« Désert solitaire » : dans la tête d’un gardien de parc national américain

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 17 mars 2021

Photo Sources: Edwin Poon.

Publié en 1968, Désert Solitaire est l’œuvre autobiographique d’Edward Abbey, gardien du célèbre parc national des Arches aux États-Unis. Pendant plusieurs mois, il a vécu seul dans l’immensité du désert, avec pour seule compagnie la roche, la faune sauvage et un soleil indéfectible.


Dans ce récit renommé du nature writing, Edward Abbey nous conte ses aventures les plus folles, la douceur de sa vie quotidienne et sa passion pour les espaces désertiques. Désert solitaire est le fruit de ses observations et de ses méditations, isolé au plus profond de l’Utah.

Désert solitaire : le récit d’une fascination pour la nature

Grâce aux notes qu’il a prises dans son carnet de bord, Edward Abbey nous dévoile dans son livre le désert immense qu’il a appris à connaître au fil des mois et des expériences. L’auteur nous transmet, tout au long de Désert solitaire, un regard inlassablement fasciné sur les arches rocheuses emblématiques de l’Ouest américain.

L’auteur profite aussi de son éloignement de la civilisation pour raconter les histoires des premiers colons venus chercher de l’or, mais aussi les siennes, ses rencontres avec les serpents, ou encore sa descente sur un radeau pendant plusieurs jours avec un ami pour découvrir les coins les plus inaccessibles de la région.

En tant que gardien saisonnier du parc, Edward Abbey a vécu de manière minimaliste, la condition sine qua non pour avoir sa position privilégiée avec la nature. La sobriété heureuse en vogue aujourd’hui, il l’a savourée dès les années 1950, à contre-courant de son époque. De fait, il est souvent comparé pour Désert solitaire à Henri David Thoreau, le philosophe naturaliste américain pionnier de la pensée écologiste qui s’était également retiré de la vie en société pour vivre dans les bois et écrire le fameux Walden ou la vie dans les bois.

Désert solitaire ou l’expression d’un désarroi face au tourisme de masse

Désert solitaire est aussi l’occasion pour l’auteur de dénoncer la société de consommation et le tourisme de masse. Pour lui, non seulement elle empêche les visiteurs de saisir pleinement la beauté et les mystères du lieu, et elle détruit du même coup les paysages naturels.

Le travail de saisonnier à quelques années d’écart a permis à Edward Abbey de mesurer l’évolution de ces phénomènes sur le parc. Ainsi, s’il était, à l’origine, bien seul dans un parc totalement sauvage, la civilisation l’a vite rattrapé. Aires de camping et routes goudronnées serpentent le parc, devenu une véritable attraction touristique.

A lire pour questionner notre rapport à la nature sous la chaleur accablante des déserts de l’Utah.