Bilan un an après le drame

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Par Laetitia Santos

Posté le 12 janvier 2011

Le 12 janvier 2010, la terre tremblait en Haïti avec une violence inouïe, laissant le pays dans le chaos le plus total. Un an après jour pour jour, le constat qui est fait est désolant : la reconstruction n’a quasiment pas été entamée. Bilan sur une île où absolument tout est priorité.


Le séisme de magnitude 7 qui a frappé Haïti l’an dernier, cette terre déjà accablée par la misère, aura plongé l’île dans le chaos le plus total : en l’espace de vingt secondes, 250 000 Haïtiens ont trouvé la mort et 300 000 autres ont été blessés. Plus de deux millions d’habitants se sont retrouvés sans foyer, sans famille, puisant seulement quelques maigres espoirs de survie dans l’aide humanitaire internationale. Un an après, à l’heure où Port-au-Prince s’apprête à célébrer des messes du souvenir, nous vous proposons un bilan en cinq points de la situation sur place.

Des camps par centaines

L’OIM (Organisation Internationale pour les Migrations) a annoncé dernièrement que 810 000 déplacés vivent encore dans 1 500 camps répartis dans la capitale et ses environs. La reconstruction de maisons entreprise par l’aide internationale aurait bénéficié à 200 000 personnes à l’heure actuelle. Mais tant restent encore dehors...

D’autant que dans ces camps provisoires, les conditions de vie seraient épouvantables : en plus de la précarité, Amnesty International a mis le doigt sur "les risques de viols et de violences sexuelles" encourus par les femmes et l’épidémie de choléra qui fait des ravages depuis octobre dernier.

Une reconstruction à peine entamée

Ici, tout est prioritaire. Que reconstruire en premier ? A quoi s’atteler de suite ? Aux routes ? Aux écoles ? Aux égouts ? Aux hôpitaux ? Absolument tout a disparu et la Commission Intérimaire pour la reconstruction d’Haïti peine à y voir clair et à se mettre au travail malgré les 10 milliars de dollars levés à New York en mars dernier par l’aide internationale. D’autant que les tensions politiques après le premier tour de l’élection présidentielle du 28 novembre dernier n’arrangent rien. On ignore même quand aura lieu le deuxième tour. Et puis seuls 5% des décombres ont été évacués du champ de ruines qu’est Port-au-Prince, bloquant la reconstruction des logements temporaires.

"Tout le monde est d’accord pour reconstruire une Haïti plus solide mais la tâche est de longue haleine. Elle prendra des années" a fait savoir Nigel Fisher, représentant spécial de l’ONU en Haïti.

Un taux de scolarisation plutôt encourageant

Toujours selon Fisher, 85% des enfants qui étaient scolarisés avant la catastrophe sont de retour en classe dans des bâtiments provisoires prévus à cet effet. Un chiffre plutôt encourageant dans un bilan jusque-là catastrophique.
L’association Aide et Action tente, quant à elle, de faire de la formation des jeunes entre 18 et 25 ans une priorité, pour notamment former des ouvriers qualifiés dans le bâtiment, lesquels s’attèleront ainsi à rebâtir leur pays.

L’agriculture pour s’auto-suffire et se développer

La FAO de son côté, Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture, a distribué depuis un an des tonnes de céréales, de graines de légumes, d’engrais et autres plants de bananiers ainsi que des outils agricoles, lesquels ont permis de cultiver 69 000 hectares de terres pour 100 000 tonnes de production. Pour s’auto-suffire et arroser l’espoir de se développer, Haïti ne doit pas négliger ce champ d’action.

Les ONG doivent-elles rentrer ?

Au lendemain du tremblement de terre, nombreuses sont les ONG à s’etre rendues sur le terrain. Si elles ont forcément permis une aide importante pour les actions d’urgence, elles sont aujourd’hui beaucoup critiquées pour leur manque de transparence et surtout, leur incapacité à coordonner les actions sur place. Un an après, ne serait-il pas temps qu’elles cèdent la place au gouvernement haïtien pour que ce dernier soit véritablement acteur de sa propre renaissance ?

En attendant, des messes du souvenir auront lieu aujourd’hui même à 16h53 précises (21h53 GMT), l’heure à laquelle Haïti a été secouée l’an dernier. Et Ban Ki-Moon, le secrétaire général de l’ONU a appelé la communauté internationale a ne pas abandonner Haïti mais au contraire, à "redoubler d’efforts." Comment pourrait-on seulement la chasser de nos pensées... ?