Par Sophie Squillace
Posté le 19 novembre 2020
Avec la restauration de la citadelle Shali, l’Égypte veut attirer des voyageurs en quête d’authenticité. Bien loin du cliché du tourisme de masse qui lui colle à la peau, le pays mise sur un tourisme durable.
Depuis quelques semaines, les petits pas positifs se multiplient en Égypte. Il y a la découverte historique d’une centaine de sarcophages vieux de plus de 2000 ans, trouvés dans la nécropole de Saqqarah, au sud du Caire. Un trésor qui se retrouvera bientôt dans un nouveau musée. Dans la zone archéologique et autour des pyramides de Gizeh, c’est le combat de l’organisation PETA (Pour une Éthique dans le Traitement des Animaux) qui vient d’avoir gain de cause. Suite à une enquête accablante, le ministère égyptien du Tourisme a l’intention d’interdire les promenades à dos de chevaux, de dromadaires et d'ânes. Et voilà que pour couronner le tout, le pays décide de revaloriser une destination oubliée, l’ancien paradis perdu de Siwa.
Située dans le désert libyque et habitée par des descendants des Berbères, les Siwis, l’oasis de Siwa est un endroit à part en Égypte. Au cœur de cette enclave verdoyante, se dresse la citadelle Shali (« Chez moi » en langue siwi), à 750 km à l'ouest du Caire. Elle a été érigée au XIIIe siècle par les populations berbères installées dans l'oasis pour se protéger des invasions bédouines. Construite en karchif, ce matériau traditionnel à base d'argile, de sel et de pierre permettant une isolation naturelle, Shali est littéralement balayée par des pluies diluviennes en 1926, puis laissée à l’abandon.
Lancé en 2018, le projet de restauration d’envergure a été en partie financé par l’Union Européenne. La volonté gouvernementale était claire : recréer une activité touristique et économique autour de patrimoine phare de l’oasis de Siwa.
©Khaled Desouki - AFP
Le projet s’inscrit dans une logique de redynamisation de toute la région, pour offrir une destination touristique radicalement différente en Egypte. Avec ses palmeraies luxuriantes, ses lacs de sel et ses vestiges antiques, Siwa est un petit coin de paradis idéal pour développer un modèle de tourisme différent, loin des stations balnéaires de la mer Rouge ou des grandes étapes des croisières sur le Nil.
Inaugurée le 6 novembre, la citadelle a été restaurée à l’identique en karchif issu des débris de la forteresse. Le site a été entièrement réhabilité : nettoyage des sols, dédale de ruelles, maisons et remparts. Les habitants pourront se tourner vers l’artisanat, en proposant leurs créations sur les marchés traditionnels siwis dans la citadelle. La création d'un musée de l'architecture locale est envisagée. La majorité des hôtels alentours sont baptisés « écolodges », misant sur le respect de l'environnement, arborant des jardins potagers et des façades en karshif.
Cette région longtemps isolée a commencé à accueillir des voyageurs à partir des années 1980, grâce à la construction d’une route la reliant au littoral méditerranéen et à la ville de Marsa Matrouh. Mais l’accès difficile, les infrastructures peu nombreuses, la proximité avec la Libye engendrant des troubles sécuritaires depuis quelques années, ainsi que la crise du coronavirus, ont durement touché l’activité touristique. Les défis sont nombreux à relever dans cette région pour attirer de nouveau des voyageurs, mais la volonté est là !