, deux bornes pour faire le check-in en totale autonomie. Mais rassurez- vous, rien d’impersonnel ici, il y a toujours quelqu’un pour vous accompagner si besoin.
Avec ses 147 chambres réparties sur 5 étages - dont une suite - toutes écopensées, le FirstName est bien plus qu’un concept, c’est un lieu de vie à l’esprit feel good qui se diffuse dans chaque espace. Au Bada, on vient ici déjeuner et dîner pour découvrir la carte signée du chef Olivier Perronet et sa cuisine réconfortante, mais aussi bruncher en musique le dimanche, ou encore boire un dernier verre dans son bar caché.
Justement, on vous glisse un autre indice. Cherchez une vieille porte d’armoire... Vous avez trouvé ? Ce bar caché est ouvert aussi bien aux clients de l’hôtel qu’aux autres, mais uniquement sur privatisation (pour l’instant). Avec sa chouette terrasse et sa vue imprenable sur Bordeaux, on garderait bien ce lieu rien que pour nous ! Et pour ceux qui dorment sur place, il n’y a qu’un pas à faire pour rejoindre sa chambre.
Après une journée à parcourir en long et en large les rues de Bordeaux, sauter de monument en monument, qu’il est bon de se poser dans une chambre douillette ! On se love donc dans sa chambre Cockpit, pensée comme un cocon et baignée de lumière grâce aux grandes baies vitrées.
Un espace dressing, une cafetière à piston pour se faire un petit café de chez l’Alchimiste, des banquettes moelleuses, un sac de charbon pour purifier l’atmosphère, des tapis fabriqués à partir de filets de pêche... Tout a été soigné dans les détails, jusque dans le choix des matières douces et des tons neutres. Ne cherchez pas le minibar, il n’y en a pas. À la place, le FirstName propose des cuisines partagées à chaque étage avec des boissons et des snacks sourcés, mais aussi une salle de sport commune, le top pour rencontrer ses voisins de chambre !
Si la veille, vous avez commandé le petit-déjeuner en chambre, vous le trouverez alors suspendu aux mains sculptées qui ornent les couloirs du FirstName. Si ce n’est pas le cas, c’est au restaurant de l’hôtel que tout se joue.
Ici, pas de buffet, mais un menu décliné en brunch à choisir à la carte dans le style anglo-saxon. C’est copieux et équilibré et c’est tant mieux, car la journée s’annonce bien remplie. Une fois le petit-déjeuner dévoré, il faudra presque se forcer pour sortir de ce refuge, mais il serait dommage de ne pas profiter de ce que Bordeaux a à nous offrir. Alors direction ses vignobles, aux portes de la ville !
Capitale mondiale du vin tournée vers une viticulture responsable, la ville de Bordeaux est entourée d’une vingtaine de propriétés viticoles, certaines accessibles en transports en commun. Ces dernières sont nombreuses à ouvrir leurs portes aux visiteurs afin de sensibiliser à la viticulture durable et de faire goûter leur précieux nectar.
C’est le cas du Château Luchey Halde, situé dans la prestigieuse appellation Pessac-Léognan. On y accède en un saut de tram depuis le centre de Bordeaux, ou plutôt après un voyage d’une trentaine de minutes (descendre à l’arrêt Fontaine d’Arlac) qui se poursuit par un petit kilomètre à pied. Très vite, les petites maisons vont laisser place à la vigne et le Domaine apparaît. Ce château, tombé dans l’oubli pendant plus de 80 ans, renaît depuis 1999 grâce à Bordeaux Sciences Agro, l’Ecole Nationale d’Ingénieurs Agronome, qui a repris le terrain. L’idée ? Recréer l’ancien vignoble avec des pratiques respectueuses de l’environnement en utilisant les innovations technologiques de l’École.
Sur ses 23 hectares certifiés HVE (Haute Valeur Environnementale de niveau), on y cultive du rouge (Cabernet-Sauvignon, Merlot, Cabernet-Franc) et du blanc (Sauvignon gris, Sémillon). Toute l’année, le Domaine propose des visites guidées des vignes jusqu’aux chais qui se concluent par une dégustation. On peut aussi se promener librement dans le parc. Le château organise aussi des concerts et des dégustations thématiques.
Avant de partir (et si vous avez le temps), empruntez un petit bout du premier GR métropolitain de France, qui traverse le parc du Luchet. Cet itinéraire de grande randonnée est balisé sur 160 kilomètres entre villes, bois, paysages de vignes et marais.
De retour dans le centre de Bordeaux, enfourchez votre vélo pour franchir le beau pont de pierre, direction Darwin. On peut aussi s’y rendre en navette fluviale afin de respirer l’air marin le temps de quelques minutes, mais aussi emprunter le tram A, arrêt Stalingrad.
Avant d’arriver à Darwin, ne manquez pas le long de la Garonne, le Jardin botanique, véritable lieu d’observation de la biodiversité végétale d’Aquitaine. Ici, des expériences sont menées grandeur nature comme la plantation sur butte afin de préserver l'eau ou encore la plantation d'agrumes pour voir si elles peuvent s'adapter à nos latitudes.
Darwin, ainsi s’appelle ce lieu mille-feuille où l’on imagine le monde de demain et où l’on réinvente la ville. Cet écosystème qui séduit même les inconditionnels de la rive gauche est situé dans une ancienne caserne militaire désaffectée puis réhabilitée à la suite d’un appel à projet, sur la rive droite de la Garonne bordelaise.
Sur 8 hectares, Darwin est tourné vers l’économie verte et la protection de l’environnement (panneaux solaires sur le toit, récupérateurs d’eau de pluie pour les toilettes...). Pour créer ce lieu, les fondateurs ont essayé de conserver au maximum l’existant et de réemployer tout ce qui se trouvait sur place, comme le bois et les rails d’origine qui ont été conservés. Tout le mobilier a été chiné, tout comme la déco composée de flippers et d’anciens postes de TV.
À Darwin, on peut aisément passer la journée, en commençant par un bon chocolat chaud de chez Chocolaterie origines, produit à quatre enjambées d’ici, avant de se poser mollement dans l’un de ses canapés pour bouquiner un livre acheté dans la librairie Géolibri. Après un bon petit plat au restaurant bio et local, Le Magasin Général, on pourra travailler un peu dans l’un de ses espaces de coworking. Une fois l’ordinateur fermé, il est l’heure de boire une « Darwin beer » de la brasserie la lune sur l’une des tables extérieures ou bien de défier les rampes dans le skatepark. Ce dernier se veut inclusif et propose des séances 100 % féminines ainsi que des cours dès l’âge 3 ans !
Sur place, Darwin rassemble aussi une ferme urbaine, une micro-winerie bio, un torréfacteur L’Alchimiste, un boulanger, mais aussi plusieurs associations engagées qui partagent les mêmes valeurs d’entraide comme Emmaüs, la boutique-labo Veja pour acheter, réparer et recycler ses anciennes paires de baskets et l’atelier Étincelle pour apprendre à réparer son vélo. Darwin ouvre aussi des espaces de dialogue entre toutes les populations et accueille des familles en difficulté qu’elle loge dans des tétrodons, des anciens mobiles home transformés en logements sociaux. Plus de 300 jours par an, Darwin organise aussi des événements, entre concerts, séminaires, conférences, festivals, marché de Noël, foires... Et vous savez quoi ? C’est depuis Darwin qu’on a la plus belle vue sur Bordeaux !