Par Elodie Mercier
Posté le 11 janvier 2021
Argentine, 1952. Un jeune bourgeois étudiant en médecine, accompagné d’un ami chimiste, décide de parcourir l’Amérique du Sud à moto. En route, il découvre des paysages aussi divers que somptueux, mais surtout la misère dont souffre le sous-continent. Une âme révolutionnaire se réveille alors chez le jeune argentin, un certain Ernesto « Che » Guevara…
Sorti en 2004, le film de Walter Salles s’inspire des carnets de voyage des deux hommes, « Voyage à motocyclette », d’Ernesto Guevara, et « En voyage avec Che Guevara », d’Alberto Granado. De Buenos Aires en Argentine à Caracas au Venezuela, le réalisateur retrace les rencontres et les évolutions des deux amis.
A cheval sur la moto d’Alberto Granado, les deux personnages découvrent l’Amérique du Sud sous tous ses aspects. Leur passage par des lieux qualifiés d’incontournables aujourd’hui - les ruelles colorées de Valparaiso et le désert d’Atacama au Chili ou le Machu Picchu au Pérou - nous fait ressentir leur émerveillement, d’une époque sans réseaux sociaux où ces endroits demeuraient bien mystérieux.
Lorsque la moto, ironiquement surnommée La Vigoureuse, rend l’âme, Ernesto et Alberto doivent improviser de nouveaux moyens de transports. La marche à des altitudes andines épuise les voyageurs, qui bientôt emprunteront l’arrière d’un camion, ou encore le bateau sur le cours de l’Amazone.
Cet imprévu a radicalement transformé l’ambiance du voyage, devenue intimement proche des populations croisées. Des rencontres avec des miniers communistes chiliens, des paysans péruviens et des lépreux d’Amazonie, Ernesto « Che » Guevara comprend les injustices universelles touchant les hommes et les femmes de tous horizons.
Le célèbre leader de la révolution cubaine est dévoilé ici sous son jour bien différent de son identité de guérillero. Ni présenté en héros ni en homme tout à fait ordinaire, Carnets de voyage montre Guevara avant qu’il ne soit le « Che », en toute simplicité. Un séducteur, qui semble avoir deux pieds gauches lorsqu’il danse et qui souffre d’asthme, avec une obstination et une humanité hors du commun.
Peu politisé, le film s’épargne les débats qui entourent aujourd’hui le reste de sa vie : libérateur pour les uns, meurtrier pour les autres, Che Guevara reste une figure d’une volonté résistante à toute épreuve, d’un pan de l’histoire latino-américaine.
Disponible en VOD sur Ciné Mutins.