Par Laetitia Santos
Posté le 11 février 2011
Après trente années passées à régner, l’autocrate Hosni Moubarak est finalement tombé sous la pression de la rue et a remis ses pouvoirs entre les mains de l’armée. Dix-huit jours auront suffi pour que chute le raïs.
Après la révolution de Jasmin en Tunisie, qui a fait chuter le dictateur Ben Ali, c’est au tour de Mohammed Hosni Moubarak d’être emporté par la révolution du Nil, après 30 ans passés à la tête de l’Egypte. C’est le second soulèvement populaire dans un pays arabe à aboutir. Et à priori pas le dernier.
"Eu égard aux graves circonstances que traverse l’Egypte, le président Mohammed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner la présidence de la République et de confier la gestion du pays au Conseil supérieur de l’armée." C’est en ces termes solennels qu’Omar Souleiman, vice-président, a annoncé le retrait du chef de l’état. Une déclaration qui a fait s’enflammer toute une nation et notamment la place Tahrir du Caire, l’épicentre de cette révolution du Nil puisque son nom, qui signifie Libération en arabe, contient toute une symbolique.
Un vent de joie et de liberté s’insuffle alors dans tous le pays : de la capitale à Alexandrie, du Nord au Sud et d’Est en Ouest, c’est toute une nation qui hurle son soulagement et sa victoire qu’elle pensait inespérée.
Car la veille du 11 février, le dictateur annonçait à la télévision qu’il ne comptait pas quitter le pouvoir. Il plaçait certaines de ses prérogatives entre les mains de son vice-président mais restait à la tête de la période de transition, mandatait seulement le Parlement d’amender certains articles de la Constitution tandis qu’il confiait l’ordre à la justice de débusqueur les coupables de crimes.
Mais à grands coups de "Moubarak, dégage !", les manifestants n’ont pas relâché leur colère de la nuit et au matin, la place Tahrir était toujours grouillante d’une foule déchaînée. En début d’après-midi à Héliopolis où se situe le palais du président, la foule enserre le bâtiment en hurlant "Tu ne remettras plus jamais les pieds dans ce palais" et ce malgré la présence de l’armée. Même scénario à Alexandrie tandis que dans le Sinaï et en Haute-Egypte, plusieurs personnes sont tuées et de nombreuses autres blessées dans des affrontements qui les opposent aux forces de l’ordre.
Face à cette violence et ce déchaînement de la part du peuple, l’exemple de la Tunisie en tête, Mohammed Hosni Moubarak cède donc à la pression populaire et confie la gestion des pouvoirs à l’armée, en qui le peuple égyptien a toute confiance. Nous sommes le 11 février 2011, la révolution du Nil vient de triompher et la démocratie ne demande qu’à éclore.