Par Laetitia Santos
Posté le 6 mai 2018
Incroyable mais vrai... Alors que le Jour du dépassement mondial était survenu un 2 août l’an passé et qu’il surgissait toujours plus tôt d’une année sur l’autre, on assiste en 2018 à un effrayant bond de plusieurs mois en arrière causé par la France, qui creuse ainsi son crédit dû à la planète Terre. Depuis ce samedi 5 mai 2018, les Français sont en déficit écologique, se retrouvant au banc des plus mauvais élèves. Focus sur un phénomène inquiétant...
Chaque année, Global Footprint Network établit la date à laquelle l’Humanité a consommé l’ensemble des ressources naturelles que la planète est capable de produire en un an. En 2018, le think thank s’est associé au WWF France afin de communiquer sur une date inquiétante : celle de la France. Le Jour du dépassement de la France survient donc le 5 mai 2018, soit 3 mois avant le jour du dépassement mondial, l’Hexagone se retrouvant ainsi parmi les 10 pays les plus endettés au monde !
"La France entre en déficit écologique chaque année trop tôt depuis des décennies, creusant ainsi sa dette écologique et empruntant aux autres pays leurs ressources naturelles" déplore Pascal Campin, directeur général de WWF France. Il faudrait 2,9 terres si tout le monde vivait comme les Français ! Pour un pays qui se prétend leader en matière de lutte contre le changement climatique, voilà qui semble bien ironique !
Le bonnet d’âne, c’est le Qatar qui le remporte avec un déficit qui survient dès le 9 février ! Les États-Unis et le Canada se retrouvent 2ème et 3ème sur le podium suivis par l’Australie, la Suède, les Pays-Bas, la Russie et l’Allemagne. Ajoutez la France derrière et vous aurez là le Top 10 des plus mauvais élèves écologiques ! À l’inverse, le pays le plus exemplaire est le Vietnam avec une date de dépassement au 20 décembre, puis le Maroc, le Niger, Cuba et la Colombie.
Comment se fait le calcul ? En estimant les surfaces maritimes et terrestres nécessaires pour répondre à la demande nationale. Puis l’empreinte écologique, qui a pour unité l’hectare global, est rapportée à la biocapacité de la terre, c’est-à-dire aux surfaces disponibles. Ainsi, la France a pratiquement besoin de 3 planètes pour subvenir à ses besoins !
En cause, l’empreinte carbone notamment, qui représente plus de la moitié de l’empreinte écologique de la France (56%), devant les empreintes culture (20 %), « produits forestiers » (11 %), pâturage (5 %), « espaces bâtis » et « zones de pêche » (4 % tous les deux). La faute notamment à la baisse de prix des produits pétroliers qui favorise leurs utilisations dans les transports, le bâtiment ou la production d’électricité. En matière de transition écologique, tout est beaucoup trop lent et la stratégie de désendettement écologique est donc à revoir !
Si le gouvernement a un important rôle à jouer, les citoyens français ne sont pas exempts de responsabilité : quand on sait que les 2/3 de l’empreinte d’un Français provient de son logement, de ses déplacements et de son alimentation et que les énergies renouvelables et l’agriculture biologique permettent de la réduire considérablement, on se dit que c’est finalement à chacun de se bouger...