« Hippie trail » : récit d’une naissance extraordinaire

Culture

Par Elodie Mercier

Posté le 6 novembre 2020

Séverine Laliberté est née en Grèce. Pourtant, aucun de ses ancêtres n’en est originaire. Du flou artistique qui entourait sa jeunesse, elle a déroulé le fil, non sans accroc, de l’histoire tumultueuse de sa mère.


Illustrée par Elléa Bird, la bande dessinée retrace le voyage de Viviane, la mère de l’autrice, Éric, son père, Kocq et Qassem, deux de leurs amis, partis en 4L vers l’Afghanistan durant l’été 1973.

Des allures de carnet de voyage

Grâce à des heures et des heures d’échange, des années durant, avec les protagonistes de l’histoire (sauf Qassem dont la trace n’a pas été retrouvée), Séverine Laliberté et Elléa Bird ont su donner vie à cette aventure extraordinaire. Cela n’a pas été chose facile, elles en témoignent : les souvenirs de ces soixante-huitards convaincus sont vagues, contradictoires, parfois totalement incohérents.

Avec ces bribes et l’aide des photos et cartes, elles ont retissé le lien de l’histoire, en l’agrémentant d’une touche d’humour, de sorte qu’on ne veuille plus fermer leur ouvrage.

Les plus ? Les playlists accompagnant la lecture, qui nous imprègne de l’ambiance du voyage, notamment la version perse de « I Will survive », revisitée par Kamran Ata. On se sent comme une petite souris sur la banquette arrière de la 4L. Et les planches historiques nous replongeant dans l’Afghanistan ou la Grèce de l’époque : elles jouent ici le même rôle qu’un guide de voyage qui comble la méconnaissance qui règne autour des pays de l’Orient.

Une grossesse hors du commun

En filigrane, c’est bien une autobiographie prénatale qui nous est contée. Les tons pastel qui sont utilisées sur les quelques planches colorisées instille la douceur de la maternité dans un récit palpitant.

De Kaboul à la prison de Korydallos en Grèce, la grossesse de Viviane sort des sentiers battus. Avec beaucoup de tendresse, elle témoigne aussi du lien indéfectible entre mère et fille, qui se perpétue de génération en génération.

Le « Hippie Trail » de Viviane nous a fait rire, nous a appris, nous a ému : on en demande encore !