Aujourd’hui « bon vivant mais anti-social », autrefois enfant sensible et incompris… Ashwin Malliah est de ceux qui ont choisi la révolte face à la voie imposée, tout en développant une grande force intérieure. Ashwin s'ouvre alors à la spiritualité, au yoga, à la méditation tout en cumulant les petits boulots pour gagner sa chère indépendance et nous proposer désormais des parcours de rando engagés et spirituels.
Un livre du controversé Maître Osho et une paire de chaussures de randonnée reçue en cadeau ont tracé la route d’Aswhin vers son activité de guide de randonnée. Grâce à un travail minutieux de reconnaissance des tracés et à un bouche-à-oreille fonctionnant à merveille, Ashwin propose au travers de sa structure certifiée Hiking with Ashwin des parcours adaptés pour toutes personnes, de 7 à 77 ans.
Découvrez cet acteur de terrain, face aux questions d’Eric Maquenhen (Moris Otreman), dans une atmosphère amicale et chaleureuse.
- Ashwin, peux-tu te présenter brièvement ?
Ashwin, 41 ans, bon vivant, mais antisocial (sur les bords !), solitaire, mais populaire, je suis une contradiction vivante. J'ai beaucoup d'amis, mais j'ai besoin de me retrouver seul pour me ressourcer de temps à autre. Bon, Eric, je te rassure et tu le sais, je suis un extraverti, j'aime bien parler avec les "étrangers", soif d'échange et d'apprentissage. J'aime partager, je suis un "giver" et je n'attends rien en retour.
Je développe mon activité de guide de randonnée depuis 4 ans à plein-temps et j'en retire une grande satisfaction. J'ai eu des propositions plus intéressantes financièrement, je les ai refusées, car je veux absolument partager ma passion et mon message pour un tourisme vert à l'Ile Maurice, le développement harmonieux de l'intérieur oublié de l'île, sortir enfin de l'image de carte postale "soleil, plages et cocotiers". L'Ile Maurice a tant d'autres choses à donner ...
- Où nous trouvons-nous aujourd'hui ? Te connaissant, tu n'as pas choisi ce lieu par hasard !
Tu me connais bien !!! Nous sommes aujourd'hui dans le Parc National des Gorges de la Rivière Noire d'une superficie (6.754 hectares de nature préservée dans le sud-ouest de l'île), que nous abordons par un versant moins connu, celui de Bel Ombre.
La forêt Watook (ndlr : le watook de son nom scientifique Clidemia Hirta est une plante envahissante que l'on retrouve souvent dans les champs de canne ou les plantations de vanille) est une *Conservation Management Area, zone dans laquelle l'on cherche à protéger et réintroduire les espèces endémiques, de la faune et de la flore.* Cette forêt de tecoma, arbre de vie, est un lieu idéal de ressourcement et de reconnection avec la nature. C'est ma forêt préférée de l'île, à chaque fois, je ressens le même émerveillement devant cette beauté.
- Parlons-en, quel est ton rapport à la nature mauricienne ? Comment conçois-tu ton travail de guide de randonnée ?
Le maître-mot, c'est la transmission. Tu la retrouveras où tu veux, dans le partage, la joie de vivre, la bonne humeur, l'ambiance, la connaissance des lieux, de la géographie, de l'histoire, de la faune et de la flore. Et pour être plus "terre à terre", le service que j'offre à mes ami.es randonneurs, la sécurité primordiale, le transport, les repas où je privilégie la découverte de la cuisine quotidienne mauricienne riche de toutes ses cultures (ndlr : et où il ne demande pas de rétro-commissions aux restaurateurs, signalons-le).
Et bien entendu, je partage mon vécu spirituel, la communion avec la nature, son respect, ne pas la salir et parfois la nettoyer bien sûr, mais en allant plus loin, dans le *forest bathing, pratique très populaire au Japon et dénommée shinrin-yoku. La marche en silence par exemple développe l'acuité de nos sens, l'ouïe et l'odorat surtout.*
- Tes coups de coeur pour une randonnée à Maurice ?
J'ai aujourd'hui à mon catalogue près de 100 parcours, en constante évolution. Mon intérêt, comme le tien, Eric, ce sont les pistes inexplorées, les sentiers secrets. Bien sûr, je propose l'ascension du Morne, du Pouce, de la Tourelle de Tamarin, mais ce n'est pas ce que je mets le plus en avant.
La forêt de Watook où nous nous trouvons aujourd'hui, le sommet des 3 Mamelles, plus belle vue de l'Ile Maurice (difficulté 3/5), la descente dans le cratère du Trou Kanaka ou l'ascension de la Montagne Bambous depuis le village de Kewal Nagar (difficulté 4/5) où les touristes ne vont (presque !) jamais, voilà ce que je préfère. Au sommet de la Montagne Bambous, tu ne vois aucune trace de civilisation.
- Que souhaites-tu pour notre île dans les années à venir ? Et que penses-tu de la situation de crise actuelle dans notre île ?
Je reste un activiste environnemental et je partage le combat des ONGs locales pour la préservation du cachet naturel de l'île. Maurice n'est pas Singapour et il faut arrêter le béton, la construction d'hôtels et de golfs. Notre île a la chance de constituer un microcosme du Monde, ce n'est pas qu'une plage. L'urgence, à tous les points de vue, c'est la rencontre avec la population, en premier lieu pour casser les tabous mauriciens qui font que nous vivons plus côte-à-côte qu'ensemble.
Mon rêve pour la fête nationale du 12 mars à Maurice ? Un "j'irai dormir chez vous" inter-communautaire.