Par Laetitia Santos
Posté le 11 janvier 2012
A l’occasion de ses nouveaux circuits 2012, Allibert Trekking a donné ce matin une petite conférence de presse pour réfléchir entre professionnels aux enjeux du tourisme responsable. Sécurité, clientèle, industrialisation... On fait le point !
Pour nous présenter quelques-uns de ses nouveaux circuits (qui nous font déjà baver d’envie...), Allibert Trekking a eu la bonne idée de ne pas se contenter d’un simple envoi de catalogue ou de dossier de presse. Non, l’agence spécialiste de la marche à pied responsable, nous a conviés dans sa boutique du 3e arrondissement parisien pour un petit débat sur l’avenir du tourisme responsable animé par le directeur d’Allibert en personne, Gérard Guerrier. Le résultat ? Deux heures de discussion passionnée enrichie par des anecdotes de voyage et autres questions de l’assemblée. Avant un petit verre de l’amitié et plein de bonnes choses faites maison à grignoter !
Faut-il s’en remettre aux seuls avis du Quai d’Orsay en matière de sécurité ? L’aventure n’est-elle pas aujourd’hui un simple label commercial pour vendre des produits standardisés ? Les modèles du tourisme de masse peuvent-ils s’appliquer à la niche du tourisme responsable ? Autant de questions qui ont modelées le débat en cette matinée du 11 janvier.
Amoureux de hauts sommets, guide et directeur d’Allibert, Gérard Guerrier connait son sujet. Alors quand il nous garantit que le Quai d’Orsay infantilise les voyageurs et nous monte parfois le bourrichon sur des destinations qui, une fois sur le terrain, ne craignent rien, on le croit. Comme il le fait remarquer si justement, l’agence n’aurait plus qu’à fermer ses portes si des Français – imaginons le pire scénario catastrophe – se faisaient enlever par des terroristes alors qu’ils étaient en circuit avec leurs enfants sous la houlette d’Allibert Trekking. Le retour de bâton serait sans appel et l’agence ne pourrait faire face au scandale. Mais jusqu’à preuve du contraire, peu de chances que cela se produise : Allibert, comme bien d’autres professionnels responsables du secteur, possède une incroyable expérience du terrain, des équipes locales de confiance qui lui font remonter le climat ambiant sur place et conclure à une analyse fine. Si jamais danger il y avait, les circuits seraient alors fermés.
Mais bien souvent, pour des raisons politiques et économiques, le Quai d’Orsay déconseille vivement à ses ressortissants de se rendre dans telle ou telle contrée, postant un état des lieux plus noir qu’il ne devrait alors que des agences aventure telles qu’Allibert ont pour mission d’emmener des voyageurs vers des horizons souvent délaissés pour leur faire découvrir la réalité du terrain. Ainsi, certaines régions sont aujourd’hui blacklistées par notre ministère alors qu’elles ne présentent aucun danger en pratique. C’est le cas de l’oasis de Siwa en Egypte, du Chinguetti en Mauritanie, de l’ouest de la péninsule de Guajira en Colombie, du couloir du Wakhan en Afghanistan ou encore du sud de la région de Douz en Tunisie.
Loin de vouloir se plier au principe de précaution, Allibert fait ainsi valoir son expérience du terrain face aux décisions des ambassadeurs coincés dans leurs bureaux étincelants qui rédigent depuis leurs fauteuils des avis abusifs aux voyageurs et donnent alors le la à des grands tours opérateurs qui ne se casseront pas la tête avec des petites destinations pour contenter une poignée d’aventuriers face à la pression juridique dictée par la loi Kouchner.
Pour voyager responsable en matière de sécurité, le mieux est encore de s’adresser à des professionnels certifiés et de prendre ses propres responsabilités en étant conscient que le Quai d’Orsay n’a pas intérêt à inciter ses ressortissants à se rendre dans des lieux à faible intérêt économique et politique. Pourtant, le voyageur responsable lui, se fera une joie de découvrir ces régions délaissées et peu parcourues qu’il soutiendra avec sa venue...
Aventure, bio, commerce équitable, voilà des concepts qui servent bien le marketing à l’heure actuelle et s’affichent comme des tendances juteuses. Du coup, les circuits d’aventure hors des sentiers battus, ce n’est plus exclusivement réservé qu’à une catégorie de purs et durs ! Seulement voilà, il faut tout de même distinguer les vrais aventuriers, ceux qui n’ont pas peur d’aller arpenter des contrées reculées, d’échanger avec les populations locales une fois sur place et de se frotter aux imprévus, des vacanciers qui surfent sur la tendance.
Ceux-là peuvent s’avérer être de très mauvais clients du voyage d’aventure et revendiquer des droits abusifs tel un consommateur lambda quand le voyage responsable cherche à s’en écarter. On a déjà vu un voyageur se plaindre parce que son chauffeur népalais klaxonnait trop, un autre demander un dédommagement parce que son circuit au Vénézuela n’avait pas fait halte comme prévu dans un certain petit village, contourné au dernier moment par le guide après des inondations trop importantes, d’autres encore réclamer le remboursement intégral de leur voyage au Sikkim à cause de secousses sismiques avant le départ bien que l’agence leur ait certifié que la zone de trek n’avait pas été touchée et qu’il n’y avait aucun danger après expertise. Imaginez que pour des petits désagréments de ce genre, certains ne se gênent pas pour faire valoir leur bon droit de client et au choix, demandent à tout annuler ou réclament leur monnaie, quand les guides, chauffeurs et autres cuisiniers sur place se voient décommander leurs revenus du mois à la dernière minute. Ces comportements là ne sont en aucun cas compatibles avec un voyage responsable, synonyme d’ouverture d’esprit, d’adaptation et de compréhension vis-à-vis de la réalité du terrain.
En d’autres termes, nos mauvaises habitudes de consommateur habitués à des produits parfaits et aseptisés sont à laisser à la maison avant le départ. Sans quoi, le tourisme responsable préfèrerait se passer de telles mentalités...
Le fait que des grands tours opérateurs s’intéressent de plus en plus au tourisme d’aventure est-il un danger pour le secteur ? Pas forcément si l’on tient compte du fait que cette façon de voyager peut sensibiliser plus d’un Français à la nature, à d’autres modes de vie et l’encourager à être un citoyen-voyageur. Pour autant, les dérives pointent inévitablement le bout de leur nez et c’est là que le tourisme responsable se doit d’être ferme et ne pas se laisser influencer par les méthodes des grands groupes.
Des prix cassés signifient par exemple des pressions sur les maillons les plus faibles de la chaîne du circuit. En d’autres termes, un opérateur qui vous propose des tarifs abusivement bas aura fait des économies sur les salaires des guides locaux et autres porteurs, les condamnant à un salaire minable quand le tourisme responsable cherche à instaurer des relations de travail justes et équitables.
Un poids lourd du voyage de masse qui propose une offre de treks avec une dizaine de circuits à son catalogue ne peut se targuer d’être un spécialiste de la région et n’aura fait que copier les experts en la matière. Payer moins cher pour avoir une pâle copie d’un séjour que l’on voulait authentique, est-ce vraiment un bon calcul ? Si l’on se dit voyageur responsable et engagé, surement pas !
Alors l’industrialisation du tourisme responsable, voilà encore une association malheureuse et antithétique !
Face au consumérisme et à l’individualisme ambiant dans lesquels nous baignons quotidiennement, le tourisme responsable est donc là pour perpétuer des valeurs nobles et prôner la découverte et l’humanité avant toute autre considération. Et même si cela signifie se rendre dans des pays peu fréquentés qui feront écarquiller grand les yeux de vos amis qui vous demanderont où vous partez en vacances ou allonger un peu plus d’euros ou de devises étrangères...
On vous laissera méditer sur tout ça en accompagnant vos pensées de belles images : Allibert Trekking propose tout un tas de nouvelles expéditions au Vanuatu, en Corée, en Guinée, en Papouasie, au Rwanda...
On rêve des îlots volcaniques du circuit Volcans d’Océanie aux Vanuatu, d’arpenter les Saïans orientales de Russie dans une marche qui nous mènera aux confins de la Mongolie et nous fera faire un peu d’alpinisme, de sauter de points en points aux États-Unis pour une grande traversée d’Ouest en Est qui nous fera voir les plus belles merveilles du pays de l’oncle Sam en un mois, d’affronter le pic Bolivar au Venezuela ou encore de s’embarquer dans une épopée tibétaine pour un voyage d’exception dont vous ne devriez pas revenir indemne...