Par Sophie Squillace
Posté le 21 janvier 2021
La Grande muraille verte, c’est un mur végétal traversant l’Afrique, du Sénégal à Djibouti. Lors du One Planet Summit sur la biodiversité, organisé à Paris le 11 janvier, ce projet de reboisement aux multiples vertus a repris vie !
Imaginez une bande de 8 000 kilomètres de long, sur 15 kilomètres de large, traversant l'Afrique d'Ouest en Est, à cheval sur les territoires de 11 pays… L’objectif de cette audacieuse initiative africaine : lutter contre la désertification et le réchauffement climatique, préserver la biodiversité, mais aussi créer des emplois. Ce chantier en péril vient d’être remis au goût du jour.
Des grandes sécheresses des années 1970 aux dégâts causés par le surpâturage, de la désertification à la pression démographique, la nature africaine a plus que besoin d’un retour à la vie. Surtout que le Sahara continue d’avancer chaque année vers les savanes du sud du Sahel. Au-delà de la lutte contre la désertification, cette muraille possède un potentiel exceptionnel. Elle pourrait transformer la vie de 100 millions d'habitants, créer dix millions d'emplois et capturer 250 millions de tonnes de carbone. « Une mosaïque d'arbres, de prairies, de végétation et de plantes pour restaurer les terres dégradées et aider les habitants de la région à produire une nourriture adéquate, à créer des emplois et à promouvoir la paix », affiche le site des Nations Unies.
Après de nombreuses critiques qualifiant ce projet de reforestation tout à fait utopique, il s’oriente davantage aujourd’hui vers une gestion durable des terres et non sur la seule ambition de les revégétaliser, en travaillant sur la gestion de l'eau, les pratiques culturelles et la remise en culture de terres dégradées.
Défendu dans les années 1980 par le président du Burkina Faso, Thomas Sankara, et officiellement lancé en 2007 par l'Union africaine, le projet de reboisement d’envergure n’a que trop peu avancé. Seulement 4 millions d'hectares de terre ont été aménagés sur les 100 millions du programme. Il faut dire que le projet est pharaonique et que de nombreux défis se dressent sur cette route verte.
La gouvernance d’un tel projet concerne 11 pays : le Sénégal, la Gambie, la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Nigeria, le Tchad, le Soudan, l'Ethiopie, Érythrée et Djibouti. Selon Le président de la Commission de l'Union africaine Faki Mahamat, « les investissements sont très en deçà des engagements pris, la dynamique est enrayée par les nombreux trafics et les problèmes sécuritaires ».
Le Sénégal et l'Ethiopie font figure de leaders, les autres pays, certains parmi les plus pauvres de la planète, ont de toute évidence d'autres priorités en matière d'investissement que l’écologie. L'argent manque et les financements internationaux promis par les donateurs, notamment aux accords de Paris de 2015, peinent à arriver. Sans compter l’aspect technique de réalisation ainsi que plusieurs zones en proie à des insécurité constante.
Le One Planet Summit a pour ambition de relancer des négociations visant à une meilleure protection de la nature au niveau international, mises à l'arrêt par l'épidémie de Covid-19. Lors du dernier sommet à Paris, Emmanuel Macron a annoncé une promesse de plus de 11,8 milliards d’euros sur cinq ans pour donner un coup d'accélérateur à ce grand projet panafricain. Parmi les donateurs figurent la Banque mondiale et la Commission européenne. Ce montant conséquent sera accompagné de la création d'un secrétariat de la Grande Muraille Verte, pour veiller à ce que les engagements soient respectés. Si les nouvelles tentatives promises au One Summit sont tenues, il reste alors une chance d'enraciner ce grand rêve vert dans la réalité.