Par Élise Chevillard
Posté le 24 juin 2020
L’artisanat algérien relève de savoir-faire qui se transmettent de génération en génération. Partez à nos côtés à la découverte de ce patrimoine vivant, entre apprentissage culturel et découvertes de bonnes adresses.
Poterie, tapis, orfèvrerie, meubles, bijouterie, dinanderie (cuivres travaillés finement), selles de chameaux, habits traditionnels… L’artisanat en Algérie est l’âme d’une identité collective. Le cuir, le métal et le bois sont les trois matériaux utilisés. Le travail du premier était jadis réservé aux femmes. A partir de ces trois matériaux, les artisans fabriquent des outils de la vie domestique mais aussi des objets décoratifs. Avec le cuir, les femmes artisanes fabriquaient des sacs, des coussins, des portefeuilles, des cordes, des selles, des lacets et même des tentes entièrement en cuir.
Les bijoux kabyles ont une renommée internationale, forts d’un héritage ancestral. Les bijoux d’argent finement ciselés des Ath-Yenni (localité de la wilaya de Tizi Ouzou), sont indissociables des costumes portés par les femmes kabyles et revêtent une valeur symbolique et une fonction sociale. Ils se déclinent sous différentes formes : bracelets, chevillières, fibules, diadèmes, et boucles d’oreille et sont agrémentés d’émaux, de pierres fines et d’ébène. Tentée ? Vous pourrez trouver une sélection de bijoux sur le site de Berberism : boucles, couronnes mais aussi lunettes montés à la main à Paris et imaginés par une créatrice berbère.
De la commune de Khenchela à celle de Tlemcen en passant par les Aurès et la Kabylie… Les tapis berbères d’Algérie racontent tous une histoire sur les croyances et la vie quotidienne. A l’origine, ils étaient confectionnés par les jeunes femmes pour la dote de leur mariage. Aujourd’hui encore ce sont les femmes qui tissent ou nouent les tapis à la main selon une tradition artisanale et séculaire transmise de génération en génération. Avec une patience hors-pair pour créer ces œuvres du quotidien : un tapis peut parfois nécessiter plusieurs mois de confection ! On les trouve en laine de mouton, mais aussi en poils de chameau ou de chèvre, décorés de bandes transversales ou de motifs géométriques et colorés. Il est un objet de décoration sur le sol et les murs, il est aussi utilisé pour la prière, et sert parfois de séparation dans une pièce.
Selon les régions, les ethnies, les techniques, les symboles, les motifs et les couleurs varient. A 50 kilomètres au sud de Tizi Ouzou, le village de Kabylie Ath Hichem est réputé pour ses tapis qui se distinguent par la richesse de ses motifs décoratifs et transversaux et ses pointes de gris, de rouge et de vert. Les tissages de Tlemcen se reconnaissent à leurs bandes horizontales et aux motifs géométriques, tels les losanges et les damiers. Le tapis de Babar, lui, vient de la région de Khenchela et a une prédominance de rouge, noir et jaune. On retrouve des motifs qui rappellent des bijoux traditionnels berbères, ou encore des figures représentant des animaux, des épées et des lances.
Dans la région du M'zab, à Ghardaïa, prend même pace la fête nationale du tapis, célébrant ainsi la beauté de l'objet tout en défendant ce patrimoine culturel et es métiers qui en sont liés.
Peuple nomade du désert se déplaçant sur plusieurs pays (Algérie, Libye, Mali, Niger et Burkina Faso) les Touaregs disposent d’un alphabet et d’une langue propre, ainsi que de savoir-faire ancestraux. Les artisans appelés « Inadhen » ou forgerons, ont su développer ces savoir-faire avec très peu de matériaux et d’outils, qu’ils fabriquent eux-mêmes. L’artisanat est l’un des modes d’expression de cette culture traditionnelle et a commencé à se développer avec la fabrication d’objets pour la transhumance (lits en bois, piquets de tentes ou encore selles de chameaux).
Le cuir, le métal et le bois sont les trois matériaux utilisés. Les femmes travaillent le cuir, elles fabriquent des sacs, des coussins, des tabatières que portent les hommes, des pochettes et même des tentes.
La marque TAMAT Créations (« femme » en Tamasheq, la langue des Touareg), vous propose par exemple de sublimes sacs et accessoires créés suite à la rencontre de Melissa Wainhouse avec Aïssata à Ouagadougou, fondatrice d’une coopérative d’artisanes toutes originaires de la région de Gao au Mali, aujourd’hui réfugiées au nord du Burkina Faso.
Les hommes eux, travaillent le bois, le métal (argent, cuivre, bronze). Ils conçoivent des outils de la vie domestique mais aussi des objets décoratifs, des sabres et des bijoux en argent portés par les femmes. Ces derniers renseignaient autrefois sur les classes sociales. Ils sont parfois ornés de pierre, comme traditionnellement la cornaline.
Les hommes créent aussi des boîtes en cuir, des meubles et des coffres. Maître-artisan touareg reconnu, Abala Cissé du Burkina Faso a fait des boîtes en cuir sa spécialité. Il a partagé son savoir-faire avec beaucoup de Touaregs, il a par ailleurs reçu un label d’excellence de la part de l’Unesco. Il sera présent au No Mad festival le 29 et 30 août (si les déplacements depuis des pays non-européens sont autorisés à cette date).
Ces savoir-faire se transmettent de génération en génération, hérités de pères en fils et de mères en filles dès le plus jeune âge. Les enfants sont baignés dans l’atmosphère des ateliers et ont très vite envie d’imiter les gestes des adultes.
Envie de découvrir leurs créations ? Pour préserver cette culture et pérenniser ces techniques de travail ancestrales qui risquent de s’éteindre, voici deux e-shop qui entendent faire découvrir des bijoux et des objets anciens Touaregs. A découvrir en ligne ou lors du No Mad festival, à Pontoise, les 29 et 30 août :
Créé par des passionnés de voyages et d’artisanat, JAHBAÏ propose sur son site des objets entièrement réalisés à la main par des artisans. « L’objectif est de soutenir ces structures et contribuer à leur développement afin de permettre aux familles de pouvoir vivre mieux » raconte Marilyne de la marque Jahbaï. On trouvera des boîtes en bois recouvertes de cuir selon la méthode du cuir repoussé, des bracelets fins en cuir ou en argent, des boucles d’oreilles en ivoire végétal, des pochettes en cuir, et des plateaux en cuir et en bronze.
BIJOUX NOMADES MALI Scoops est quant à elle une société coopérative de développement qui regroupe des artisans et artisanes Touareg maliens. Les objets traditionnels et les bijoux vendus sur le site sont réalisés dans de petits ateliers à même le sol. Boucles d’oreilles, colliers et bagues en argent, pochettes pour ceinture, étuis à lunettes… Le président de BIJOUX NOMADES MALI sera également présent au No Mad.