Et si on partait randonner dans les Cévennes au pas de l’âne ?

Babel Plans

Par Élise Chevillard

Posté le 4 mars 2021

L’âne a toujours été un grand voyageur. Parfois prudent et boudeur, il est affectueux, attachant, coquin, et se révèle être un bon compagnon de route pour découvrir le parc national des Cévennes. Organisateur de séjours immersifs, responsables et solidaires, l’agence Azimut Voyage propose une randonnée itinérante de 7 jours avec des ânes de bât, de paysages en villages, depuis Aumessas jusqu’aux méandres de la Dourbie, en passant par les Pises.


À cheval sur la Lozère, le Gard et l'Ardèche, entre garrigues et moyennes montagnes, sur une terre loin de l’agitation du monde, le parc national des Cévennes se dessine entre calades, forêts aux allures druidiques et estives d’herbes grasses. Réserve de biosphère inscrite à l’Unesco, ce parc est quadrillé de sentiers de grande randonnée qui se découvrent au pas de l’âne. Car les Cévennes sont indissociables de Robert Louis Stevenson, écrivain écossais, et de son ânesse Modestine, qui, entreprirent un périple de douze jours, du sud du Massif central aux Cévennes... Un GR est connu sous le nom de "chemin de Stevenson". Loin de ce GR très fréquenté, Azimut vous propose des itinéraires hors des sentiers battus. C’est à Aumessas où commence ce voyage sur les chemins cévenols.

Les Cévennes, terre de randonnées

« Brit Célestine* ! » (*marcher en Occitan-Berbère). Il en faudra un peu plus pour bouger la vieille demoiselle qui s’arrête pour brouter les herbes qui se trouvent sur son passage et fait la sourde oreille. Une petite tape sur les fesses et la caravane repart, cahin-caha guidée joyeusement par Paul, accompagnateur en montagne, et ânier. En tête, Aïssou, 8 ans et 1m 50 au garrot, ouvre la marche. Ce mulet peut porter jusqu’à la moitié de son poids. Il est suivi de Célestine et Pacotille, les inséparables ; 27 ans pour la première et qui porte les duvets. Maestro, le petit chef de la bande, souvent boudeur, porte dans ses sacoches les denrées pour les prochains jours.

Depuis 15 ans, Paul amène des groupes lors de randonnée itinérante dans les Cévennes avec ses ânes de bât. Géographe de formation, ancien moniteur de spéléo, cet amoureux de la nature a arpenté de long en large ce territoire. Il a ouvert des chemins enfouis derrière les ronces, autrefois empruntés par les bergers transhumants. Sa rencontre avec les ânes remonte à 1999 alors qu’il effectue un stage dans les Cévennes pour être accompagnateur en montagne. Depuis, il ne les a plus quittés. « Partir avec un âne est pour moi synonyme d’autonomie et de liberté ». C’est dans les livres et au contact d’un autre ânier que Paul a appris à comprendre les ânes, et leurs comportements.

L’âne, ce grand voyageur à longues oreilles

De tout temps voyageur et dans toutes les civilisations, l’âne est un bon compagnon de route, et donc pour sillonner le parc national des Cévennes. Doté d’une bonne mémoire, c’est lui qui montre le chemin.

La boucle débute à Aumessas, le village de Paul. Très vite, le sentier sort des chemins goudronnés. Il grimpe sec et échauffe les jambes. Au bout d’une heure, les ânes ont trouvé leur rythme et le petit groupe aussi. Loin des villes, les vallons cévenols semblent parfois impénétrables. L’itinéraire traverse des bois de chênes et de châtaigniers qui s’ouvrent plus loin sur de vastes panoramas.

A midi, la pause déjeuner près du rocher de Saint-Peyre (1000 m) est l’occasion de découvrir les tables druidiques formées de blocs de granit par nos ancêtres. C’est l’heure de repartir. Parfois, il faut céder au chantage pour faire avancer les ânes, car entre lui et nous, c’est toujours lui qui gagne. Une mûre pour Maestro qui boude, un peu d’herbe fraîche pour Pacotille et la caravane repart pour quelques kilomètres.

Au lieu-dit la Condamine, la petite cabane de chasseur qui se dessine au loin dans le sous-bois sonne la fin de la journée. Les bêtes l’ont compris et se dirigent déjà vers l’herbe grasse de la prairie dans laquelle elles se roulent joyeusement. Pendant ce temps-là, chaque membre du groupe se répartit les tâches. Les uns montent les tentes, les autres vont chercher du bois et de l’eau à la source. D’autres encore préparent le repas avec les produits locaux.

Une autre forme de voyage

Étriller, brosser, curer… Chaque matin les gestes sont les mêmes et deviennent les jours passants des rituels. Comme Paul nous l’a appris, on place les bâts (structure en bois) sur le dos de l’âne pour installer les sacoches. Il faut faire attention à équilibrer les charges, sans en mettre trop afin de préserver le dos de nos compagnons.

Les jours suivants, la caravane traverse des paysages entaillés de gorges profondes, parsemés de rares hameaux reliés entre eux par des routes pavées et étroites, appelées calades. Ces anciens chemins de charrette où transitaient les marchandises nous font pénétrer dans des forêts aux allures druidiques. Les courbes douces du relief cévenol nous mènent facilement aux sommets. Aux Pises, on croise des bergers qui mènent leurs bêtes sur les estives, lieu de pâturage. Les genêts nous chatouillent les mollets. Le tempo des ânes n’est pas rapide. Le rythme de leurs pas alanguis invite à une autre forme de voyage, à ralentir pour s’adapter à son pas.

La randonnée s'apparente alors à une grande flânerie, où l'on prend le temps d’observer la nature, de comprendre comment s’est formé le territoire grâce aux connaissances géographiques, géologiques et botaniques de Paul. L’occasion de reconnaître des plantes sauvages, des insectes ou encore la Huppe fasciée et le Gypaète barbu. Mais aussi d’apprendre à être autonome et à s’orienter avec une carte, et retrouver des gestes d’antan.

Puis le chemin redescend le long de la rivière de la Dourbie avant de retrouver le chemin vers Aumessas. Pressés de rentrer brouter dans leurs champs, les ânes partent en voyage tout seul. Mieux vaut alors les lâcher pour ne pas se faire entraîner !

Dans les sacoches des ânes, à côté des duvets et des tentes, on trouve aussi des télescopes. Car cette randonnée s’entremêle avec un autre aspect du parc national des Cévennes, son label Réserve internationale de ciel étoilé (RICE). De là, est née une randonnée dédiée à l’astronomie, pour arpenter le ciel comme la terre. Mais ceci est un autre voyage.

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Photo Sources: Régis Domergue