Par Adèle Boudier
Posté le 14 décembre 2017
Bête noire du tourisme et principale contradiction du voyage responsable, le transport utilisé lors de nos voyages est un point essentiel à prendre en compte. Nous avons tous envie de nous évader un week-end, de partir en voyage alors que nous n’avons obtenu qu’une unique semaine de congés, mais comment faire pour que ça ne soit pas incompatible avec nos préoccupations environnementales ? Le point sur le sujet alors que les agences Voyageurs du Monde et Terres d’Aventure ont annoncé hier dans les colonnes du Figaro que dès janvier 2018, l’intégralité de leurs voyages seraient déclarés "carbone neutre".
Ce n’est pas un scoop, le secteur touristique dans sa globalité, n’est pas sans impact pour l’environnement. Selon l’ADEME - Agence De l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie), « l’ONU indique que le tourisme contribue pour 5 % aux émissions de gaz à effet de serre dans le monde en 2016. » En ajoutant que le transport aérien, lui, représente 2 à 3 % de ces émissions.
Saviez-vous par exemple que l’on émet autant de CO2, à savoir 1 tonne par personne, pour 1 aller-retour Paris-New York en avion sur 12 000km, que pour la consommation annuelle de chauffage du domicile de cette même personne ?
Par ailleurs, on note une majorité de courts séjours qui s’explique par trois facteurs selon l’ADEME : le développement des compagnies aériennes low-cost, le boom des offres promotionnelles sur Internet et la baisse des coûts d’exploitation. Cela a pour effet de banaliser le transport aérien au détriment de la consommation carbone. Des contradictions flagrantes donc quand on sait que le voyage responsable invite à la longue durée, tant pour la limitation de l’impact sur l’environnement (avec une diminution des déplacements sur l’année) que pour la qualité de l’immersion et des rencontres. Autre point paradoxal : les offres de tourisme responsable couvrant en grande partie des destinations lointaines. Or, qui dit développement du tourisme aux antipodes, dit accroissement du trafic aérien. C’est là que les outils de compensation carbone entrent en jeu et deviennent des contreparties intéressantes aux dégats générés par nos voyages.
Voyager responsable commence donc par le choix des transports en limitant l’avion et privilégiant le train. Les trajets peuvent également être « optimisés » en augmentant le temps sur place quand cela est possible.
Vous pouvez aussi opter pour un acte de compensation carbone. Loin d’être un moyen permettant d’utiliser l’avion à outrance sans culpabiliser, il permet pourtant d’atténuer les effets néfastes de nos déplacements.
La compensation carbone
La compensation carbone consiste à financer une réduction d’émissions de gaz à effet de serre via l’achat de crédits carbone issus d’un projet mené sur un territoire, c’est-à-dire évaluer la quantité de Gaz à Effet de Serre (GES) émise pour notre déplacement et financer un projet censé diminuer de la même quantité les émissions de GES.
On constate un difficile passage à l’acte malgré les volontés de la population. En 2009, 70% des Français affirmaient être prêts à compenser l’empreinte carbone de leur déplacement, 61% assurant connaître la notion de « compensation carbone ». Pour autant, seuls 2% avaient déjà réalisé une éco-compensation »¹
Cette démarche passe par des organismes privés, déterminant leurs propres critères. Plusieurs organismes existent. Le plus dur reste à le choisir ! Pour ce faire, la qualité des projets soutenus sont à regarder (les bénéfices sociaux et environnementaux, la pérennité etc.). Les initiatives peuvent être des programmes de (re)forestation, des programmes hydrauliques ou liés à l’efficacité énergétique.
L’association Cybelle-planète, d’écovolontariat et de sciences participatives propose un dossier comparatif sur le sujet. Trois organismes sont mis en avant : Atmosfair, My climate et CO2 Balance tout en rappelant que ce choix est propre à chacun.
Le tourisme local
L’impact important des transports aériens sur l’environnement est une raison de plus pour prendre le temps de redécouvrir son propre territoire et les régions environnantes. Notre rôle à nous, acteurs du tourisme responsable étant ainsi de promouvoir des séjours proches tout en mettant en avant les moyens d’atténuer son impact lors de séjours lointains.