Par Laetitia Santos
Posté le 26 septembre 2012
Sensibiliser le grand public et protéger les tortues de l'océan Indien, voilà la mission de l’observatoire des tortues marines de Saint-Leu. Une visite pédagogique et ludique à la rencontre de cet animal si gracile sous l'eau.
L’endroit a ça de beau que ses bassins font face à la plage : à nos pieds, d’imposantes tortues évoluant paisiblement derrière des vitres au milieu de quelques poissons tropicaux; face à nous, l’horizon azur formé par les eaux de l’océan Indien qui se fondent dans la voûte céleste. La visite s’annonce plaisante.
Passé le hall d’entrée et son exposition temporaire, on se retrouve à l’extérieur, face à une plage de ponte artificielle et à un énorme bassin de mer central, réplique d’un tombant réunionnais. Entre eau et végétation, on déambule curieux et on se familiarise avec l’environnement des tortues marines, le roulement des vagues en fond sonore. On se penche par-dessus la rambarde du bain salé, on laisse nos yeux s’habituer au flou de l’eau et là, on commence à distinguer des formes ovales, palmant calmement, tandis que ces ovnis remontent peu à peu en surface. Nous voilà face à face avec une tortue, verte ou imbriquée peut-être, les deux espèces les plus courantes sur l’île, et celle-ci est sacrément massive !
!Ici, on prend en pension les animaux blessés ou malades avant de les relâcher en pleine mer mais Kélonia possède aussi ses pensionnaires permanentes, d’anciennes tortues de la Ferme Corail - élevage commercial pour l’écaille et la viande, interdit par le gouvernement en 1994, sur lequel repose aujourd’hui le centre Kélonia - habituées à la captivité. En plus des soins, Kélonia développe des programmes d’étude en collaboration avec des scientifiques comme le suivi des populations, la réhabilitation des plages de ponte, l’étude des migrations ou encore des comportements alimentaires. Et tout ce travail est indispensable car si La Réunion était autrefois un spot prisé des tortues à la saison des pontes, l’île est pour ainsi dire désertée aujourd’hui, la faute à un littoral de plus en plus fréquenté et urbanisé. Mais note d’espoir, les missions Kélonia ont l’air de porter leurs fruits et certaines plages sont redevenues des zones de nidification.
Après cette première rencontre avec le reptile star de ces lieux, on emprunte un escalier qui nous donne l’impression de nous enfoncer dans les abysses. Et là, place à la lecture.
Une première pièce nous fait découvrir l’habitat des tortues marines. Puis l’on progresse jusqu’à un panorama sous-marin qui nous fait contempler le bassin central de Kélonia depuis le fond de l’eau alors que l’on zieutait tout à l’heure par dessus la surface. Voir évoluer ces tortues, flegmatiques, un brin dansantes, toujours graciles sous l’eau, est un spectacle touchant et apaisant. Il n’est alors plus très dur de se prendre d’affection pour ces demoiselles marines.
On passe ensuite à une deuxième salle, celle de la confrontation entre l’homme et l’animal, pour découvrir les liens qui se sont tissés entre eux au fil des époques et des communautés aux quatre coins de la planète.
Enfin, une salle tournée vers l’avenir tente de nous faire prendre conscience de la nécessité de préserver les tortues marines et de la difficulté que cela représente quand il faut concilier ça avec le développement des sociétés humaines. Un artisan a également son atelier sur place pour nous faire découvrir le travail de l’écaille, qui ne se fait désormais plus qu’à partir d’un stock déjà existant. Le métier est donc voué à disparaitre.
On ressort alors, on profite à nouveau du littoral reconstitué, du bruit de l’eau et de l’ombre des veloutiers avant de grimper au sommet de l’ancien four à chaux, le plus haut de la Réunion, pour jouir d’une vue panoramique sur le lagon et le bassin aux tortues.
On ressortira de Kélonia avec une affection toute particulière pour ces tortues de mer et on gardera en tête les quelques gestes à notre portée pour vivre en harmonie avec elle et les protéger : ne jetez aucun déchet dans l’océan et surtout pas de sacs plastiques, qu’elles ingèrent en les confondant avec des méduses, ne pas naviguer trop près des côtes pour éviter que le bateau n’en heurte une ou que l’hélice ne blesse sa carapace, envoyer des photos à l’observatoire de celles que vous croiserez en plongée, sur la plage ou lors d’une baignade afin d’aider à leur recensement et pourquoi pas pousser la collaboration jusqu’à en parrainer une en la dotant d’une balise GPS qui permettra de suivre une protégée de Kélonia plusieurs mois durant une fois relâchée. Toutes les initiatives positives sont bonnes à prendre et pour sauver les tortues de la Réunion, vous savez ce que l’on dit, rien ne sert de courir...
Observatoire des tortues marines de Saint-Leu pour une visite pédagogique et ludique à la rencontre de cet animal si gracile sous l’eau
+262 262 34 81 10
46 Rue Général de Gaulle, Saint-Leu, 97436, La Réunion, FR