C’est la faute aux vaches ?

Société

Par Viatao

Posté le 6 mars 2012


70 % des émissions de gaz à effet de serre en Argentine proviennent de l’agriculture, dont 44 % du méthane émis par les 55 millions de vaches qui y sont élevées. L’Argentine est ainsi responsable de 0,6 % des émissions totales sur la planète. Si cela paraît peu au regard des 25 % émis par les États-Unis, l’émission de gaz à effet de serre par habitant des Argentins est supérieure à celle des Chinois, des Brésiliens, voire des Uruguayens.

Doit-on pour autant jeter la pierre aux agriculteurs ? D’une part, ce secteur est l'un des piliers de l’économie argentine. D’autre part, il s’agit d’un secteur vital, nécessaire à l’alimentation – contrairement par exemple à la climatisation dans les automobiles, qui relève du confort. Certaines expérimentations sont en cours pour récupérer le méthane émis par les vaches. Quoi qu'il en soit, imaginer que les Argentins deviennent tous végétariens relève de la pure science-fiction !

En outre, la production de soja, produit-phare de l'agriculture argentine, qui représente presque un quart des revenus du pays, émet du protoxyde d’azote, un gaz 300 fois plus polluant que le CO². Qui plus est, dans le nord du pays, notamment à El Chaco, des centaines d’hectares de forêt sont décimées pour faire de la place à la culture du soja, avec un résultat désastreux. Le gouvernement actuel encourage fortement le développement de cette culture, très prometteuse sur le plan économique et qui permet de remplir les caisses de l’État ; cette politique est en revanche très critiquée par les organisations écologiques. La production est aux mains de quelques groupes gigantesques qui, la plupart du temps, louent les terres et les surexploitent pendant trois ou quatre ans jusqu’à épuiser totalement les ressources et rendre les sols incultivables – conduisant à un appauvrissement inéluctable des terres argentines. La culture du soja est le business idéal : les graines transgéniques permettent d’utiliser des produits chimiques surpuissants qui détruisent tout sauf la plante de soja (merci Monsanto), laquelle demande très peu d’entretien et donc très peu de main d’œuvre. Ce qui se traduit par zéro embauche et un maximum de bénéfices. L’un des plus grands risques auxquels l’Argentine se trouve confrontée est de finir par adopter un modèle de monoculture où le soja remplacera le coton, la canne à sucre ou les légumes secs, voire, à l’avenir, la viande de bœuf et le lait. Résultat de l’équation à moyen terme : des sols appauvris, inutilisables et contaminés, de nombreux petits producteurs et agriculteurs sans travail et la disparition des produits de base qui permettent de nourrir les Argentins.

Quelles sont les utilisations du soja ? La plus grande partie de la production est exportée et transformée en farines, pour nourrir les vaches européennes de l’agriculture intensive, et une portion croissante est transformée en biodiesel. La plupart des pays européens, conscients du problème, ont interdit la culture transgénique sur leurs sols – mais importent le soja pour en faire des farines; le mal est donc fait ailleurs. Consommer des produits bio et/ou provenant de petits producteurs locaux lors de votre voyage est un premier pas efficace pour soutenir les petits paysans. Plus efficace encore : éviter de consommer des produits à base de farine de soja en France.

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