Eloge du voyage à l'usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 4 septembre 2019

Derrière un titre intrigant, Josef Schovanec nous livre une analyse unique du sens du voyage dans notre société. Lui-même atteint d’autisme, ses idées donnent au lecteur un regard neuf sur différentes questions, du voyage à l’acceptation de la différence.


Diplômé de Sciences Po Paris et docteur en philosophie, Josef Schovanec est régulièrement amené à voyager aux quatre coins du monde pour se rendre à des conférences. Grand curieux et ouvert aux rencontres, il profite pleinement de ses voyages pour s’enrichir d’expériences uniques.

Né de parents Tchèques, il connaît surtout les continents africain et asiatique et s’engage partout dans le monde dans la recherche sur l’autisme.

Destinations et idées nouvelles

Le fait qu’il soit polyglotte et aventurier permet à Josef Schovanec d’explorer seul dans des régions peu accessibles aux touristes et d’avoir un vécu qui vaut largement la lecture. Dans son ouvrage, il retrace des portraits marquants qui vous étonneront autant que lui. Il retranscrit également quelques anecdotes surprenantes, toujours avec une pointe d’humour. Comme ce voyage où il a préféré manger une boîte de sardines enfermé dans des toilettes plutôt que de devoir choisir un restaurant…

Au détour de ces petites histoires de voyage, il questionne profondément le tourisme de masse et la course au nombre de pays visités et aux kilomètres parcourus. Il tourne autant en dérision ses propres travers, comme sa fascination pour les aéroports, que les travers d’une société de consommation où le voyage a perdu son essence. Il soulève les non-sens de chacun et aborde des notions comme celles d’identité et de sécurité, qui ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années.

Eloge du voyage à l’usage de ceux qui sont autistes et de ceux qui ne le sont pas assez est ainsi une double incitation à la tolérance, par la façon de penser de l’auteur et les différences rencontrées lors du voyage.

Parallèlement, les réflexions philosophiques de l’auteur, ses connaissances sur l’Histoire des civilisations et des religions, créent une base solide d’apprentissage et de questionnement. Au final, on découvre un petit livre débordant d’idées nouvelles et de peps, à mi-chemin entre un récit de voyage et un essai philosophique, dans un style d’écriture tout à fait accessible.

Des propositions qui trouveront bien des adeptes ...

Le fin mot de cet essai ? Pourquoi ne pas faire rembourser les voyages par la sécurité sociale ? Sous ses airs d’utopisme, c’est une question sérieuse sur les bienfaits du voyage. Il s’agit, en effet, de repenser son rôle thérapeutique et non son rôle économique : le voyage comme une démarche, un processus, et non un bien de consommation.

Derrière cette idée folle, des études scientifiques justifient l’auteur. Pour soigner une dépression, un voyage est plus efficace et plus sain qu’un traitement d’anti-dépresseurs. Il n’en coûterait d’ailleurs pas beaucoup moins que de payer les congés maladies des concernés.

Pour les personnes atteintes d’autisme, certains pays sont beaucoup plus faciles à vivre, affirme le concerné, que la France, du fait des codes sociétaux.

A contre-courant et pourtant plein de bon sens, Eloge du voyage à l’usage de ceux qui sont autistes et de ceux qui ne le sont pas assez est une lecture recommandable pour tout public curieux.

En accord ou non avec Josef Schovanec, vous ne pourrez pas rester de marbre à la lecture de son livre.