Par Élise Chevillard
Posté le 31 mars 2023
Pendant 2 jours, nous avons emprunté un tronçon du Canal des Deux Mers, entre Valence d’Agen et Grisolles, pour une belle traversée du Tarn-et-Garonne. Sur les anciens chemins de halage, cheveux au vent sur notre vélo et à l’abri des grands platanes centenaires, nous avons filé doux comme les péniches, sur une route droite et toute plate, passant par de nombreuses cités à l'ambiance portuaire, des sites historiques et des écluses. « L’important ici, ce n’est pas la destination mais le voyage... »
Le Canal des Deux mers est un itinéraire cyclable qui relie la Méditerranée à l’Atlantique sur 750 kilomètres. Il rassemble le Canal latéral de Garonne - celui que nous avons emprunté - et de Toulouse jusqu’à Sète, devient le Canal du Midi.
À Valence d’Agen, ne manquez pas d’aller voir les lavoirs circulaires. S’ils ne servent plus à laver le linge aujourd’hui, ils font partie du petit patrimoine de la ville. Avant de rejoindre le sentier, écartez-vous du Canal pour aller découvrir Auvillar, petite cité qui cache elle aussi un joli trésor.
Après 6 petits kilomètres qui vous mettront bien en jambe, Auvillar apparaît sur son promontoire, surplombant la Garonne. Classée parmi les “Plus beaux villages de France”, la cité est également une étape importante sur le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Rien d'étonnant donc à croiser ici des pèlerins qui se massent les pieds ou cassent la croûte sur la place qui abrite le trésor d’Auvillar : une halle aux grains circulaire.
En continuant votre flânerie, levez les yeux à la recherche des petites sculptures représentants des pèlerins qui ornent les façades des maisons. Chaque année à Auvillar, se déroule le marché des potiers, un concours entre les artisans, qui récompense le plus beau pèlerin. Ce dernier sera exposé dans la ville de façon pérenne.
Avant de partir, restaurez-vous au Petit Palais pour goûter à son menu de saison, ou bien faites le plein de produits locaux grâce aux casiers mis à votre disposition dans le centre. À l’intérieur de ces derniers, il y a de quoi se faire un bon pique-nique gourmand et local avec du pain, de la charcuterie, du vin, du miel et des fruits des producteurs du coin.
Photo Sources: Guide Tarn Aveyron
De retour le long du canal, nous retrouvons un peu de la fraîcheur apportée par la brise, laquelle fait danser les feuilles des grands platanes centenaires. Le paysage défile et traverse de grands vergers. Poires, cerises, fraises... Saviez-vous que le Tarn-et-Garonne était très réputé pour ses fruits ?
Si vous avez le temps, faites quelques coups de pédales de côté pour aller découvrir 13 kilomètres plus loin, la confluence du Tarn et de la Garonne. Le plan d’eau de Saint-Nicolas-de-la-Grave, une zone Natura 2000, abrite de nombreux oiseaux migrateurs que l’on peut observer depuis un canoë.
Les 6 kilomètres qui nous séparent de Moissac filent à toute vitesse. Impossible de se perdre ici, c’est toujours tout droit. Très vite, la ville d’art et d’histoire s’annonce, s’étirant paisiblement au bord du Tarn.
Photo Sources: Charline Prod'homme
À Moissac, nous avons posé notre deux-roues pour partir à la découverte de cette ville à pied, comme le fond des milliers de pèlerins qui viennent ici se recueillir dans son abbaye romane. Cette dernière, inscrite au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'Unesco, cache notamment un cloître aux 76 chapiteaux sculptés et historiés.
À la sortie de la ville, le chemin nous fait emprunter le pont Canal du Cacor, un pont où coule une rivière au milieu et qui permet aux bateaux navigants sur le canal latéral à la Garonne d'enjamber d'autres bateaux qui circulent sur le Tarn. Pour traverser le pont, nous préférons mettre pied à terre, car avec les pavés, on n'est jamais trop prudent ! Avec ses 356 mètres, cet ouvrage de briques toulousaines et de pierres blanches du Quercy fait partie des plus longs de France.
Une fois le pont Canal franchi, le chemin continue de filer entre les vergers et les vignes du raisin AOC Chasselas d'un côté, et le canal de l'autre. Car, l’autre joyau de Moissac, c’est son raisin de table, lequel participe à la richesse de la ville. Plus nous nous rapprochons de Castelsarrasin et plus le chemin devient urbain, avec de nombreuses maisons éclusières au charme désuet qui rythment le paysage.
Photo Sources: Petit Futé
Après 10 kilomètres, le charmant port fluvial de Castelsarrasin se dévoile enfin tout en fleurs qui s'épanouissent ici et là au milieu des péniches amarrées.
À quelques coups de pédales du Port, l’espace Firmin Bouisset est dédié à l’affichiste né à Moissac en 1859. Firmin Bouisset : si ce nom ne vous évoque sans doute rien, peut-être avez-vous déjà croisé ses affiches qui n’ont pas pris une ride ? Le petit écolier de LU, la petite fille du chocolat Menier ou le Pierrot du chocolat Poulain, pendant des dizaines d’années, elles ont été placardées sur tous les murs de France ! Firmin Bouisset est l’un des pionniers de la publicité moderne, le premier à utiliser les enfants au cœur de ses réclames et notamment les siens. Ouvert depuis 2023, cet espace retrace chronologiquement sa vie, son œuvre, à travers des jeux et des vidéos interactives, des publicités, des dessins, des peintures, des aquarelles originales, le tout dans une démarche pédagogique.
Photo Sources: Élise Chevillard
15 kilomètres plus loin, le nouveau site de la pente d’eau de Montech ne passe pas inaperçu. Sur un bâtiment qui ressemble de loin à une péniche, des couleurs pop et vives inspirées du mouvement artistique Memphis, nous interpellent. Il s'agit en réalité d'un ascenseur pour les bateaux à marchandises qui leur permettait d’éviter cinq écluses.
Inaugurée en 2021, la machine de la pente d’eau a été transformée en un espace muséographique. Pour en apprendre davantage, on vous conseille d'aller la visiter. Témoignages, vidéos, salle immersive pour ressentir les sensations que le pilote avait quand il mettait en place sa machine (il devait d’ailleurs l’allumer au moins 5 heures avant son utilisation pour qu’elle chauffe !), objets d'époque... Tout a été pensé pour mettre en scène ce patrimoine unique autour de ce trésor insoupçonné du tourisme fluvial.
Il est déjà l’heure de reprendre la route. Elle s’avère un peu plus monotone mais ça tombe bien, on a rendez-vous avec un personnage haut en couleurs à Grisolles ! Alors on met le turbo !
Photo Sources: Charline Prod'homme
Qu’il neige, qu’il vente ou qu’il pleuve, Jean-Marc Coulon est fidèle à son poste derrière sa vieille machine à fabriquer des balais en paille de sorgho ! Cet irrésistible Grisollais est le dernier à maîtriser ce savoir-faire en Occitanie. Le balai à Grisolles, c’est toute une histoire !
En plein cœur du vignoble frontonnais, la ville s’est développée au XIXe siècle grâce à la fabrication de balais de sorgho qui a fait sa réputation. À la grande époque, 6 000 balais étaient fabriqués chaque jour par une vingtaine d’artisans !
Depuis son passage à la télé, l’atelier de Jean-Marc, installé dans une grange, ne désemplit pas. Les curieux sont nombreux à venir voir ce personnage et à lui acheter un balai. À 63 ans, Jean-Marc sait passionner les foules avec son accent chantant et aime à raconter que le métier, il l’a appris sur le tard. Le temps de nous raconter comment il fabrique un balai, du tri de la paille jusqu'à la finition avec de la peinture rouge, l’emblème de la maison, il en a déjà terminé un, en seulement 10 minutes !
Depuis 36 ans, la technique n’a pas changé, les gestes sont toujours les mêmes. Le résultat : un balai qui tient tout seul debout, gage de qualité, et garanti à vie ! Dans l’avenir, ce défenseur des traditions compte bien passer le balais... euh, le relais, à un repreneur pour faire perdurer ce savoir-faire ! On lui souhaite !
Photo Sources: Élise Chevillard
Pensez aux hébergements labellisés « Accueil Vélo », qui vous garantissent de trouver des services dédiés aux cyclotouristes le long des itinéraires cyclables. Sur les rives du Tarn, l'hôtel Le Moulin de Moissac offre depuis ses chambres de belles vues sur le Tarn. Sur place : abris vélo sécurisés.
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