Par Laetitia Santos
Posté le 2 septembre 2012
Un adorable village de Haute-Normandie qui nous a séduits avec ses vieilles pierres de silex et son petit port idéal pour la plaisance.
Pour rejoindre Saint-Valéry-en-Caux depuis Paris, c’est 2h30 de train à partir de la gare Saint Lazare. 2h30 et vous voilà en bord de mer, au coeur d’un petit village méconnu qui renferme bien des charmes. Avis aux amoureux de la plaisance, à ceux qui aiment les secrets bien gardés et aux friands de patrimoine préservé.
Accroché sur les hauteurs de ces fameuses falaises de craie blanche qui vaut son nom à cette Côte d’Albâtre, Saint-Valéry-en-Caux héberge près de 5000 âmes qui vivent là entre mer et campagne. Ici, on peut faire de longues balades sur les estrans, langues de sable qui se découvrent à marée basse, petit que l’on est sous ces grandes falaises ivoire qui dressent leurs silhouettes élancées à près de 70 mètres de hauteur, où se caler les fesses dans les galets quand la marée est montante pour observer les vagues qui s’agitent, rebelles, vivifiantes et chargées du parfum salé. Ou alors remonter le temps et user ses semelles sur les pavés dans le quartier d’Aval, là où les pêcheurs vivaient autrefois, et qui ne se parcoure qu’à la force des jambes.
Ce dédale de ruelles chargées d’histoire, on peut y pénétrer en empruntant la sente à l’angle de la maison Henri IV, laquelle est une agréable introduction à la promenade.
Bâtie en 1542 par Guillaume Ladiré, riche armateur de l’époque, cette superbe demeure à colombages attire l’oeil avec sa façade ondulante qui fait la fière sur le quai du petit port. N’hésitez pas à passer la porte, c’est une visite pleine de charme. Son patio central invite à la contemplation des coursives de plein air au premier étage, chargées de géraniums qui dispensent encore de belles touches de couleurs à cette époque de l’année, des murs où se mêlent colombages, silex du pays, briques rouges et briques blanches.
A l’intérieur, un petit musée retrace la vie des pêcheurs du coin au siècle dernier, on y lit aussi les écrits de Victor Hugo lors de sa venue en Normandie et au rez-de-chaussée, on joue au jeu des 7 (cents) différences entre Saint-Valéry-en-Caux aujourd’hui et celle d’avant guerre, totalement bombardée par Rommel en juin 1940.
Après cette petite plongée dans l’histoire, direction la rue pour ressentir l’authenticité et le cachet de Saint-Valéry, qui ne s’offrent qu’à ceux qui auront eu l’audace de s’aventurer dans le coeur historique de la ville. Ici, ça grimpe mais ce labyrinthe de ruelles vaut vraiment le coup d’oeil avec ses habitations d’un autre temps, ses lignes de silex incroyablement ordonné qui changent des traditionnels colombages normands (dans le Pays de Caux, le silex est une véritable institution et une affaire autrefois fort lucrative avant que les stocks de galets ne s’appauvrissent dangereusement au point qu’il devienne interdit d’en ramasser pour faire commerce et exporter), ses jardinets insoupçonnés, ses escaliers secrets et son couvent des Pénitents, véritable bijou préservé dans son écrin de verdure.
La balade mène jusqu’à un point de vue superbe d’où, par temps clair, le regard peut longer les falaises jusqu’au Tréport. Car n’oublions pas que cette Côte d’Albâtre est longue de 130 kilomètres ! En contrebas, la Manche prend des couleurs comme nulle part ailleurs : quand une nuée cotonneuse la survole, elle se pare de d’ombres noirâtres et menaçantes, et quand le vent chasse au loin ces cumulus impétueux, la couleur vert d’eau semble prendre tout son sens, la mer comme encore chargée du lait blanc que les nuages auraient déversé dedans quelques secondes plus tôt... La Côte d’Albâtre éveille immanquablement aux teintes et à la luminosité et le temps changeant est ici une bénédiction pour en apprécier la palette la plus étendue.
Si la balade et l’air iodé vous ont creusé, arrêtez-vous chez O Clair de Nos Terres, une adresse coup de coeur qui revisite le fast-food en ne proposant que des formules rapides à base de produits du terroir qui n’ont pas parcouru plus de 20km avant de finir dans votre assiette. Charcuterie, fromage, huîtres, cresson de Veules les Roses, glaces de la ferme, plus question d’associer fast-food et malbouffe. On salue le concept !
Dernière balade le long du bassin pour digérer, en remarquant une fois de plus à quel point celui-ci s’avance dans la ville, à quel point ce petit port là, un des cinq de la Côte d’Albâtre avec Le Tréport, Fécamp, Dieppe et Etretat, est un point d’amarrage idéal pour tous les navigateurs passionnés, notamment ceux de région parisienne qui chercheraient un ponton facilement accessible depuis Paris et à l’ambiance amicale.
Voilà un début d’invitation au voyage en Seine-Maritime qui a tant à offrir. Prolongez le plaisir avec des randos à flanc de falaises, les sentiers sont nombreux, les possibilités infinies et les panoramas superbes...
Adorable village de Haute-Normandie qui séduit avec ses vieilles pierres de silex et son petit port idéal pour la plaisance.
Quai d'Aval, Saint-Valery-en-Caux, 76460, Normandie, FR