Par Elodie Mercier
Posté le 19 août 2019
Avoir de l’eau potable disponible à volonté, c’est loin d’être une évidence. Les chiffres de l’Unicef sont révélateurs : 2,1 milliards d’humains n’ont pas accès à l’eau potable salubre ; c’est 30% de la population mondiale.
Dans le même temps, les populations les plus touchées par ce manque vivent dans des destinations touristiques rêvées par les Occidentaux. Et ceux-ci se servent sans compter dans cette ressource limitée : à Zanzibar, un touriste consomme jusqu’ à 15 fois plus d’eau qu’un habitant de l’île, selon l’ONG Tourism concern.
Le problème majeur ? Que les pays en développement, déjà restreints en eau, accueillent de nombreux touristes qui en consomment bien plus que le reste de l’année, et ce, pendant les périodes de sécheresse. Parallèlement, l’eau est plus accessible financièrement pour les touristes. La forte demande causée par les vacanciers entraîne une hausse du prix de l’eau, qui est donc encore moins disponible pour les locaux, et l’impact se fait sentir sur leur niveau de vie.
Les inégalités d’accès à l’eau sont creusées par un gaspillage important ainsi qu’un usage démesuré des ressources. Les piscines, terrains de golfs, neige artificielle et autres activités proposées dans les hôtels de luxe nécessitent des quantités d’eau qui donnent le vertige : 9,5 milliards de litres d’eau seraient utilisés chaque jour dans le monde pour arroser les terrains de golf. La solution la plus efficace est de trouver des alternatives à ces activités : balade en pleine nature, baignade en rivière ou dans la mer…
Mais pourquoi les voyageurs consomment-ils autant d’eau ? Plusieurs facteurs expliquent ce constat. La majorité de cette hausse est due à la production des énergies nécessaires aux transports et à l’alimentation. Le premier geste simple à adopter est alors de choisir des modes de déplacement respectueux de l’environnement, limiter la voiture et l’avion par exemple, et de privilégier une alimentation peu gourmande en eau, en remplaçant la viande rouge par d’autres sources de protéines notamment.
Pensez aussi aux petites habitudes à prendre : éviter de changer les linges des hôtels quotidiennement, ne pas laisser ses déchets ni dans l’eau ni dans la nature (y compris liquides polluants, détergents, gasoil, crème solaire, etc.). Une douche après chaque baignade n’est pas utile, de même qu’une douche à rallonge dans une région aride. L’idée est de prendre en compte le coût réel des voyages, c’est-à-dire la valeur non monétaire de ses conséquences sur l’environnement et les populations locales.
La pollution laissée par les touristes impacte la biodiversité locale et bouleverse les écosystèmes. La crème solaire déversée chaque année dans les océans mettent en péril la croissance des coraux. Environ 1,5 millions d’animaux ont été tués par les déchets plastiques des océans cette année, selon le Figaro. Encore une fois, la solution est simple : limiter sa consommation de plastique, surtout lorsqu’on peut le remplacer par une gourde ou un récipient en métal, recycler ses déchets…
Il s’agit aussi de se renseigner sur l’avenir des déchets. Dans les Cyclades (Grèce), les eaux usées sont évacuées sans traitement dans la nature : il convient alors de ne pas y laisser ses cosmétiques, des restes d’essence ou la vidange des bateaux.
Inconsciemment, le touriste peut mettre en péril le beau cadre naturel qu’il est venu chercher. L’enjeu d’aujourd’hui et demain est de réveiller les consciences pour préserver nos ressources.
L’action des Etats et des entreprises est nécessaire à un grand changement, mais en attendant, les choix du consommateur peuvent influencer leurs décisions futures. Quelques mesures prises en Tunisie notamment et dans d’autres complexes hôteliers en faveur d’économies d’eau : des économiseurs d’eau et détecteurs de fuites sont installés et les eaux usées sont réutilisées, par exemple.
Le voyageur peut se renseigner sur la gestion de l’eau auprès de l’agence de voyage ou de l’hébergement en question avant de se décider pour son séjour. Ces informations ne sont pas toujours facilement accessibles, mais il est important d’agir à l’échelle individuelle pour impulser des efforts de la part des structures d’accueil.
Chacune de ces actions favorise la préservation de notre belle planète. N’oublions pas que pour profiter de ses richesses demain, il faut faire les bons choix aujourd’hui.